Pas de quadrangulaire mais une triangulaire. Il n'y aura finalement que trois bulletins différents dans les bureaux de vote à Bordeaux le dimanche 28 juin pour le second tour des élections municipales. Selon nos informations, l'accord politique a été scellé et signé en début de soirée, ce lundi 1er juin, entre les deux têtes de liste le maire sortant d'union de la droite et du centre, Nicolas Florian (34,6 % au 1er tour), et le candidat LREM (Renouveau Bordeaux) Thomas Cazenave (12,7 %).
Avec seulement 96 voix de plus que Pierre Hurmic au 1er tour, Nicolas Florian a préféré maximiser ses chances en vue du second tour quitte à accepter d'importantes concessions. De son côté, Thomas Cazenave, qui aurait reçu d'amicales pressions de l'Elysée et de François Bayrou, sort arithmétiquement renforcé de cet accord d'appareil. Savoir si ce dernier sera suivi par ses militants et au sein de son électorat du 1er tour est une autre histoire.
En 3e position sur la liste
A l'issue de négociations en tête à tête avec le maire sortant, Thomas Cazenave, qui assurait encore le 25 mai dernier à La Tribune être déterminé à se maintenir et "à défendre cette vision et ce projet lors du second tour puis au sein du conseil municipal" a obtenu entre temps plusieurs garanties de nature à le faire changer d'avis.
Il devrait ainsi figurer en 3e position sur la liste fusionnée et, en cas de victoire, être 3e adjoint au maire de Bordeaux. La délégation n'est pas encore déterminée mais il amènerait avec lui douze autres membres de sa liste Renouveau Bordeaux dont plusieurs adjoints pour lesquels d'autres délégations potentielles sont avancées comme l'emploi, la végétalisation de la ville ou la proximité. Sur cette liste 2.0, le candidat LREM serait précédé par Julia Mouzon et suivi par Alexandra Siarri et Fabien Robert. Ce dernier, actuel 1er adjoint en charge de la culture et chef de file local du Modem, devrait rester 1er adjoint au sein du futur exécutif.
Un groupe politique distinct
Thomas Cazenave, qui a toujours misé à la fois sur plus de proximité et plus de métropole, aurait également obtenu, en cas de victoire, une vice-présidence de Bordeaux Métropole assortie d'une délégation à l'emploi et à l'économie, même si à cette échelle d'autres paramètres entreront en compte. Sept autres représentants de Renouveau Bordeaux devraient également siéger au conseil métropolitain.
Enfin, Renouveau Bordeaux pourra constituer son propre groupe politique indépendant au sein de la majorité municipale, qui deviendrait, de fait, une coalition. Une configuration toujours rejetée par Alain Juppé lors des précédentes mandatures et qui serait donc inédite au sein du palais Rohan. Signe de la fébrilité de la majorité sortante au regard des résultats du 1er tour qui ont placé la liste de Nicolas Florian à cinq points de la barre des 40 %, qui était l'objectif visé.
Un rapprochement et des frictions
Ce rapprochement politique ne réunit certes pas deux programmes diamétralement opposés mais il ne fait cependant pas que des heureux au sein des équipes. Outre les treize noms sortants, plusieurs membres de la liste de Nicolas Florian ont plaidé contre ce rapprochement estimant que le maire sortant était en mesure de l'emporter seul au second tour. De même, au sein de Renouveau Bordeaux, certains colistiers haut-placés n'ont pas souhaité poursuivre leur engagement à la lumière de cette nouvelle situation politique.
Il faut dire que pendant toute la campagne Thomas Cazenave a souvent tiré à boulets rouges sur le maire sortant, son programme et son bilan tandis qu'il s'est montré nettement plus mesuré vis-à-vis de Pierre Hurmic et de la liste Bordeaux Respire (34,4 % au premier tour). "On ne peut pas tout promettre à tout le monde", attaquait-il régulièrement en visant le programme de la liste Majorité municipale jugé pléthorique. Par ailleurs, sur plusieurs sujets tels que la Rue Bordelaise, la place du vélo ou la navette aérienne Bordeaux-Orly, il était même plus proche de Pierre Hurmic.
Des membres de la liste Renouveau Bordeaux mettent en avant la nouvelle donne liée au confinement, au contexte sanitaire et la crise économique pour expliquer ce revirement. D'autant que les discussions, nombreuses, avec Pierre Hurmic n'ont jamais abouti. De son côté, Philippe Poutou, tête de liste de Bordeaux en luttes (11,8 % au 1er tour), se maintient. La composition de la liste Florian-Cazenave comme celles des deux autres candidats seront officialisées ce mardi 2 juin, date limite du dépôt en préfecture.
"Ce retournement ne bouleversera pas un scrutin qui a déjà traduit une soif de changement, y compris pour plus d'éthique en politique. Les accords politiques du vieux monde sont des caricatures qui traduisent la fébrilité de l'équipe sortante et l'opportunisme de ceux qui ont échoué à convaincre les Bordelaises et les Bordelais au premier tour", réagit de son côté Pierre Hurmic qui dépose une liste Bordeaux Respire strictement identique à celle du 1er tour.
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