Municipales à Bordeaux : où en est-on six semaines après le premier tour ?

Le 15 mars dernier, le premier tour des élections municipales à Bordeaux a vu le maire sortant Nicolas Florian arriver en tête (34,6 %) mais suivi de très près par l'écologiste Pierre Hurmic (34,4 %). Mais la crise sanitaire a depuis stoppé toute tentative d’accès au palais Rohan. Ou presque. Les candidats qualifiés pour le second tour, Pierre Hurmic, Thomas Cazenave (12,7 %) et Philippe Poutou (11,8 %) continuent à plancher sur leurs programmes, afin d’être prêts lorsque la course reprendra. Dans l'immédiat, un premier conseil municipal aura lieu ce 29 avril, sous la forme d’une grande visioconférence réunissant les 61 membres du conseil.
Le 4 mars dernier, Thomas Cazenave, Nicolas Florian, Philippe Poutou et Pierre Hurmic ont débattu sur les sujets économiques à l'invitation de La Tribune.
Le 4 mars dernier, Thomas Cazenave, Nicolas Florian, Philippe Poutou et Pierre Hurmic ont débattu sur les sujets économiques à l'invitation de La Tribune. (Crédits : Agence APPA)

La tenue du second tour reste suspendue à la décision du conseil scientifique, qui doit rendre son avis le 23 mai prochain sur une date de report, qui, selon l'ordonnance de la loi du 23 mars 2020 prévoit que "dans les 4.922 communes où un second tour des élections municipales est nécessaire, il soit reporté au plus tard en juin 2020." Une échéance qui semble pour beaucoup encore précoce. L'ordonnance du gouvernement l'a prévu, "si le second tour ne peut pas avoir lieu en juin, les électeurs des communes où le premier tour n'a pas été décisif seront convoqués de nouveau pour deux tours de scrutin." C'est le cas à Bordeaux, où un report à l'automne conduirait les électeurs à retourner aux urnes pour un premier et un second tour.

Lire aussi : Municipales : un duel Florian-Hurmic sur fond de quadrangulaire inédite à Bordeaux

Les maires élus au premier tour le resteront pour les six prochaines années. En attendant le retour à la normale de la vie politique bordelaise, Nicolas Florian (LR, Modem, UDI et Agir) organise des points téléphoniques avec les présidents des groupes politiques du conseil municipal, ainsi que les trois candidats qui ont obtenus plus de 10 % des suffrages au premier tour. Mais le maire est avant tout sur le front de la crise sanitaire et économique, et met de côté pour l'instant la campagne. "Ce n'est vraiment pas mon sujet du moment. J'ai autre chose en tête", explique-t-il. La ville prépare en effet son plan de déconfinement, à quinze jours de l'échéance.

Des élections municipales inédites

Cette situation politique est inhabituelle, dans un contexte où la course à l'hôtel de ville était un véritable challenge pour ses candidats, dans une ville menée 47 ans par Jacques Chaban Delmas, puis près de 25 ans par Alain Juppé. Dans cette période "d'entre deux" où le scrutin reste suspendu, la gouvernance de la métropole vit également au rythme de la crise. Pour l'heure, le bureau métropolitain se poursuit, avec l'équipe élue en 2014, jusqu'à l'installation des nouveaux conseils municipaux élus le 15 mars qui devraient se mettre en place à la sortie du confinement.

Un imbroglio politique, qui pousse pourtant les candidats encore en lice à continuer à travailler d'arrache-pied avec leurs équipes, pour préparer la reprise de la campagne. Tout le monde s'accordant sur le fait qu'il s'agira d'une nouvelle élection tout à fait différente de la précédente, où de nouvelles considérations financières, environnementales et sociales seront à prendre en compte.

Les candidats sur tous les fronts

Pierre Hurmic comme Thomas Cazenave s'accordent à dire que le calendrier électoral n'est pas la priorité du moment. Pourtant, l'heure est pour eux à la réflexion. Celle d'imaginer avec leurs équipes la campagne "d'après", en étudiant de près leurs programmes respectifs. "Le contexte ne sera pas du tout le même", estime Thomas Cazenave (LREM), qui table actuellement sur deux "dimensions" et six propositions adressées au maire de Bordeaux. La première sur le temps présent de la crise, comme de transformer l'aide du tarif social de la cantine en aide directe pour les familles qui doivent nourrir leurs enfants pendant le confinement. La seconde sur la sortie de crise, comme la gratuité des V3 et la multiplication par deux du parc de vélos mis à disposition par la métropole pour éviter toute saturation dans les transports ou sur les routes à l'issue du confinement. Thomas Cazenave mène également avec son équipe une réflexion sur le bilan de cette première campagne : "On travaille d'une certaine manière en back office, on analyse les résultats, on imagine une nouvelle forme de mobilisation, de nouvelles propositions. Le contexte va changer radicalement, c'est une crise économique et sociale grave qui pointe son nez à la suite de la crise sanitaire, et il faut pouvoir y répondre."

Pierre Hurmic (EELV, PS, PC, PRG, PP et ND) et son équipe ont choisi les réseaux sociaux pour interroger leurs électeurs sur "six ou sept thèmes" qui vont être proposés. "Il y a 20 propositions, et on leur demande de mettre en avant les huit qui leur paraissent les plus prioritaires", indique le candidat écologiste. Le premier aborde "les urgences en matière de sécurité et d'autonomie alimentaire sur notre territoire". "Nous allons repartir sur le même programme tout en hiérarchisant les propositions. Nous n'avions pas prévu cette crise sanitaire d'ampleur, mais on considère que les réponses apportées à celle-ci sont un peu les mêmes à apporter à la crise climatique. On avait peut-être une longueur d'avance sur les réponses à apporter à la crise climatique, c'était quand même les points forts de notre programme. On va essayer de mettre davantage en avant les propositions qui nous paraissent plus adaptées", développe Pierre Hurmic.

Quant à Philippe Poutou (NPA, FI, GJ), une réflexion est menée sur "un besoin évident de réfléchir sur comment on peut faire pour remobiliser nos forces". La liste "Bordeaux en luttes" étudie également la sortie de crise, car pour le candidat, "il est vital d'imposer la mise en place d'un plan d'urgence sociale et sanitaire, que la priorité de l'économie ce soit de répondre aux besoins de la population et non pas de se plier aux exigences des banquiers et autres financiers." Avant de conclure, "la suite, c'est comme avant le confinement, mais en plus dur peut-être, des batailles pour nos droits, notre santé, pour changer la société".

////////////////////////

A lire ou relire, les propositions d'avant crise des quatre candidats qualifiés au second tour :

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.