Coronavirus : quel impact financier sur les Girondins de Bordeaux ?

En plus de la perte de son sponsor maillot, Bistro Régent, le Football Club des Girondins de Bordeaux doit gérer un arrêt total d'activité dans une configuration financière qui pourrait être plus simple. King Street Capital va-t-il revendre le club ? Cette question, qui occupe les esprits depuis plusieurs mois, a pris plus d'épaisseur depuis qu'un repreneur potentiel s'est manifesté.
Des relations toujours compliquées avec les Ultra Marine
Des relations toujours compliquées avec les Ultra Marine (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Le monde du sport professionnel fait partie des secteurs les plus exposés à la crise du coronavirus, avec des règles de confinement qui se sont soldées par l'arrêt de toute activité. Et avec ses joueurs très bien payés le football professionnel est aux premières loges. Si l'épidémie de coronavirus a connu une véritable explosion en Italie, dont la plupart des pays européens suivent désormais le sillage, la péninsule italienne, s'est illustré avec la décision prise par les joueurs de la Juventus de Turin de renoncer à une partie de leurs salaires représentant au global quatre mois de revenus sur deux saisons pour sauver leur club.

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Une initiative dévoilée le 30 mars par le quotidien L'Equipe qui n'a pas échappé au sponsor maillot du Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB), Marc Vanhove, fondateur et dirigeant du Bistro Régent, qui vient d'annoncer, toujours au quotidien sportif, qu'il arrêtait de payer pour ce partenariat qui ne lui rapporte plus rien puisqu'il n'y a plus de matchs. Interrogé par La Tribune à ce sujet au cours de l'entretien que nous lui avons consacré sur la fermeture de ses restaurants, Marc Vanhove avait alors éludé la question.

Bistro Régent : deux clauses salvatrices

Suivant l'exemple de la Juve, le patron du Bistro Régent a notamment expliqué à L'Equipe, au sujet des Girondins, « Si les joueurs ne sont pas capables de sauver leur sport, c'est qu'ils n'ont rien dans le carafon... ». Dans cet entretien, Marc Vanhove évalue son soutien maillot au FCGB à un peu plus de 1,4 M€ par an, et avec l'arrêt des activités de son groupe cette somme devient naturellement de plus en plus lourde.

Il précise que s'il peut arrêter de payer pour ce parrainage maillot c'est qu'il a inséré dans ce contrat deux clauses qui lui en donnent le droit qui entrent en jeu en cas d'intoxication alimentaire dans l'un de ses restaurants ou de crise sanitaire avérée. Autant dire que ceux qui doutaient qu'il ait le nez creux en seront pour leurs frais... Pour autant, le destin du FCGB ne se confond pas encore avec les décisions prises par Marc Vanhove, puisque le club a été racheté au groupe M6 par la société américaine GACP, elle-même financée par le fonds d'investissement King Street Capital.

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Un résultat négatif de 55,6 M€ hors transferts

Le FCGB n'a jamais vraiment roulé sur l'or et sa situation financière ne s'est pas vraiment améliorée pendant la saison 2018-2019. La DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), le gendarme financier du football professionnel français, indique ainsi qu'au terme de la dernière saison le FCGB affiche une perte nette de 25,7 M€, pour un total de recettes hors mutation (transferts de joueurs à l'achat ou à la vente) de 71,2 M€. Une ligne éclaire nettement le problème numéro un du club, commun à presque tous les autres en France : celui de la rémunération du personnel, qui s'élève à 60,4 M€.

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Hors mutation les charges s'élèvent in fine à 126,9 M€ et génèrent un résultat négatif de 55,6 M€. Les opérations de transferts ayant ramené 38,5 M€ dans les caisses du club. Soit un chiffre d'affaires global de 109,7 M€ pour une perte de 25,7 M€. Avec la pandémie et l'arrêt de toute activité le FCGB subit un étranglement qui serait aggravé par une politique dispendieuse dans les recrutements menée par GACP sous la direction de Joseph Dagrosa. Avec une hausse évaluée à +11 M€ par France Football.

Une politique RSE avec de fortes tensions en interne

C'est désormais Frédéric Longuépée, représentant de King Street Capital, qui mène la barque et veille à continuer à communiquer pendant cette crise historique du coronavirus. Si le club a pris des initiatives pour bien illustrer sa démarche RSE (responsabilité sociale des entreprises), comme le prêt gracieux d'un bus du club pour l'équipe soignante néo-aquitaine partie à Mulhouse la semaine dernière, en interne la situation semble un peu plus tendue.

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Une quarantaine de salariés (sur 235) serait, serait selon France Football, soit en maladie soit partis depuis le changement de propriétaire, tandis que, selon le site Girondins4Ever, les salariés historiques du club se verraient désormais affublés du sobriquet, jugé désobligeant, de « Team Lescure », du nom du premier stade des Girondins avant qu'il ne devienne Chaban Delmas... Et les Ultra Marine ne sont pas privé de souligner que le club ne piochait plus ses nouveaux salariés chez les supporters des Marine et Blanc mais qu'il n'hésitait plus à recruter chez ceux de l'OM ou du PSG...

Un repreneur qui pourrait mobiliser 80 à 90 M€

Dans cette tourmente identitaire et financière une figure salvatrice pour les Girondins de Bordeaux semble émerger, celle d'un homme révélé par le quotidien Sud Ouest, encore inconnu il y a quelques semaines. Il s'agit de l'homme d'affaires Bruno Fiévet, un Picard d'Amiens, professeur reconverti dans la finance et désormais installé à Genève, où il dirige la société d'investissement The Key. Bruno Fiévet a un plan financier apparemment bien structuré. En tout cas bien structuré dans le monde d'avant le coronavirus.

Dans un article de France Football daté du 31 mars dernier, Bruno Fiévet dévoile un plan de reprise du FCGB porté par trois sources financières : soit un groupe d'hommes d'affaires bordelais qui amènerait 20 à 30 M€, à raison de 2 à 3 M€ par investisseur, d'un portefeuille sous gestion à la main de Bruno Fiévet, pour un montant de 60 M€, le tout étant articulé pour le futur à deux lignes de crédit de 50 M€ chacune à utiliser dans une phase ultérieure pour restructurer le club ou recruter des joueurs.

Sans apurement des dettes, c'est un club à 1 euro

Bruno Fiévet ne dévoile pas la structure de son portefeuille financier de 60 M€ et n'entre pas dans les détails de la situation actuelle, tout en sachant que la crise du Covid-19 a provoqué une surréaction des marchés financiers qui s'est soldé par une chute des bourses.

Mais dans une interview de décembre 2019 menée par le site Girondins4Ever via Gold FM, Bruno Fiévet évoque aussi des sociétés de gestion de fortune de grandes familles, qui interviennent sur le long terme. Par ailleurs ce repreneur potentiel a précisé à France Football que si les dettes du club ne sont pas apurées, ça ne vaudra pas la peine de le racheter pour plus d'un euro.

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