Covid-19 : pourquoi le patron du Bistro Régent appelle à ne plus payer la TVA

A la tête d'une franchise dans la restauration qui regroupe plus de 130 restaurants en France, Marc Vanhove estime que la TVA est un indispensable apport de trésorerie pour les commerçants, qui ont dû cesser toute activité depuis le 14 mars. Son argument clé, c'est que personne ne sait encore combien de temps durera l'épidémie de coronavirus et la période de confinement. Le patron du Bistro Régent précise qu'avec ses seuls restaurants en propre il perd désormais 1,4 M€ par mois de fermeture.
Marc Vanhove fondateur et dirigeant de la franchise Bistro Régent
Marc Vanhove fondateur et dirigeant de la franchise Bistro Régent (Crédits : Bistro Régent)

Propriétaire de la marque bordelaise de restauration traditionnelle Bistro Régent, qui regroupe 136 restaurants en France, Marc Vanhove a vu fermer tous les établissements de sa marque le samedi 14 mars suite à l'annonce du Premier ministre Edouard Philippe sur l'obligation d'appliquer des mesures de confinement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.

Les 1.500 salariés des restaurants Bistro Régent ont ainsi rejoint la masse des 484.300 salariés de la restauration française (traditionnelle, collective concédée et cafétérias -chiffres Fafih 2018) qui se sont retrouvés sans activité du jour au lendemain, quand les 125.030 établissements (idem) qui les employaient ont dû fermer.

"Sur l'ensemble des salariés de Bistro Régent, j'en ai 150 en propre. Les autres sont employés par mes franchisés. Nous avons fait comme tout le monde et fermé d'un coup. Ce confinement me coûte cher, soit 1,4 M€ de perte sèche par mois. Bien sûr ça va faire mal mais nous sommes solides", évalue Marc Vanhove.

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Sponsor des Girondins et "Patron incognito" sur M6

Le nombre de ses restaurants franchisés, avec leur formule unique, qui comprend notamment des frites et de la salade, avec au choix saumon, canard, rumsteack ou steack tartare n'a cessé de grimper en France au cours des dernières années. Et l'arrêt brutal de toute activité, provoqué par la lutte contre le coronavirus a littéralement ouvert un abîme sous les pieds des chefs d'entreprise concernés.

"Nos salariés sont passés en chômage partiel puisque l'Etat couvre 84 % de leur rémunération, mais j'abonde de mon côté les 16 % restants pour qu'ils puissent arriver à 100 % de leurs salaires. Cela vaut pour mes 150 salariés et non pour la totalité des 1.500 de la marque, puisque les franchisés ne dépendent pas de moi", éclaire Marc Vanhove.

Très entreprenant Marc Vanhove organise d'ordinaire des jeux concours pour ses clients, qui peuvent parfois gagner une Porsche, il s'est adjoint les services d'un ambassadeur de luxe pour la communication, en la personne du chef étoilé Philippe Etchebest, sponsorise en particulier le Football club des Girondins de Bordeaux et puis s'est lancé dans la téléréalité, sur la chaîne M6, avec « Patron incognito » et « Qui veut être mon associé ? ».

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Marc Vanhove veut la TVA pour compléter les salaires...

Ce qui n'empêche pas ce patron en pleine ascension d'avoir été sonné par l'impact foudroyant de la fermeture instantanée de tous ses restaurants. Et ce n'est pas parce qu'il estime pouvoir tenir le coup plus de trois mois en étant fermé qu'il pense que les mesures arrêtées par le gouvernement sont toutes bonnes à prendre pour les chefs d'entreprises.

"A la fin de la période de confinement, nous allons enregistrer des pertes importantes. Les dispositions prises par l'Etat sur l'activité partielle ne sont pas trop mal, mais concernant les prélèvements ce sont des avances qu'il faudra rembourser. D'autre part, le gouvernement veut que nous payions la TVA et refuse de couvrir une partie de nos pertes d'exploitation. Mais la TVA c'est de la trésorerie dont j'ai besoin pour compléter les salaires de mes employés en chômage partiel. Oui je sais, dans ce cas il y a des pénalités et je connais le tarif", annonce le patron du Bistro Régent.

Mais pas question pour lui de faire machine arrière sur ce sujet. Parce que pour le fondateur et dirigeant du Bistro Régent c'est une question d'avenir.

... Et faire face à l'épreuve du confinement

Sous la pression d'une crise inédite dans l'histoire, Marc Vanhove veut convaincre les commerçants à ne pas se laisser asphyxier par un manque de liquidités :

"Mon réseau suit la règle traditionnelle du 80/20. J'ai 80 % de restaurants qui se portent bien et 20 % qui sont en difficulté. Et c'est pour ceux qui sont en difficulté que j'appelle à ne pas payer la TVA et que je ne la paierai pas, parce qu'ils vont avoir besoin de cette trésorerie pour passer l'épreuve du confinement", argumente l'entrepreneur, qui souligne que personne ne peut dire aujourd'hui combien de temps va durer l'épidémie, et incite sur sa page Facebook tous les commerçants à refuser de payer la TVA.

Le gouvernement et les services de l'Etat rappellent de leur côté régulièrement que, d'un point de vue technique, les entreprises ne paient pas la TVA et qu'elles se contentent de la collecter pour la faire remonter vers les caisses de l'Etat. Comme le souligne le patron du Bistro Régent, Philippe Etchebest a écrit à Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes Publics, pour essayer de le convaincre de ne pas prélever la TVA des entreprises pendant la durée du confinement.

Darmanin a été clair : les reliquats de TVA sont à payer

Bercy ne devrait pas tenir compte du courrier du chef étoilé, puisque sans chiffre d'affaires aucune TVA ne peut être prélevée. Il y a quelques jours Gérald Darmanin a bien confirmé sur BFMTV que la TVA n'est pas une charge fixe, qu'elle n'est prélevée qu'en cas d'activité et qu'elle finance les actions de l'Etat. Néanmoins les reliquats de TVA dus sont à payer, a-t-il précisé dans le même entretien. Autrement-dit même en période de confinement et de fermeture des restaurants la TVA reste toujours un sujet. D'autant plus sensible pour Marc Vanhove que ce dernier regrette que l'Etat n'ait pas voulu couvrir une partie des pertes d'exploitation.

"Dans ce contexte du coronavirus où aucun restaurant ne peut plus travailler, la perte d'exploitation ça va faire mal. Parce que la reprise sera difficile. Avec 1,6 milliard d'euros l'Etat aurait pu couvrir 15 à 20 % de perte d'exploitation et amortir ce choc pour les entreprises les plus fragiles. Mais Bercy refuse, ce qui est un très mauvais calcul", diagnostique le patron du Bistro Régent.

Toute la question est désormais de savoir si le gouvernement sanctionnera ou non les dirigeants qui refusent de s'acquitter de la TVA.

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Commentaire 1
à écrit le 06/04/2020 à 18:28
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Situation très ambigue ,en effet je suis une T P E avec une très forte trésorerie.Cétait mon objectif principale depuis la création de l'entreprise. inconvéniants faibles salaires pour les salariés avantage Trésorerie au top Je suis comme to...

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