Entreprises : les gagnantes et les perdantes de l'après Covid en Nouvelle-Aquitaine

INFOGRAPHIES. Après le Covid, qui triomphe ? Qui est à terre ? Les chiffres d'affaires des entreprises de Nouvelle-Aquitaine révèlent des dynamiques opposées. Si l'automobile, le commerce en ligne ou en physique plongent, le secteur des alcools, de l'énergie ou de l'alimentaire ont connu des croissances record. La Tribune fait le bilan à travers quatre infographies synthétiques.
Maxime Giraudeau
Avec son chiffre d'affaires 2022, le groupe du BTP Fayat a dépassé pour la première fois les 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
Avec son chiffre d'affaires 2022, le groupe du BTP Fayat a dépassé pour la première fois les 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires. (Crédits : MG / La Tribune)

L'une des pires crise économique de l'histoire du capitalisme. En 2020, le Covid mettait le monde sur pause, plongeant l'économie dans une torpeur inattendue. Après des confinements successifs, la reprise s'est dessinée en 2022 à coups de plans de relance avec l'objectif de remettre d'aplomb les secteurs économiques terrassés. Et ce, « quoi qu'il en coûte ».

Les entreprises de Nouvelle-Aquitaine ont vécu ce retour à la normale en prenant des trajectoires parfois très différentes. Quand certaines en ont parfois profité pour battre d'insolents records, pour d'autres, le Covid a accéléré la nécessité à transitionner vers d'autres modèles de business. C'est ce que montrent les chiffres compilés par Altares* pour La Tribune dans l'édition 2024 du Book Éco Nouvelle-Aquitaine.

Une crise qui profite aux marques régionales

Dans l'élite des plus gros chiffres d'affaires de Nouvelle-Aquitaine, une société domine largement le classement. Avec 5,3 milliards d'euros de résultat en 2022, Fayat tient le haut du pavé et s'affirme comme le quatrième acteur du BTP au plan national. Mais loin derrière les majors Vinci, Bouygues et Eiffage dont l'activité annuelle se compte en dizaines de milliards. Un an et demi après le décès du fondateur Clément Fayat, la croissance du groupe historiquement implanté dans le Sud-Ouest pourrait se heurter à la crise de la construction.

Avec un record battu en 2022 (2,12 milliards), la maison de Cognac Hennessy s'empare de la deuxième place du top régional. Une performance dopée par des ventes record aux États-Unis, qui marquent désormais le pas et créent une brusque incertitude dans le vignoble charentais. La marque du groupe LVMH domine son secteur, hors de portée de son concurrent Martell (18e avec 859 millions).

Sur la troisième marche, c'est un autre groupe régional emblématique qui monte sur le podium. Et c'est pour lui la première fois. Le distributeur pétrolier Picoty et ses filiales (Réseau, Autoroutes...) cumulent un chiffre d'affaires, là aussi record, de 1,86 milliard d'euros en 2022. Une ironie cruelle pour le climat alors que la transition énergétique n'a jamais autant fait parler et que 2023 vient d'être classée comme l'année la plus chaude jamais enregistrée. Le groupe basé en Creuse, fort d'un réseau autoroutier de distribution, a pu tirer profit de la crise énergétique induite par l'invasion russe en Ukraine.

À retenir


  • 7,5 %

    C'est la part de la Nouvelle-Aquitaine dans le PIB de la France en 2021, alors qu'elle représente 9 % de la population nationale. Avec 189 milliards d'euros, elle est la 3e région la plus créatrice de valeur derrière l'Île-de-France et l'Auvergne-Rhône-Alpes.

Dans le secteur énergétique aussi, une filiale pétrolière de Total basée dans le Sud-Ouest arrive en 12e place du classement. Mais c'est le distributeur d'électricité et de gaz et développeur d'énergies renouvelables Sorégies qui réalise une impressionnante percée. A la 11e position avec 1,2 milliard, le groupe de la Vienne a doublé son chiffre d'affaires en un an.

Le commerce non-alimentaire en berne

Derrière les croissances à deux ou trois chiffres, certains grands groupes restent englués dans des turbulences persistantes. C'est le cas de Cdiscount qui affiche un chiffre d'affaires en baisse historique pour 2022 tandis que son directeur général annonçait il y a quelques mois dans nos colonnes la rentabilité pour 2024. Le déficit du site de e-commerce se résorbe peu à peu. Le groupe de magasins de distribution Gifi, originaire du Lot-et-Garonne, voit quant à lui son chiffre d'affaires stagner et ses pertes exploser. A noter, l'absence d'information pour le fabricant de matériel électrique Legrand, qui ne dévoile plus les résultats de sa société Legrand France, basée à Limoges, depuis 2021.

Plus insolite, le leadership est contesté dans deux grands secteurs. Dans l'agroalimentaire, les coopératives Euralis et Maïsadour, qui ont manqué leur projet de fusion sur leurs activités canard, sont proches, à l'avantage de la première. Pour le secteur défense, Safran Helicopter et Thales Avionics, deux sociétés basée sur la zone aéroportuaire de Mérignac, se jaugent désormais jusque dans la proximité de leurs chiffres d'affaires.

infographie secteurs économiques

Cliquez sur l'infographie pour l'agrandir.

L'énergie et l'agroalimentaire en tête de proue

Quels sont les secteurs portés par des acteurs de premier plan dans la région ? C'est la question posée à travers ce graphique qui recense les secteurs qui pèsent le plus parmi les 100 plus gros chiffres d'affaires en 2022. A ce compte-là c'est bien l'énergie et l'agroalimentaire qui font figure de phare en Nouvelle-Aquitaine. Le premier secteur est particulièrement doté en acteurs régionaux avec les distributeurs pétroliers Picoty et Pechavy ou gaziers avec Terega et Gaz de Bordeaux. De quoi culminer à 8 milliards d'euros.

Avec un total de 7 milliards d'euros de recettes réparti entre 19 entreprises, l'agroalimentaire est à la seconde position. Derrière les deux coopératives géantes Maïsadour et Euralis, un tissu abondant de sociétés laitières, de produits d'élevage et céréalières se démarque.

C'est ensuite la production et distribution d'alcool qui représente le plus gros chiffre d'activité parmi les entreprises du top 100. Entre les maisons de Cognac et le négoce bordelais, ce secteur connaît des tendances fluctuantes et soumises aux aléas géopolitiques. Alors que Bordeaux arrache 8.000 hectares de vignes pour conjurer la surproduction, Cognac redoute de subir les représailles chinoises en réponse à la réglementation européenne sur le commerce.

L'aéronautique, avec seulement trois acteurs (chiffre d'affaires 2021 pour Airbus Atlantic), et la filière bois-papier-carton implantée autour de la forêt des Landes complètent la sélection.

Des secteurs en mal de transition

C'est l'entrepôt logistique des supermarchés Aldi à Cestas qui enregistre la plus grosse perte nette en 2022 avec -65 millions d'euros. Un déficit enregistré alors que le géant allemand annonçait à ce moment-là un investissement de 20 millions d'euros pour moderniser et agrandir son site girondin de 30 à 40.000m2. Un plan qui s'accompagnait alors de l'annonce de 40 recrutements, en plus de la centaine de salariés sur place.

Autre enseigne en difficulté, Gifi Diffusion, la centrale d'achat des magasins Gifi, a enregistré 44 millions d'euros de pertes. La société née dans le Lot-et-Garonne est à la peine, avec un chiffre d'affaires global de ses activités qui stagne malgré un parc de magasins qui augmente. En 2023, Gifi a ouvert sa 600e adresse de vente de produits discount en Europe. Mais l'enseigne subit une concurrence ardue, notamment avec le Néerlandais Action qui compte désormais plus de 2.000 points de vente sur le continent.

Ce sont ensuite les industries de l'automobile et de la motorisation qui sont à la peine. Le fabricant de boîte de vitesses Magna à Blanquefort (devenu MMT-B), l'équipementier Autoliv-Isodelta dans la Vienne et Moteurs Leroy-Somer à Angoulême s'enfoncent dans les difficultés. Entre plans sociaux et projets de diversification au compte-gouttes, ces trois usines symbolisent une industrie régionale qui peine à s'inscrire dans la transition ers les mobilités décarbonées.

Autre secteur en crise, le bâtiment est représenté dans ce classement par l'entreprise de construction GTM Bâtiment Aquitaine. Après -18 millions en 2020 et -10 millions en 2021, le bâtisseur subit les affres d'une construction neuve en déclin avec 16 millions d'euros de nouvelles pertes enregistrées.

Lire aussiLe logement neuf entraînera-t-il l'emploi dans sa chute en Gironde ?

///////////

*Classement des 3.200 premières entreprises de Nouvelle-Aquitaine selon leur chiffre d'affaires 2022. Les sociétés classées ont leur siège social dans la région, ont réalisé un chiffre d'affaires supérieur à 3 millions d'euros et ont publié leurs comptes 2022 avant fin octobre 2023. Les données de Fayat, Cdiscount, Maïsadour et Euralis ont été ajoutées par La Tribune.

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 29/01/2024 à 8:11
Signaler
"le secteur des alcools, de l'énergie ou de l'alimentaire ont connu des croissances record." Trois bons gros lobbys bien gras mais quand même le secteur pharmaceutique a du grave en profiter aussi non ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.