8.000 hectares de vignes seront arrachés à Bordeaux dès 2024

Abondé par la filière et par l’État, ce plan permettra de subventionner l'arrachage de 8.000 hectares de vignes en Gironde dès le premier trimestre 2024. C'est moins que les 10.000 hectares pré-inscrits en juillet mais ça reste un tournant considérable face à la crise de surproduction que traverse le vignoble bordelais. Il reste du budget disponible pour une deuxième campagne l'an prochain.
8.000 hectares du vignoble bordelais seront arrachés au premier semestre avec une subvention de 6.000 euros par hectare.
8.000 hectares du vignoble bordelais seront arrachés au premier semestre avec une subvention de 6.000 euros par hectare. (Crédits : Agence APPA)

Élaboré depuis le printemps dernier, le guichet du plan d'arrachage du vignoble bordelais à hauteur de 6.000 euros l'hectare, a fermé ses portes le 20 décembre. Le bilan définitif de cette première vague s'établit à 8.000 hectares, répartis à parts égales entre les deux enveloppes de renaturation et de diversification. Des demandes déposées par environ un millier d'exploitations viticoles au titre d'un arrachage sanitaire qui vise d'abord à réduire la surproduction du vignoble. Au total, ce sont 1.500 hectares de moins que le budget disponible qui était calibré sur le volume des pré-inscriptions enregistrées au mois de juillet dernier. Une baisse qui peut s'expliquer par les conditions drastiques prévues par le plan d'arrachage et par le montant de la subvention jugé insuffisant par le collectif Viti33.

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« Il y a eu une forme de surbooking en juillet, on le savait, et certains viticulteurs ont ajusté leurs demandes après avoir pris connaissance des détails du plan. Est-ce que 6.000 euros par hectare c'est suffisant ? Est-ce que les contreparties sont idéales ? Certainement pas mais elles sont là parce qu'on a réussi à obtenir un plan d'aide et parce qu'il s'agit d'argent public. Il y a un an, il n'y avait rien du tout, c'est ça la réalité ! », réagit Bernard Farges, le vice-président du CIVB (conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux).

Le viticulteur rappelle également que « l'arrachage de 8.500 hectares en un an, c'est un effort considérable pour le vignoble ! Le dernier plan d'arrachage en 2006-2007 c'était 4.500 hectares en trois ans. » 8.000 hectares, par rapport aux 108.000 hectares exploités actuellement dans le vignoble bordelais, ça représente 7,5 % des surfaces mais autour de 10 % si on exclut les 20 % des plus grands châteaux du bordelais qui n'ont aucun problème pour vendre leurs vins et ne sont donc pas réellement concernés par la problématique de l'arrachage.

Un coefficient régulateur

Dans le détail, la première enveloppe de 19 millions d'euros prévue par le CIVB pour accompagner la diversification des exploitations viticoles vers d'autres cultures, sera consommée entièrement par les 500 demandes enregistrées. Ce qui imposera même d'appliquer un coefficient régulateur sur les surfaces retenues. En clair, pour que chaque hectare puisse être indemnisé à hauteur de 6.000 euros, seulement 75 % des hectares demandés seront subventionnés.

La seconde enveloppe de 38 millions apportés par l'État en échange d'un engagement de renaturation des parcelles pendant au moins 20 à 30 ans a enregistré 700 demandes. Mais au regard des volumes demandés, elle n'a pas été consommée intégralement cette année. Il restera donc du budget pour financer environ 2.000 hectares supplémentaires sur une deuxième campagne prévue à l'automne 2024.

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Les travaux débuteront en janvier

Le calendrier de ce plan d'arrachage sanitaire est rapide. Une fois les autorisations de commencement de travaux obtenues auprès de la préfecture, les premiers travaux d'arrachage doivent débuter dans le courant du mois de janvier pour s'achever, au plus tard, fin mai 2024. Les vignerons pourraient toutefois se heurter un goulot d'étranglement s'agissant des capacités humaines et mécaniques d'arrachage disponibles au printemps. D'autant que des viticulteurs peuvent également décider d'arracher des parcelles de vignes en dehors du dispositif d'arrachage sanitaire prévu par l'État et le CIVB.

Car la situation est extrêmement délicate pour de nombreux viticulteurs en panne de trésorerie et sans débouchés commerciaux suffisants pour leur production. « Face à la crise économique profonde, un grand nombre d'exploitations du vignoble de Bordeaux, aux profils multiples, se trouvent dans des situations très difficiles et dans l'incapacité, matérielle et financière de poursuivre l'entretien de leur vignoble », résumait le Syndicat des Bordeaux début décembre. Le CIVB parle lui de « crises successives et conjoncturelles - climatiques, sanitaires, géopolitiques - et d'une crise plus profonde qui s'est installée dans le temps, résultat d'un déséquilibre entre notre offre et la demande. »

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Commentaires 15
à écrit le 23/12/2023 à 13:19
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Quand le vin se vend au prix de l'or, ils empochent les bénéfices et quand ça va moins bien, ils exigent l'impôt des citoyens pour les renflouer. Il est urgent de mettre un terme à cette habitude.

à écrit le 23/12/2023 à 8:45
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La Gironde est truffée de vignes il est évident que cette monoculture ne peut que favoriser les maladies qui ensuite nécessitent toujours plus de produits chimiques qui ensuite arrivent à leur limite. La monoculture c'est de la bêtise pure.

à écrit le 23/12/2023 à 1:37
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@Bah - sur la vigne sans aucun doute et sur les arbres fruitiers aussi . D'autant que pour produire ces pesticides largement pulvérisés dans la vigne et les vergers il faut des quantités de petrole énorme qui relarguent une bonne partie du Co2 que le...

à écrit le 22/12/2023 à 21:00
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D'autres pays produisent du vin et veulent la place. En deux ans mon vin rouge habituel francais est passé de 6 euros à 10,50 euros. J'aime bien aussi le rosé, donc je suis passé au marocain à 3 euros qui lui n'a pas bougé au moins depuis 7 ans. Pour...

à écrit le 22/12/2023 à 18:33
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Et la baisse du prix des vins de Bordeaux ne serait pas une issue economique?

à écrit le 22/12/2023 à 18:33
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ou comment on subventionne l arrachage de vignes en sachant que l on est en surproduction et que c est par la qualité que l on survivra et ça certains ne l ont pas compris assez tot certaines regions comme la bourgogne ont maitrisé les plantations a ...

à écrit le 22/12/2023 à 16:18
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La Commission européenne a validé un plan d'arrachage de vignes dans le Bordelais, qui pourrait permettre à un millier de viticulteurs de bénéficier d'aides, lutter contre la maladie des vignes et indirectement réduire leur production. Après étude du...

à écrit le 22/12/2023 à 13:32
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Il faut lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur sous forme de fiction policière évoque comment de prestigieux domaines viticoles sont achetés par de riches chinois et sont la cause de drames. Disponible en librairie et via les...

à écrit le 22/12/2023 à 13:31
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Il faut lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur sous forme de fiction policière évoque comment de prestigieux domaines viticoles sont achetés par de riches chinois et sont la cause de drames. Disponible en librairie et via les...

à écrit le 22/12/2023 à 13:16
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Quand on perçoit que la vigne fait énormément pour la captation du CO² dans l'air en peu de temps par rapport aux arbres, il y a de quoi s'inquiéter...!

le 22/12/2023 à 13:28
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@bah....Largement contrebalancé par l'utilisation massive de traitements chimiques.😜

le 22/12/2023 à 13:41
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Vous faites des traitements chimiques sur les arbres ? Revoyez votre conception des choses en dehors de l'économique ! ;-)

le 23/12/2023 à 8:42
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"Vous faites des traitements chimiques sur les arbres ? " Ben oui, t'as qu'à aller voir les pommiers du limousin pendant la période et tu vas voir ce qu'ils prennent dans la gueule les pommiers hein. Tu débarques ou quoi !? LOL !

le 23/12/2023 à 10:09
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On parle d'arbre, pas de verger lol !

le 26/12/2023 à 7:58
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"Largement contrebalancé par l'utilisation massive de traitements chimiques" La réponse de Valbel était pourtant claire et parfaitement compréhensible. Tu cherches trop à me sauter dessus pour n'importe quelle raison. Calmes toi.

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