Pour son avion zéro carbone, Airbus retient Nidec Leroy-Somer à Angoulême

Le groupe Nidec Leroy-Somer, un des leaders mondiaux de la motorisation électrique né en Nouvelle-Aquitaine, a été choisi par Airbus pour développer un moteur électrique alimenté par une pile à hydrogène pour son futur avion zéro carbone. Un programme que l'avionneur espère mener à terme d'ici 2035 si tout va bien.
Le site historique de Nidec Leroy-Somer à Angoulême
Le site historique de Nidec Leroy-Somer à Angoulême (Crédits : Nidec Leroy-Sommer)

Le groupe franco-japonais Nidec Leroy-Somer annonce qu'il vient d'être sélectionné par Airbus « pour développer des systèmes propulsifs électriques pour son futur propulseur à hydrogène ». L'entreprise basée à Angoulême (Charente) va participer au développement d'un nouveau moteur électrique, qui sera intégré dans le prototype de propulseur alimenté par pile à hydrogène que développe l'avionneur européen. Depuis sa fondation en 1919 à Angoulême par Marcellin Leroy, le groupe Leroy-Somer s'est consacré au développement de systèmes de motorisation destinés à l'industrie utilisant la puissance électrique (moteurs, variateurs de vitesse, motoréducteurs...). Jusqu'à devenir l'un des principaux acteurs mondiaux de la motorisation électrique et de l'électronique associée. Nidec Leroy-Somer se présente également comme le leader mondial en alternateurs industriels.

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« Leroy-Somer, qui fait partie du groupe japonais Nidec depuis 2017, est chargé de concevoir et développer une série de prototypes de moteurs électriques qui répondent à des exigences très élevées en termes de sécurité, de fiabilité, d'efficacité énergétique et de légèreté pour la puissance visée. Ses experts en recherche et développement sont également mis au défi d'explorer des technologies et innovations de rupture pour optimiser l'architecture du système de propulsion de l'avion. La gestion du projet, la conception, l'ingénierie et le prototypage seront tous réalisés depuis son siège d'Angoulême, en France », précise la direction de la filiale, dont Laurent Demortier est le PDG.

Un groupe régional qui emploie plus de 6.000 salariés

Implantée depuis des décennies dans plusieurs pays, Leroy-Somer a réalisé un chiffre d'affaires de 501,5 millions d'euros en 2021, avec près de 6.200 salariés. Avant d'être présentés à Airbus, les moteurs développés dans le cadre de ce projet zéro carbone par Nidec Leroy-Somer seront d'abord testés sur des bancs d'essais dédiés. Après ces premières qualifications et validations, ils seront testés en vol lors d'une deuxième séance d'essais.

« Nous sommes heureux d'avoir été sélectionnés par Airbus pour apporter notre expertise en matière de moteurs électriques à haut rendement et contribuer, grâce à nos équipes R&D et solutions innovantes, à cet ambitieux projet d'aviation commerciale éco-responsable. Cette étape importante pour une mobilité plus durable, présente plusieurs défis que nous nous engageons à surmonter, pour servir la communauté mondiale », commente Jean-Michel Condamin, président de la division « Moteurs industriels et commerciaux ».

Airbus veut de l'hydrogène et la mobilisation de l'écosystème

Pour autant l'affaire n'est pas encore dans le sac. Au point qu'en novembre dernier Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, a averti que s'il n'y avait pas assez d'hydrogène à l'heure dite, ce programme de motorisation aérienne zéro carbone, prévu pour démarrer en 2026-2027 avec une livraison opérationnelle du moteur à l'horizon 2035, serait retardé. Guillaume Faury a par ailleurs appelé à la mobilisation de tout l'écosystème aéronautique pour aboutir dans les délais. Ce qui a provoqué la floraison de tout un ensemble de projets à Toulouse, capitale européenne de l'aéronautique et du spatial, centrés sur le développement de petits aéronefs fonctionnant avec des moteurs utilisant l'hydrogène.

Avec, à la clé, la construction d'un technocampus de 10.000 m2 dédié à l'accélération de la maturation des technologies hydrogène, qui va commencer à sortir de terre en 2024. Comme on le voit, cette bascule vers la motorisation à l'hydrogène dans le bassin aéronautique de Toulouse est une aubaine pour Leroy-Somer.

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Passé en 1990 sous le contrôle du groupe industriel américain Emerson, Leroy-Somer a été revendu dix-sept ans plus tard à Nidec, pour un peu plus d'un milliard d'euros. Nidec est également un groupe industriel mais japonais. Installé à Kyoto et dirigé par son fondateur, Shigenobu Nagamori, Nidec a réalisé un chiffre d'affaires de près de 17,4 milliards de dollars (15,9 milliards d'euros) au cours de son dernier exercice, emploie 110.000 personnes et compte plus de 340 filiales. Shigenobu Nagamori n'a jamais douté de la montée en puissance des moteurs électriques, et donc des variateurs électriques dont ils ont besoin pour fonctionner. Mouvement qui correspond selon lui à une tendance de fond à l'œuvre qui l'a convaincu en 2016 de prendre le contrôle de Leroy-Somer. Les faits sont en train de lui donner raison.

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