Bordeaux : vers la construction d'une nouvelle tour d'habitation au Grand Parc

D'ici 2027, l'illustre tour CPAM du Grand Parc, à Bordeaux, sera transformée en résidence étudiante tandis qu'une seconde tour de 90 logements et 16 étages doit être édifiée sur la même parcelle. Cet ambitieux projet de recyclage urbain, baptisé provisoirement « Tours Europe », est conçu par le Groupe Capelli et les architectes bordelais de Schurdi-Levraud. Avec le soutien vigilant de la municipalité écologiste, décidée à faire du Grand Parc un quartier de destination pour les Bordelais.
La tour CPAM sera transformée en résidence étudiante et une nouvelle tour d'habitation de même gabarit sera édifiée sur la même parcelle.
La tour CPAM sera transformée en résidence étudiante et une nouvelle tour d'habitation de même gabarit sera édifiée sur la même parcelle. (Crédits : PC / La Tribune)

Au sud de la ville, le quartier Belcier, transformé par Bordeaux Euratlantique, a vu pousser les tours Innova, Hyperion et Silva. Mais c'est aujourd'hui au nord de Bordeaux qu'une tour de logement de 16 étages est en projet pour offrir une nouvelle vie à l'emblématique tour CPAM dans le quartier du Grand Parc. L'avenir de cet immeuble de 17 étages, construit dans les années 1970 était en suspens depuis des années. Mais le lancement du chantier du futur siège de la Caisse primaire d'assurance maladie de Gironde, quelques centaines de mètres plus au nord, à Cracovie, décante la situation. Les deux opérations sont menées en parallèle par le Groupe Capelli. Le nouveau siège sera livré courant 2025 pour accueillir les près de 600 salariés de la tour du Grand Parc. Cela laissera alors le champ libre pour déployer la rénovation de l'immeuble existant et la construction d'un nouvelle tour de même taille. Deux opérations combinées destinées à assurer l'équilibre général du projet.

Lire aussiLe grand chambardement immobilier de la CPAM au nord de Bordeaux

Les deux tours

Le promoteur immobilier a acquis la parcelle de 8.800 m2 à la CPAM et a soumis l'an dernier aux élus locaux un projet imaginé par les architectes bordelais de l'agence Schurdi-Levraud. « En étroite collaboration avec la ville de Bordeaux qui souhaite revaloriser ce quartier et son image, nous voulons en faire un lieu de destination où les Bordelais ont envie de venir, y compris depuis l'extérieur du quartier, ce qui n'est pas souvent le cas aujourd'hui », avance Déborah Litera, la directrice des grands projets au sein du Groupe Capelli.

Sous le nom provisoire de « Tours Europe », en référence à la place de l'Europe voisine, le programme est ambitieux. Il s'agit à la fois de transformer la tour de bureaux de 1970 en tour de logements aux normes du 21e siècle et de construire une seconde tour de même gabarit, juste à côté.

Tour CPAM Bordeaux Grand Parc

C'est à la place du bâtiment au premier plan que la nouvelle tour devrait voir le jour (crédits : PC / La Tribune).

« Le recyclage urbain est un impératif »

Le tout dans un quartier prioritaire à l'architecture déjà rythmée par une vingtaine de tours et barres d'immeubles. « Le Grand Parc est structuré par de grands espaces et des bâtiments horizontaux et verticaux. Nous voulons respecter cette architecture en créant du vide plus que du plein quitte à monter en hauteur pour libérer de la surface au sol », remarque l'architecte Stéphane Schurdi-Levraud.

Lire aussiLogement : « L'avenir de Bordeaux se construira dans le diffus et la surélévation de l'existant »

Conscient des craintes que ne manqueront pas de soulever un tel projet chez les habitants, Bernard Blanc, le maire (PS) de quartier, démine aussitôt :

« Il y aura sans doute des résistances mais il faut répondre à la très forte tension sur le marché du logement à Bordeaux alors que le Grand Parc bénéficie déjà d'un espace vert de taille équivalente à celle du Jardin public et que ce programme n'entraînera aucune artificialisation nouvelle, pas un seul mètre carré ! Les stationnements des véhicules seront supprimés en surface pour redonner de l'espace aux piétons. »

Il est en effet question d'ouvrir largement les parvis aux piétons pour boucler la liaison piétonne entre la ligne C du tramway et le Parc Rivière. « Le recyclage urbain est un impératif, on ne peut pas continuer à démolir pour reconstruire ni artificialiser toujours plus de foncier », appuie Stéphane Schurdi-Levraud. Concrètement, la tour CPAM d'environ 8.700 m2 sera rénovée de fond de comble puis transformée pour accueillir une centaine de chambres étudiantes et d'autant de logements pour jeunes actifs. Dans les étages supérieurs, des espaces ouverts au public sont prévus dont un coworking et un restaurant. « Ce changement d'usage est un vrai défi mais c'est un sujet sur lequel nous travaillons à l'agence depuis des années et la structure de la tour existante se prête bien à une trame de résidence étudiante », poursuit l'architecte à la tête d'une cinquantaine de collaborateurs à Bordeaux, Périgueux, Bayonne, Pau et Toulouse.

Lire aussiLes bâtiments à énergie positive sont-ils l'avenir de la construction ?

L'enjeu de la mixité sociale

Parallèlement, une seconde tour de même hauteur et même gabarit sur seize étages sera édifiée juste à côté pour proposer 8.700 m2 de logements. « Il y aura autour de 90 logements du T1 au T5. Ils seront tous traversants ou avec une double orientation et disposeront d'un balcon ou d'une terrasse. L'objectif est de recréer des logements qualitatifs notamment pour encourager la mixité sociale », précise Déborah Litera. Les discussions sont encore en cours mais, dans un quartier qui affiche déjà un taux vertigineux de 85 % de logements locatifs sociaux, le nouvel édifice ne devrait proposer que de l'accession sociale ou de l'accession libre. Au risque aussi de se transformer en campagne de gentrification du quartier. « Il y a un vrai besoin de mixité sociale dans ce quartier qui dispose de nombreux équipements mais a besoin d'une autre image pour attirer les Bordelais des quartiers voisins », juge Bernard Blanc.

Quoi qu'il en soit, le programme devra cocher les cases du label du Bâtiment frugal bordelais et entend mettre l'accent sur la performance thermique et énergétique, la ventilation naturelle et des façades végétalisées dotées d'un dispositif de réutilisation et filtrage des eaux grises du bâtiment. Le projet prévoit également des locaux d'activité en pied d'immeuble la réversibilité de certains étages de parking. Toujours en discussion entre le Groupe Capelli et la mairie de Bordeaux, le permis de construire devrait être déposé d'ici la fin de l'année 2023 pour aboutir à l'horizon 2027.

Lire aussiImmobilier : la surélévation des immeubles, une solution miracle au manque de logements ?

Le chantier du centre commercial Europe

Attendue depuis des années, la destruction-reconstruction du centre commercial Europe, juste en face de la tour CPAM, avance. Le permis de construire est déposé et le chantier doit débuter au printemps 2024 pour s'achever en 2028 au plus tôt. Le projet est porté par la société Ville Envie, pour la dimension commerciale, et par les promoteurs BNP Paribas Immobilier et Axanis, spécialiste de l'accession sociale, pour le volet résidentiel. Après plusieurs tranches de travaux, huit bâtiments en R+6 accueilleront 277 logements autour d'un bâtiment central doté d'un parking en étage, de commerces d'un supermarché, d'un restaurant panoramique et d'une salle de sport. Au total, entre les « Tours Europe » et la reconfiguration du centre commercial, c'est près d'un millier d'habitants qui arriveront à l'horizon 2028 dans un quartier qui en compte 11.000 dont 7.000 à 8.000 situés en quartier priotaire de la politique de la ville.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 18/09/2023 à 8:37
Signaler
La mairie "écologiste" de Bordeaux mise sur l'entassement des bordelais dans des tours. LOL ! Tous à nourris à la même gamelle.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.