Ne dites plus supermarché mais « démonstrateur de la régénération urbaine à l'heure de la résilience climatique ». « L'idée est de bâtir un lieu de vie à part entière répondant à différentes fonctions du quotidien et à différentes manières de consommer. On sera très loin de la boîte moche qui colle à l'image des supermarchés », explicite Camille Pélissard, la directrice immobilière d'Auchan retail. La boîte moche en question c'est le supermarché Auchan Counord construit en 1995 à Bordeaux avec ses 230 places de stationnement de surface dans le centre de Bordeaux. Cette parcelle d'un hectare le long de la ligne C du tramway s'apprête à changer radicalement de visage dans le cadre d'un projet piloté par la foncière Ceetrus et le promoteur Nhood, deux autres filiales d'AFM (Association familiale Mulliez), le GIE qui chapeaute toutes les activités et enseignes de la galaxie Auchan.

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Valoriser l'existant

Les travaux ont débuté cet automne et à l'horizon 2028 le supermarché de 1.800 m2 laissera place à 16.000 m2 de commerces, bureaux et logements. La première phase du chantier, qui s'achèvera courant 2025, verra la construction de 6.000 m2 de bureaux et de 3.000 m2 pour le nouveau supermarché et des bureaux ainsi que de 200 places de stationnement en sous-sol. Suivront, fin 2027, 87 logements dont 27 en accession sociale à la propriété, sur près de 6.000 m2, ainsi que 970 m2 de locaux d'activités pour six commerces. Les quatre bâtiments seront situés de part et d'autre d'une allée piétonne qui sera rétrocédée à la collectivité. Dessiné par les architectes d'A6A, le projets s'élève à 50 millions d'euros, sachant qu'Auchan était déjà propriétaire de la parcelle.

« Ce projet illustre concrètement notre nouvelle stratégie de valorisation de notre patrimoine existant pour le transformer en quelque chose de différent en étant, à chaque fois, à l'écoute des besoins locaux. Ici l'idée première était de supprimer le parking de surface au profit de l'allée piétonne et de déminéraliser la parcelle qui retrouvera 22 % de pleine terre », vante Marco Balducci, le directeur général de Nhood.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir. Perspective depuis l'avenue Emile Counord, le long du tram C (crédits : Nhood / A6A)

Au sein d'AFM, le promoteur, créé en 2021, incarne le virage stratégique opéré après l'échec des projets Europacity et Gare du Nord en Île-de France. Et son terrain de jeu est quasiment infini sans avoir à se soucier du zéro artificialisation : « Nous ne cherchons pas à acheter du foncier puisque nous avons des millions d'hectares déjà artificialisés à faire évoluer en centre-ville comme en périphérie. L'enjeu est plutôt d'arbitrer l'ordre des priorités », poursuit Marco Balducci. Le groupe Auchan, qui gère les supermarchés, et la foncière Ceetrus, propriétaire des galeries marchandes, sont en effet associés sur 60 hypermarchés en France et des centaines de supermarchés. Des espaces voués à une transformation radicale dans les années à venir. Les investissements de Ceetrus, pilotés par Nhood, ont d'ailleurs atteint 432 millions d'euros l'an dernier, en hausse de 29 % sur un an. Au total, la filiale affiche 14 milliards d'euros d'actifs en 2023.

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Un projet frugal et adaptable

Et tous les représentants de l'AFM sont décidés à faire de ce projet bordelais le démonstrateur de leurs nouvelles ambitions urbaines et périurbaines.« Cette transformation du classique supermarché et parking incarne notre rôle d'investisseur de long terme et ce que nous voulons développer à l'avenir en conformité avec nos objectifs de développement durable. Ici, nous allons faire disparaître un îlot de chaleur de +8 °C au profit d'un îlot de fraicheur de -1 °C », explique Etienne Dupuy, le directeur général de Ceetrus. Les toitures seront végétalisées et pourront accueillir du photovoltaïque tandis que le volet habitat du projet prévoit une dizaine d'appartements à l'aménagement adaptable, à l'instar du concept Loji de Bouygues, et quatre « maisons » aux « volumes capables ». Ces logements, déjà testés à Brazza, sur la rive droite de Bordeaux, disposent d'une hauteur sous plafond permettant aux acquéreurs d'aménager un second niveau lorsqu'ils le souhaitent.

La nature évolutive du logement est aussi l'un des 42 critères du label Bâtiment frugal bordelais mis en place il y a deux ans par la majorité écologiste. « Nous visons la notation la plus haute pour ce label qui va dans le bon sens et qui ne nous a pas demandé beaucoup de modifications. Nous avons surtout ajouté davantage de bois, notamment en façade, et de végétalisation. Mais l'essentiel y était déjà avec notamment une armature bois-béton et des logements traversants », note Gaël Garnier, la responsable du programme chez Nhood. La mairie de Bordeaux l'avait d'ailleurs rapidement cité en exemple.

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« La végétalisation et la pleine terre, la qualité du bâti et la qualité d'usage telles qu'elles nous ont été présentées répondent parfaitement aux exigences fixées par la ville de Bordeaux pour respecter les générations futures », a ainsi salué Bernard Blanc, le maire de quartier, avant de participer à la plantation symbolique du premier arbre de la parcelle aux côtés des dirigeants d'Auchan, Ceetrus et Nhood.