Le surf, cette filière économique si spécifique à la Nouvelle-Aquitaine

La Région Nouvelle-Aquitaine a mesuré le poids économique de la vingtaine de filières maritimes sur son territoire. Près de 20.000 entreprises réalisent un chiffre d'affaires de 4,8 milliards d'euros dans des domaines d'activité très variés. Avec 322 entreprises répertoriées, la filière surf s'affirme comme un marqueur économique et symbolique régional.
Tant par son poids économique et que symbolique, le surf est un marqueur du littoral néo-aquitain.
Tant par son poids économique et que symbolique, le surf est un marqueur du littoral néo-aquitain. (Crédits : Nomads Surfing)

La Nouvelle-Aquitaine, ses forêts et ses plages. Si l'activité générée par les pins et autres hêtres est documentée, c'était moins le cas pour les nombreuses activités liées aux 970 kilomètres de littoral. Et encore moins pour celle plus spécifiquement liée à la mer et ses vagues, qui intéressent les fabricants et distributeurs de matériel de surf de la fédération Eurosima. C'est à l'occasion du congrès annuel de cette dernière, au Casino de Hossegor les 13 et 14 octobre derniers, que les résultats de la première étude "du poids économique de la vingtaine de filières maritimes régionales" ont été révélés. "Nous souhaitions mieux comprendre leurs impacts et leurs interactions avec le territoire et leur environnement", explique Marjory Gorge, chargée de mission filières nautique, navale et glisse de la région Nouvelle-Aquitaine.

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Pour tirer le portrait de ces sociétés très différentes - des pêcheurs de thon de Saint-Jean-de-Luz aux professeurs des écoles de surf de Lacanau ou encore les chercheurs des trois antennes de l'Ifremer - les données de différentes sources dont l'Insee, l'Urssaf et l'ADI-NA, ont été croisées avec celles des différentes fédérations professionnelles. Au total, 19.000 établissements et 58.000 personnes ont une activité en lien avec la mer dans la grande région. Cela représente 2,5 % des emplois régionaux, mais 13,5 % dans les bassins de vie littoraux et même 30 % à Oléron et autour de 20 % pour Capbreton ou encore La Tremblade, près de Rochefort, en Charente-Maritime.

Surf

Cliquez sur l'image pour l'agrandir (crédits : Région Nouvelle-Aquitaine).

Près de cinq milliard d'euros de chiffre d'affaires

Toutes ces entreprises ont réalisé, en cumulé, un chiffre d'affaires de 4,8 milliards d'euros dans la région en 2019 pour une valeur ajoutée de 1,5 milliard d'euros. "Si on écarte le tourisme littoral représentant 35.000 emplois, nous dénombrons 7.000 sociétés dans quatre domaines maritimes : le nautisme, naval et la glisse ; les ports (63 de plaisance, sept de pêche et quatre de commerce), la logistique et le transport ; la valorisation des ressources marines et la gestion, la recherche et la formation", détaille Marjory Gorge.

Au total, 22.500 personnes travaillent dans ces quatre grands secteurs, dont 60 % dans les trois bassins d'emplois les plus importants que sont La Rochelle au nord, Bordeaux et le bassin d'Arcachon au centre et Bayonne au Sud. "Ce qui signifie que l'accès direct à la mer n'est pas un prérequis, certaines activités étant présentes dans l'arrière-pays", pointe la responsable. C'est notamment le cas des activités industrielles, qui représentent les trois-quarts (73 %) des emplois du domaine nautique, naval, glisse. D'après l'étude, les "industries nautiques et navales apparaissent comme les plus porteuses d'emplois, avec une part plus importante de CDI, des emplois qualifiés et 800 emplois supplémentaires à pourvoir".

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322 entreprises dans l'industrie du surf

Pour l'industrie et le commerce de la glisse, les perspectives sont encore meilleures : pour 1.400 emplois existants, la Région estime que 460 pourraient être créées, sans donner d'horizon toutefois. Cette filière surf, qui englobe la fabrication, la location et la vente de planches, parmi d'autres matériels, est "un segment spécifique à la Nouvelle-Aquitaine, avec des entreprises multi-activités enregistrées sous 36 codes NAF différents, ce qui rend le décompte et la comparaison complexes", remarque Marjory Gorge.

Filière surf

Cliquez sur l'image pour l'agrandir (crédits : Région Nouvelle-Aquitaine).

Avec son équipe, elle a néanmoins réussi à classer 322 entreprises réalisant 80,7 millions d'euros de valeur ajoutée. Les deux-tiers d'entre elles sont installés dans les Pyrénées Atlantiques, dont Boardriders à Saint-Jean-de-Luz, et les Landes, pour Rip Curl (Soorts-Hossegor) et la moitié est dans le commerce. Par nombre d'emplois, en revanche, c'est contre toute attente la fabrication d'articles textiles et articles de sport qui représentent la part du lion : 951 emplois, chez DSL Tex à Capbreton par exemple qui fabrique la nouvelle collection "made in France" d'Oxbow, ou encore les nombreux shapers, les fabricants de planches, de la côte basque.

Un écosystème varié et fragmenté

"Les dix plus gros employeurs représentent 69 % des emplois", pointe Marjory Gorge. "C'est surtout un écosystème composé de PME et de startups. Dans le domaine du surf, mais pas seulement, car parmi les entrepreneurs locaux, plusieurs ont démarré dans cette industrie très internationale qui a aiguisé leur sensibilité à l'évolution du monde et à l'environnement et les a convaincus d'investir ici", observe Eric Sargiacomo, chargé de mission au Conseil départemental des Landes.

C'est le cas en effet de Vincent Lartizien, ancien surfeur professionnel, et Francois Payot, ex-dirigeant de Rip Curl, qui ont cofondé Les Chanvres de l'Atlantique, à Saint-Geours-de-Maremne, proposant une gamme de produits à base de chanvre. Mais aussi de ses voisins Fabrice Abadia, ancien de Quiksilver et cofondateur de FMS - une société aux activités multiples de plus de 600 salariés tous en situation de handicap - et Thierry Tonuitti, cofondateur de Ouatéco, qui a troqué les articles de surf pour la fabrication d'isolant et, bientôt, de vêtements recyclés.

"Nos sports de glisse aquatiques attirent un public de plus en plus large sur l'ensemble du littoral, surtout ces deux dernières années", souligne Jean-Louis Rodrigues, président d'Eurosima. Autant de nouveaux consommateurs pour les hébergeurs, magasins et restaurateurs locaux. "Sans oublier l'image du surf, qui attire des touristes dans notre région, même s'ils ne sont pas pratiquants", conclut Eric Sargiacomo.

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