Les fabricants français de surf misent sur l'écoresponsabilité

Les initiatives se multiplient pour révolutionner l'industrie du surf, dont les adeptes sont proches de la nature, mais en réalité très dépendants du pétrole. Des jeunes pousses conjuguent la volonté de fabriquer plus écologiquement avec celle de produire plus près de lieux de pratique.
De plus en plus de fabricants de matériels de surf cherchent à relocaliser et décarboner leurs produits.
De plus en plus de fabricants de matériels de surf cherchent à relocaliser et décarboner leurs produits. (Crédits : Nomads)

Alors que le surf véhicule l'image d'un sport soucieux de l'environnement, les équipements principaux pour dompter les vagues, la planche et la combinaison néoprène, sont loin d'être écologiques. "Les planches sont fabriquées en pain de mousse, à base de pétrole, la technologie de production n'a pas évolué depuis soixante ans et elles viennent essentiellement d'Asie", pointe Thomas Cervetti, co-fondateur de Nomads Surfing. C'est fort de ce constat que cet ingénieur civil a décidé en 2017, avec ses amis Basile Gentil, ancien de Nestlé, et Nicolas Thyebaut, ex-responsable des achats chez Airbus, de créer des planches écoresponsables, faites à partir de matières naturelles ou recyclées, recyclables et produites en Europe. "Nous avions été frappés de plein fouet par la pollution plastique durant nos sessions de surf en Asie. C'est là qu'est née notre projet, pour aider à notre échelle à protéger l'Océan", raconte-t-il, rentré depuis peu de Kuala Lumpur, en Malaisie.

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Une fabrication en Europe

Dès le début, Nomads Surfing souhaite produire ses planches à des prix équivalents à celles en mousse et fait équipe avec des partenaires en France et au Portugal. Ainsi, les planches sont réalisées dans l'atelier Surf Factory à Porto et chez Numb à Biarritz. Le grip, la partie où l'on met les pieds, est en liège et a été conçu avec l'entreprise Agglolux de Soustons, dans les Landes. "Ils n'avaient jamais fait de produits pour le surf, tout comme Apa Plasturgie, à Thiers, qui a réalisé le moule pour nos dérives, fabriqués en filets de pêche", détaille Thomas Cervetti, ajoutant avoir la même démarche pour la confection de sacs, t-shirts et autres casquettes.

Nomads Surfing n'est pas le seul à vouloir révolutionner l'industrie de la glisse, surtout cette dernière décennie. Le nombre de jeunes fabricants de planches et bodyboards est estimé à une quinzaine rien qu'en France. Ainsi, l'angloy Notox fabrique des planches entièrement en liège et en fibre de lin, ce qui permet de se passer de wax, autre produit à base de pétrole. Yuyo de Montpellier et Wyve, qui a été incubé à Olatu Lek à Anglet, conçoivent comme Nomads Surfing des planches en déchets plastiques et en biocomposites, mais sur des imprimantes 3D. C'est pour eux la clé de la personnalisation, mais surtout de la relocalisation à grande échelle.

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Monopole mondial sur les combinaisons

Le défi est bien plus grand pour la combinaison en néoprène, également réalisée avec des dérivés du pétrole. Un seul fabricant, le taiwanais Sheico, a le monopole mondial avec 4,5 millions d'exemplaires produits par an. Comptant parmi ses clients aussi bien O'Neill et Patagonia que Picture, marque de sports de glisse écoresponsable fondée en 2008 à Clermont-Ferrand, Sheico "a les manettes et l'innovation est bien plus lente que pour nos vestes de ski par exemple", explique Florian Palluel, responsable du développement durable chez Picture. "Sheico utilise la recette conventionnelle, mais maitrise aussi celles des différentes écoprènes, à base de caoutchouc naturel ou encore de mélanges de pneu et de calcaire. Pour faire baisser le bilan carbone de ce produit, il faudrait pouvoir le fabriquer dans un pays où les usines ne sont pas alimentées par des centrales à charbon", souligne le responsable de Picture, qui intégrera la coquille d'huitre dans ses combinaisons l'an prochain.

De son côté, le français Soöruz utilise déjà ce déchet, car cette entreprise de La Rochelle qui a mis au point "l'oysterprene" l'an dernier. Une innovation qu'elle met à disposition de ses pairs, pour mieux soutenir la vague de l'écoresponsabilité.

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