"Europazon, le made in Europe au meilleur prix", "Stoppons l'importation abusive", "Participez à la relocalisation des entreprises" ! Les slogans brandis par cette nouvelle "marketplace écoresponsable et solidaire" qui ouvrira au mois de juin posent le décor. "Notre objectif est de ne proposer que des produits made in France, made in Europe ou reconditionnés", affirme Xavier Mahieu, PDG de Brazeco, entreprise bordelaise de vente en ligne de bois de chauffage, et président d'Europazon. Derrière ce nom, qui prend volontairement le contrepied d'Amazon, se cache une SAS officiellement créée début 2022 par neuf associés tous originaires de Soulac-sur-Mer, dans le Médoc. Ils combinent des compétences diverses - direction d'entreprise, immobilier, expertise comptable, grande distribution, etc - mais portent surtout l'envie d'agir collectivement pour faire bouger les lignes du e-commerce et en mettre les outils au service du fabriqué en France.
Mobiliser le financement participatif
Avec un capital de départ de 100.000 euros apporté par des fonds propres et des emprunts bancaires, Europazon veut se donner rapidement davantage de moyens en réunissant jusqu'à 10 millions d'euros en plusieurs fois. Mais pas question d'aller chercher de l'argent frais auprès de fonds d'investissement ou de business angels, les associés souhaitent mobiliser le levier du financement participatif. "C'est un élément important à nos yeux, nous ne voulons pas avoir d'actionnaires qui nous mettent la pression sur la rentabilité mais plutôt des sociétaires particuliers qui pourront détenir à terme jusqu'à 90 % du capital de l'entreprise", précise Xavier Mahieu. Une première ouverture de 10 % du capital interviendra au printemps. Si le modèle n'est pas, pour l'instant, celui d'une société coopérative, il pourrait bientôt le devenir.
Dans tous les cas, le défi est immense face à la concurrence des géants du e-commerce déjà bien installés et disposant d'un catalogue inégalable. Si Europazon promet un million de références dès sa mise en ligne au mois de juin, Cdiscount, le leader français, en affiche plus de dix fois plus tandis que l'ogre Amazon propose plus de 350 millions de produits à la vente sur sa marketplace et affirme avoir vendu 11.500 produits par minute rien qu'aux Etats-Unis du Black Friday à Noël 2021.
S'appuyer sur le flux de vendeurs d'Octopia
La logique d'Europazon est précisément de rompre avec cette consommation aussi boulimique que mondialisée. Mais pour y arriver encore faudra-t-il réussir à attirer à la fois suffisamment de vendeurs et d'acheteurs, afin de créer un cercle vertueux. Un écueil sur lequel se sont brisées plusieurs initiatives d'Amazon locaux lancées pendant le Covid.
Conscients de cet enjeu crucial, Xavier Mahieu et ses associés ont donc décidé de se saisir des armes de la concurrence en recourant à la solution de marketplace proposée par Octopia, la filiale de Cdiscount créé l'an dernier. "Octopia est incontournable parce qu'elle va nous apporter un flux de vendeurs très importants dès le premier jour, ce qui nous permet d'afficher ce million de références. Elle propose aussi, via la solution fulfillment de gérer la logistique de stockage et d'expédition des produits", fait valoir Xavier Mahieu. Objectif : proposer un niveau d'expérience client au niveau de celui de la concurrence. "Et c'est un outil standardisé et connu des vendeurs qui pourront donc se brancher très facilement sur Europazon pour augmenter rapidement le nombre de références proposées", ajoute le dirigeant; qui est aussi en recherche active de vendeurs intéressés.
Des niveaux de commissions attractifs
Concrètement, un vendeur de téléphones reconditionnés pourra ainsi s'inscrire à la fois sur Back Market et sur Europazon et une PME française ou européenne vendre simultanément sur Europazon, Amazon ou Cdiscount. Pour enfoncer le clou, Europazon proposera une inscription gratuite, sans abonnement, et une commission inférieure à la concurrence, particulièrement pour les produits reconditionnés. "Nous voulons être compétitifs à la fois pour les vendeurs et les acheteurs mais sans tomber dans le low cost parce qu'il nous faut impérativement conserver des moyens financiers de jouer des coudes pour nous faire connaître avec de la publicité et une campagne marketing", précise le dirigeant. Il se dit aussi convaincu que les consommateurs joueront le jeu du fabriqué en France et en Europe et du reconditionné dans le contexte géopolitique et climatique actuel.
Des partenariats sont ainsi envisagés avec des acteurs de l'économie sociale et solidaire, du reconditionné et de la seconde main tels que le réseau Emmaüs, le réseau Envie ou encore la friperie en ligne Patatam. Et Europazon réfléchit déjà à des déclinaisons de sa plateforme dans les pays voisins, notamment en Espagne.
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