À la Région Nouvelle-Aquitaine, on l'avoue sans peine, les subventions accordées en 2020 aux multiples marketplaces territoriales pour soutenir l'activité des commerçants locaux en période de confinement n'ont pas vraiment porté leurs fruits. Du moins en termes de vente en ligne :
"40 % des entreprises référencées sur ces plateformes n'ont reçu aucune commande", concède le porte parole Bixente Etchecaharreta. Une "expérience mitigée" donc, mais totalement assumée : "Il y avait urgence à reconnecter les consommateurs avec les commerçants. Il fallait agir, et nous l'avons fait".
27 plateformes subventionnées
In fine, près de 1,3 million d'euros auront été alloués à cette opération, à travers deux axes d'actions. D'abord, le soutien aux plateformes existantes, à condition qu'elles abaissent leurs tarifs, musclent leurs dispositifs d'accompagnement et recrutent au moins 50 entreprises régionales. Six marketplaces régionales ont bénéficié de cet engagement, dont le géant Cdiscount, ce qui a permis d'intégrer 2.600 commerçants néo-aquitains :
Ensuite, le déploiement de plateformes locales, via le financement de partenariats noués par ces places de marchés avec des collectivités territoriales, le plus souvent des communautés de communes. La moitié de cette enveloppe, soit 600.000 euros, a été fléchée vers 21 collectivités, avec pour obligation de "faire durer la place de marché au moins un an", précise Bixente Etchecaharreta. Ce dispositif comptabilise 4.270 entreprises inscrites.
"Je perds du temps et je ne vends rien !"
Or, "ce n'est pas parce qu'on décide de créer une marketplace locale qu'elle sera efficace". C'est bien là tout le problème, soulevé par Thomas Labeyrie, co-fondateur et directeur associé de l'agence bordelaise Digital Passengers (marketing et communication sur le web), qui poursuit :
"Les règles sont fixées par les Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple) qui maîtrisent les accès aux différentes plateformes sur internet. Si la marketplace locale n'a pas de notoriété, pas de visibilité auprès des cibles et n'apparaît qu'en 5e page de leur recherche sur Google, ça ne sert à rien. Dans le commerce physique, on dit 'l'emplacement, l'emplacement, l'emplacement', c'est pareil sur le web, ça s'appelle le référencement naturel !"
Et c'est un métier que d'assurer cette visibilité numérique, chronophage qui plus est.
Secrétaire général de l'association La Ronde des quartiers, qui fédère des commerçants bordelais, et par ailleurs PDG de Sports Aventure et référent numérique de la CAMF (Association des aommerçants et artisans de France), David Ducourneau l'a fréquemment entendu chez les commerçants : "Je perds du temps à renseigner des fiches produits et je ne vends rien !". "Le référencement prend beaucoup de temps, du coup, les commerçants enregistrent peu de produits et finalement leur offre est rarement significative de leur catalogue", confirme-t-il.
"Maison de la numérisation"
"Il faut passer à autre chose, passer de la logique 'on a un outil qui fonctionne pour tout le monde' à une offre d'accompagnement ciblée", abonde Éric Malezieux, directeur de l'association. D'où le projet d'une "maison de la numérisation des commerçants", que l'association porte aux côtés de la Région, et aimerait voir ouvrir "courant 2022". Un lieu physique, où les commerçants pourraient se former aux pratiques des réseaux sociaux, se faire aider pour référencer leurs produits sur une plateforme, prendre ces produits en photos, bâtir leurs propres sites... Mais aussi bénéficier d'un soutien logistique pour l'envoi des commandes, autre "levier sur lequel il est important d'agir", ajoute Bixente Etchecaharreta.
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