Au plus fort de la crise sanitaire, la région Nouvelle-Aquitaine a soutenu financièrement une quinzaine de marketplaces - dont le géant C-discount -, pour un coût de près de 1,3 million d'euros. Une stratégie peu payante, puisque 40 % des entreprises référencées sur les plateformes locales n'ont finalement reçu aucune commande, concédait la Région en novembre dernier.
Chronophage, inefficace... Nombre de commerçants ont finalement jeté l'éponge face au faible impact de leur référencement sur ces marketplaces, restées globalement méconnues. Car de fait, comme le pointe Thomas Labeyrie, co-fondateur et directeur associé de l'agence bordelaise Digital Passengers, :
"ce n'est pas parce qu'on décide de créer une marketplace locale qu'elle sera efficace [...] Les règles sont fixées par les Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple) qui maîtrisent les accès aux différentes plateformes sur internet. Si la marketplace locale n'a pas de notoriété, pas de visibilité auprès des cibles et n'apparaît qu'en 5e page de leur recherche sur Google, ça ne sert à rien".
Cette règle d'or, les fondateurs du Périgourdin.fr, plateforme créée par l'agence de communication Artefact Design à Périgueux (Dordogne), l'ont intégrée d'entrée de jeu, en communicant quotidiennement sur les réseaux sociaux. "Facebook joue un rôle central : quand on publie un post sur notre page, nous touchons systématiquement entre 12.000 et 17.000 personnes. Nous avons publié un post sur un restaurant au centre de Périgueux, qui a été vu par 20.000 personnes. Ils ont bouclé leurs réservations sur 15 jours !", confirme Alexandre Boussarie, gérant d'Artefact Design.
Le succès a été tel que l'agence a recruté une personne pour accompagner le développement de la plateforme. Pour autant, le modèle économique fondé sur un abonnement et une commission sur vente, n'assure pas sa survie : "des partenariats privés et publics seront nécessaires" pour éviter d'augmenter le taux de commission, concède le fondateur.
C'est là tout l'enjeu de ces marketplaces, dont les chiffres d'audience - et les subventions publiques - ont fondu comme neige au soleil avec la réouverture des commerces : trouver un modèle économique pérenne. Souvent considérée comme le fer de lance du e-commerce local, mavillemonshopping.fr, travaille ainsi à une offre alliant gratuité et services premiums payants. Depuis le 1er octobre, les commerçants peuvent par exemple souscrire à une offre d'accompagnement et d'intégration de leur catalogue. "Nous travaillons aussi sur une solution permettant de connecter la marketplace au logiciel de caisse, pour que les commerçants puissent gérer leurs ventes à la fois online et offline", précisait en novembre le directeur général Thierry Chardy.
Chez Shop in Limoges en revanche, la stratégie est tout autre. Comme pour boucler la boucle, la plateforme créée en plein confinement pour soutenir les commerçants locaux a ouvert en mai 2021 une boutique dans le centre historique de Limoges, pour leur offrir pignon sur rue.
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