Mesurer les évolutions des déplacements quotidiens des habitants avec la pandémie : c'est l'objectif du sondage d'opinion commandé par Bordeaux Métropole à l'Ifop et réalisé en février dernier (1). L'idée étant d'alimenter les réflexions de l'exécutif métropolitain sur le Schéma des mobilités qui est en cours d'élaboration pour une présentation prévue entre juin et septembre 2021.
Le vélo progresse un peu
Premier enseignement, selon François Kraus, directeur des études de l'Ifop, "les habitants de Bordeaux Métropole sont plus favorables au vélo que dans les autres grandes agglomérations où les gens sont pourtant déjà très vélophiles." Le vélo y est ainsi plus soutenu à Bordeaux qu'ailleurs (77 % d'opinions favorables contre 60 %), sachant que l'usage du vélo est quasiment deux fois plus fort à Bordeaux centre que dans les autres communes de la Métropole (21 % contre moins de 10 % hors Bordeaux). Pour autant, entre octobre 2018 et février 2020, la part du vélo dans les déplacements quotidiens à Bordeaux Métropole n'a progressé que de deux points pour se hisser à 11 %.
Dans le même temps, les véhicules motorisés ont reculé de sept points à 50 %, les transports en commun de trois points à 21 % tandis que la marche à pied a progressé de deux points pour atteindre 10 % et les trottinettes d'un point à 1 %. Ce qui place le total des mobilités douces individuelles à 22 %. Autre évolution marquante, la part de personnes indiquant ne plus se déplacer du tout a bondi de cinq points pour atteindre 7 % ! Un total qui comprend les télétravailleurs mais pas seulement.
Une forte inertie des comportements
Si on la compare à la moyenne des autres grandes agglomérations hors Ile-de-France dans ce contexte post-Covid, Bordeaux Métropole se distingue par un plus faible usage de la voiture (-8 points à 50 %) et des trottinettes (-2 points à 1 %) mais un plus fort recours aux transports en commun (+4 points à 21 %) et au vélo (+4 points à 11 %).
Au total, 78 % des personnes interrogées à Bordeaux Métropole déclarent ne pas avoir changé leurs habitudes de déplacements. Et parmi les 22 % qui l'ont fait, seulement la moitié indique vouloir pérenniser ce changement modal, soit seulement un habitant sur dix. En ce qui concerne les évolutions futures, à la question "Si vous deviez changer de mode de transport pour vous rendre sur votre lieu de travail ou d'étude, lequel privilégieriez-vous ?", la voiture arrive en tête des réponses à 31 %, devant les transports en commun (28 %), le vélo (25 %) et la marche à pied (11 %).
Sécurité, fiabilité, intermodalité
Sans surprise, les personnes interrogées par l'Ifop jugent que pour les convaincre d'adopter un autre moyen de transport au quotidien, il faudrait nettement améliorer l'offre existante pour gagner en efficacité et en sécurité. Pour le vélo, les cyclistes potentiels qui hésitent à s'y mettre demandent d'abord des aménagements cyclables mieux sécurisés tandis que ceux envisageant de se convertir aux transports publics attendent une meilleure fiabilité, fréquence et interconnexion. A noter, que l'un des principaux freins à la marche à pied est également la sécurité. "C'est particulièrement vrai pour les femmes qui nous disent le premier obstacle à leur pratique de la marche à pied c'est le risque de harcèlement et d'agression physique ou verbale", souligne François Kraus. Enfin, pour améliorer les conditions de déplacement, le premier chantier cité à 87 % est l'amélioration des connexions entre les différents modes de transport : voiture, bus et tramway.
Plus globalement, si le soutien spontané des habitants aux actions menées par les pouvoirs publics en matière de mobilité est plus élevé à Bordeaux Métropole qu'ailleurs, les usagers quotidiens se déplaçant en voiture ou en transport en commun ne sont que 55 % à estimer qu'il est facile ou plutôt facile de circuler, soit 11 points de moins que dans les autres grandes agglomérations. La part jugeant les conditions de circulation "très difficiles" atteint même 14 %, soit le double des autres grandes agglomérations !
Qu'en retient Bordeaux Métropole ?
Alain Anziani, le président (PS) de Bordeaux Métropole et maire du Bouscat, tire cinq leçons de ce sondage d'opinion. "Le premier c'est que la part du vélo augmente de façon sensible à Bordeaux Métropole et que la question de la sécurité doit être prioritaire. Le deuxième c'est qu'il demeure un attachement fort à la voiture parce qu'elle est utile, agréable, pratique et rapide et qu'il faut donc offrir de meilleures alternatives. Le troisième c'est la demande forte de plus de ponctualité, de fréquence et de confort dans les transports en commun. Le quatrième c'est qu'il y a encore beaucoup de travail pour faciliter la marche à pied notamment en libérant les trottoirs et, enfin, le cinquième c'est la pertinence du projet de RER métropolitain qui a un vrai potentiel pour résoudre ces questions de mobilité à l'intérieur de la Métropole et avec les territoires voisins."
Fort du succès de la liaison en car entre Bordeaux et Créon, Clément Rossignol-Puech, le vice-président (EELV) en charge des stratégies des mobilités et des mobilités alternatives, confirme qu'une liaison est en cours de création avec Saint-André-de-Cubzac et "qu'entre dix et quinze autres lignes devraient voir le jour à terme à condition que chaque territoire concerné prenne la compétence et participe au financement."
(1) Sondage réalisé par téléphone du 9 au 15 février 2021 auprès de 1.508 habitants des 28 communes de Bordeaux Métropole âgés de 18 ans et plus et sélectionnés selon la méthode des quotas. La marge d'erreur est comprise entre 1 et 3,1 points.
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