[Article mis à jour le 27/01/21 avec des précisions de Catherine Fabre]
Leur appel aura été entendu. Publié le 8 janvier dernier par La Tribune, le Manifeste de quatre espaces de coworking bordelais pour un soutien plus efficace des pouvoirs publics a retenu l'attention de la députée girondine Catherine Fabre (LREM). "Leurs propositions ont du sens", estime-t-elle auprès de La Tribune, annonçant les avoir portées auprès de la ministre du Travail Élisabeth Borne, lors d'une réunion mercredi 20 janvier.
D'après Catherine Fabre, "le sujet du coworking est bien identifié par la Ministre, qui veut développer les différents modes de télétravail et réfléchit à la manière d'encourager le déploiement de ces tiers-lieux." Il reste désormais à savoir comment, car en l'état, le cadre réglementaire joue pour l'instant plutôt en leur défaveur.
Incohérence
"Nous avons eu le droit de rester ouverts sur le deuxième confinement, mais les entreprises ont eu pour injonctions d'organiser le télétravail à la maison lorsqu'il était possible", résume Sandrine Marzat, propriétaire de La Girafe et signataire du Manifeste, dénonçant une incohérence mortifère pour son activité.
"Il faut nous laisser accueillir des salariés en période de confinement, dans le respect bien sûr d'un protocole sanitaire très strict. Nous l'avons mis en place, il a fait ses preuves, et protégé les travailleurs indépendants que nous avons pu accueillir", défend-elle, alors que se profile déjà le spectre d'un troisième confinement.
Réussir à passer la vague
Malgré une perte moyenne de 30% de leur chiffre d'affaires, les gérants de ces "petits" espaces indépendants qui ont fleuri ces dernières années à Bordeaux restent convaincus que les beaux jours sont devant eux, à condition de passer la crise.
"Quand la situation sera stabilisée, nous récolterons les fruits d'une généralisation du télétravail", veut ainsi croire Fabrice Jeannet, gérant du Coolworking. Mais en attendant son activité est "clairement menacée", avec la perte de 50.000 euros de chiffre d'affaires en 2020.
Financièrement, La Girafe aussi se trouve à un moment charnière : la facture du report d'échéance de prêt que lui avait accordé sa banque en mars dernier vient de tomber : 15.000 euros, "pour suspendre un remboursement de 4.000 euros mensuels pendant six mois", chiffre, amère, Sandrine Marzat. "Le télétravail a fait la preuve de son efficacité pendant les confinements, c'est de bon augure pour nous, mais il ne faudrait pas que l'on crève avant..."
S'appuyer sur l'Apec, Pôle Emploi et les CCI
Ces gérants attendent donc des pouvoirs publics qu'ils incitent les entreprises à s'appuyer sur le coworking pour déployer le télétravail, par exemple en contribuant financièrement aux abonnements de leurs salariés. "Un peu comme sur le modèle des tickets resto, où entreprises et salariés peuvent financer chacun une part du dispositif", illustre Eric San Augustin, propriétaire du Wigi.
"Nous pouvons aussi accueillir les salariés en reconversion : nos espaces sont des lieux de convivialité, à taille humaine, où il sera plus facile d'amortir le choc d'une nouvelle vie professionnelle", poursuit-il. D'où la volonté de s'appuyer sur des structures comme l'Apec, Pôle Emploi ou les CCI, "qui pourraient intégrer dans les aides à la création d'entreprise un abonnement dans un espace de coworking". Autant de propositions "en cours d'instruction par les services de la ministre, qui en étudient la pertinence et la faisabilité", assure Catherine Fabre.
La députée fait également part de nouveaux échanges avec le cabinet d'Élisabeth Borne, selon lequel certains dispositifs allant dans le sens des propositions des gérants de coworking bordelais sont déjà en cours de déploiement. La direction régionale Pôle emploi Nouvelle-Aquitaine a par exemple acheté 3200 tickets sur la plateforme Base 10 (qui organise la mise en relation entre des entreprises, des collectivités ou des tiers-lieux ayant des locaux libres et des personnes en recherche d'espace de travail), pour les mettre à disposition gratuitement des demandeurs d'emploi porteurs de projets de création d'entreprise. "Les autres propositions [listées dans le Manifeste] sont encore en cours d'instruction", précise Catherine Fabre.
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