"La crise a révélé la nécessité de créer un statut pour les espaces de coworking" (3/4)

Près de deux mois après le début du déconfinement, le réveil reste difficile pour nombre de « petits » espaces de coworking bordelais. À la tête de l'association Comet, créée en 2018 pour fédérer ces indépendants, Éric Deup, gérant de La Couveuse à films, et Éric San Augustin, gérant de Wigi coworking, dressent le constat d'un écosystème fragilisé. Qui aurait d'autant plus intérêt à s'organiser pour peser dans un marché de plus en plus concurrentiel.
(Crédits : Agence APPA)

LA TRIBUNE - L'écosystème des coworking bordelais indépendants a-t-il résisté à la crise du Covid-19 ?

Eric DEUP - Il est encore trop tôt pour le dire. Nous savons que certains ont définitivement fermé ; et que pour beaucoup, le confinement a engendré une perte sèche des revenus. À titre personnel, je ne me suis pas senti par exemple de demander à mes coworkers de payer leur loyer sachant que je baissais le rideau. On a fonctionné au système D pour tenir (voir article) mais si je n'avais pas eu d'autre activité à côté, j'aurais clairement dû mettre la clé sous la porte.

Eric SAN AUGUSTIN - Indéniablement, les petits ont beaucoup souffert. D'autant qu'avant la crise, ils étaient déjà occupés à essayer de s'en sortir face à la progression de grands groupes spécialisés dans les bureaux partagés. S'il le fallait, cette crise a confirmé que pour survivre en tant qu'espace de coworking, il faut disposer d'une surface minimum, de 500 m2 ou 600m2.

Vous avez justement créé Comet pour fédérer ces espaces de petites tailles, où en est l'association ?

ESA : L'idée de départ était en effet de nous réunir, pour partager les bonnes pratiques, échanger, pourquoi pas mutualiser certains achats type assurance ou mutuelle, créer une centrale commune de réservation... Mais tout cela demande du temps et des moyens, qui sont difficiles à dégager car nous sommes tous des entrepreneurs indépendants avec un business à faire tourner.

Cette crise n'a-t-elle pas révélé aussi la nécessité de parler d'une même voix, et renforcé au passage la pertinence de l'association ?

ESA : Si bien sûr, d'autant que nous n'avons pas vraiment eu le droit de cité. Personne ne sait où nous caser : nous ne sommes ni un commerce, ni un restaurant, ni un bar, et un peu de tout cela à la fois...

ED : C'est clairement la question du statut des coworking qui se pose, il y a là un vrai vide juridique, et c'est à cela que doit servir l'association : défendre la création d'un tel statut pour sécuriser les indépendants.

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