"Le soutien des espaces de coworking doit faire partie du plan de relance ! "

OPINION. Malmenés par la crise sanitaire et économique, quatre espaces de coworking indépendants bordelais tirent la sonnette d’alarme dans La Tribune. Le Coolworking, la Girafe, le Wigi et le MOTA-Coworking subissent une baisse d’activité sans précédent : leurs gérants appellent les pouvoirs publics à s’appuyer sur les tiers-lieux qui constituent une des réponses à la sortie de crise.
Les espaces indépendants de coworking, ici le Coolworking, dirigé par Fabrice Jeannet, subissent de plein fouet les conséquences du confinement.
Les espaces indépendants de coworking, ici le Coolworking, dirigé par Fabrice Jeannet, subissent de plein fouet les conséquences du confinement. (Crédits : Coolworking)

Dix mois après le début de la crise sanitaire, nos coworkings indépendants font face à une situation extrêmement précaire. Nous estimons avoir joué le jeu et respecté à chaque fois les consignes gouvernementales : fermeture administrative et mise en conformité de nos locaux avec les protocoles les plus stricts. Une vague de résiliations directement imputable à la crise sanitaire et économique a entraîné une baisse de nos chiffres d'affaires d'environ 30 % sur l'année 2020.

Le futur du travail s'écrira dans les espaces de coworking mais nous pourrions ne plus être là pour le voir.

Contrairement aux nouveaux espaces de coworking qui ont poussé ici et là dans les métropoles, nous ne sommes adossés à aucun grand groupe immobilier. Nous sommes des TPE. Nous sommes entrepreneurs. Nous avons choisi de créer des lieux à taille humaine, pour favoriser l'entrepreneuriat et les synergies entre travailleurs de différents secteurs. Nous croyons fermement que le futur du travail s'écrira dans les espaces de coworking :

  • D'une part, parce que le coworking permet aux salariés et indépendants de travailler dans des conditions optimales, à la fois matérielles et sociales. Le lien humain de nos espaces de travail partagés est source de créativité et de motivation, de décloisonnement des secteurs, de collaborations multiples. A l'inverse, la crise est en train de montrer les effets dangereux du télétravail à domicile sur le long terme : pathologies liées à une ergonomie défaillante, risque d'isolement, démotivation, effacement progressif de la frontière vie professionnelle/vie privée. La réalité du télétravail à la maison, c'est qu'il est incompatible avec la garantie de la qualité de vie au travail.
  • D'autre part, parce que le coworking offre une flexibilité particulièrement recherchée par les entreprises : un engagement limité, une possibilité d'agrandir ou de réduire la voilure à tout moment, et un coût de revient souvent inférieur à celui d'un local. Cette prestation clé en main est par ailleurs vertueuse en termes de pratiques RSE : réduction de l'impact environnemental (via la mutualisation des services) et grande qualité de la vie au travail (notre cœur de métier !)

Avant la crise, le coworking était déjà la réponse à ces problématiques, il le sera d'autant plus que le télétravail s'est massivement généralisé. Sans conteste, le coworking sortira renforcé lorsque la crise sera derrière nous. Il faut à ce titre qu'il devienne un élément incontournable de cette évolution sociétale.

Lire aussi : "A ce stade, le télétravail n'a pas d'impact sur les stratégies immobilières des entreprises"

Selon l'Accord national interprofessionnel du 24 novembre 2020 pour une mise en œuvre réussie du télétravail, "le télétravail peut s'exercer au lieu d'habitation du salarié ou dans un tiers-lieu, comme par exemple un espace de coworking, différent des locaux de l'entreprise (...) En tout état de cause, la mise en œuvre du télétravail doit être compatible avec les objectifs de performance économique et sociale de l'entreprise."

Le succès de cet accord passera par trois mesures que nous appelons de nos voeux :

  • 1) Permettre aux espaces de coworking qui s'engagent à respecter les mesures sanitaires (distanciation sociale, port du masque, gel hydroalcoolique, etc.) de recevoir leurs abonnés ainsi que de nouveaux télétravailleurs lors des périodes de confinement.
  • 2) Encourager les employeurs à participer aux abonnements en espaces de coworking au même titre qu'ils sont encouragés à dédommager le télétravail à domicile de leurs salariés (connexion internet, équipement, etc.)
  • 3) Inclure, dans le cadre des dispositifs d'aide à la création d'entreprises dispensés par Pôle emploi et les CCI, un abonnement de trois à six mois à un espace de coworking.

L'entrepreneuriat est l'une des clés de la relance économique. La fermeture de nombreuses entreprises va entraîner des reconversions, parmi lesquelles de nouvelles vocations d'entrepreneur-e. Or, le lancement d'une entreprise est un chemin semé d'embûches, un virage crucial que l'espace de coworking permet d'accompagner sereinement. Parce qu'il regorge de partages d'expériences et de réseaux professionnels, l'espace de coworking est un terreau fertile pour l'entrepreneuriat.

Nous appelons donc nos élus, locaux et nationaux, à inclure le coworking dans la stratégie de relance économique via ces trois propositions qui conditionnent à la fois la survie de nos espaces de coworking et contribuent pleinement à la reprise économique.

Signataires :

Fabrice Jeannet, Gérant du Coolworking, Eric San Augustin, Gérant du Wigi, Sabine Marzat, Gérante de la Girafe, Laure Grimaldi, Gérante du MOTA-Coworking.

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Retrouvez également notre dossier sur le sujet publié en juillet 2020 :

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