Aéroport de Bordeaux : vers un accord politique local sur la navette Air France ?

Lors du dernier conseil de surveillance de l'aéroport de Bordeaux Mérignac, un scénario s'est dessiné au sujet de la navette Air France vers Paris-Orly à l'arrêt depuis juillet : le passage à six aller-retour par jour en semaine, contre une dizaine avant la crise. Il reste à convaincre le gouvernement. Parallèlement, l'aéroport devra faire face à un trou d'un trentaine de millions d'euros en 2020 puisque le trafic s'est durablement effondré, retombant à son niveau d'il y a vingt ans.
(Crédits : Aéroport Bordeaux-Mérignac)

Il n'a jamais été aussi facile de s'y garer ! Les 5.600 places de parking de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac restent pour la plupart désespérément libres en ce mois de septembre, avec des conséquences dramatiques pour des entreprises telles que Blue Valet. Il faut dire que la plateforme tourne à vide, ou presque, malgré le déconfinement, avec seulement une soixantaine de vols opérés par jour contre 230 rotations quotidiennes l'an dernier à la même période. Ce qui représente une chute effarante de l'activité de -73 % ! Résultat, après le record de 7,7 millions de passagers atteint en 2019, l'année 2020 devrait se conclure sous la barre des trois millions de voyageurs, soit un retour à la jauge de la fin des années 1990 et du début des années 2000.

Un trou de 30 millions d'euros en 2020

Principale conséquence : l'exercice 2020 devrait accuser un résultat négatif évalué désormais entre -28 et -32 millions d'euros, soit une aggravation de la situation par rapport aux -15 millions d'euros estimés en juillet dernier. De quoi trancher avec les dix millions d'euros de résultat positif enregistrés l'an dernier. Dans ce contexte toujours plus inquiétant, le conseil de surveillance de l'aéroport, qui réunit les représentants de l'Etat, de la CCI Bordeaux Gironde, de la Région, du Département et de Bordeaux Métropole, Bordeaux et Mérignac, ont acté mi-septembre plusieurs décisions à l'unanimité.

La première est le maintien du plan d'investissement de 169 millions d'euros voté fin 2019 pour moderniser et verdir l'aéroport bien que toute une partie soit désormais gelée. "Tous les investissements liés à l'environnement et à l'objectif d'aéroport zéro carbone en 2030 sont maintenus. En revanche, les réalisations du parking silo et du terminal Billy 3 seront décalées, tout comme le terminal de jonction", précise Patrick Séguin, le président de la CCI Bordeaux Gironde. Il s'agissait avant tout d'investissements capacitaires qui n'ont plus grand sens dans le contexte actuel. Ces nouvelles infrastructures sont donc gelées jusqu'à nouvel ordre. Parallèlement, comme indiqué en juillet, aucun dividende ne devrait être versé aux actionnaires pendant trois ans.

Lire aussi : L'aéroport de Bordeaux-Mérignac en zone de turbulences prolongées

Six aller-retour quotidiens ?

La seconde décision, d'ordre plus politique et symbolique, concerne un éventuel redémarrage de rotations quotidiennes par Air France entre Bordeaux Mérignac et Paris-Orly, la fameuse navette Air Franc. Bien que les courriers envoyés à plusieurs reprises au gouvernement par les élus locaux, la CCI et les associations BAAS (Bordeaux Aquitaine aéronautique et spatial) et Aerospace Valley restent toujours sans réponse, les acteurs locaux restent mobilisés :

"On a collectivement évalué les besoins post-Covid et tous les membres du conseil de surveillance ont estimé qu'un scénario de six aller-retour quotidiens en semaine - trois le matin et trois le soir - serait raisonnable et consensuel", assure Patrick Séguin, qui a demandé une réunion de travail avec la préfète de région sur ce sujet.

Le président de la CCI assure ainsi que Pierre Hurmic, le maire EELV de Bordeaux, s'est montré plutôt favorable à une telle hypothèse tandis que la mairie de Bordeaux affirme à La Tribune que l'édile s'est "désolidarisé de la motion pour les six aller-retour quotidien, préférant le scénario d'un aller-retour le matin et d'un autre le soir". Il semble néanmoins que le nouveau maire de Bordeaux ne s'opposera pas frontalement à un consensus local, préférant opter pour une abstention et/ou un laisser-faire sur ce sujet sur lequel il n'a, de toute façon, pas la main malgré ses prises de positions électorales.

De quoi convaincre l'Etat de changer d'avis ?

Le scénario des six aller-retour représenterait une solution de relatif compromis entre, d'une part, les dix aller-retour quotidiens et 560.000 passagers annuels d'avant la crise et, d'autre part, l'arrêt pur et simple de la navette Air France décidé par le gouvernement dans le cadre des aides publiques massives accordées à Air France et soutenu par le maire écologiste de Bordeaux pendant la campagne électorale.

Pour autant, l'émergence de ce consensus local ne signifie pas un redémarrage de la navette à court ou moyen terme puisqu'il faudra encore convaincre le gouvernement de changer d'avis sur ce sujet particulièrement sensible pour la filière aéronautique qui pèse 900 entreprises et 57.000 emplois dans la région. Actuellement, et depuis le mois de juillet, Air France n'assure plus aucune liaison aérienne entre Bordeaux-Mérignac et Paris-Orly.

Lire aussi : La situation se gâte : Air France veut du chômage partiel pendant deux ans. Suffisant ?

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Commentaire 1
à écrit le 01/10/2020 à 14:14
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Et puis, c'est bête mais l'intercommunalité vient de dépenser un fric fou pour mettre en place une ligne de tramway inachevée à l'heure actuelle.

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