Pivot, télétravail, licenciements : l'inévitable adaptation des startups pendant la crise

Comment les startups traversent-elles la crise sanitaire et économique ? A l’occasion de la sortie du Startupper 2020 ce mardi 15 septembre à Bordeaux, Loisirs Enchères, Trésoria et Blue Valet ont exposé leur situation et leur stratégie tandis que la technopole Bordeaux Unitec a levé le voile sur la situation des 120 startups qu’elle accompagne. Au menu : télétravail, activité partielle, gel des embauches voire licenciements, mais aussi pivot d’activité.
Loisirs Enchères, Trésoria, Unitec et Blue Valet ont participé à la table-ronde du lancement de la 5e édition du Startupper Bordeaux.
Loisirs Enchères, Trésoria, Unitec et Blue Valet ont participé à la table-ronde du lancement de la 5e édition du Startupper Bordeaux. (Crédits : Agence APPA)

Plus de 200 jeunes pousses de la métropole bordelaise sont recensées dans la 5ème édition du Startupper, officiellement disponible depuis ce mardi 15 septembre. Un classique désormais de l'écosystème bordelais. Mais comment ces startups traversent-elles la crise sanitaire et économique ? C'est la question que La Tribune a posé à trois d'entre elles tandis que l'accélérateur Unitec prenait la parole au nom des 120 startups qu'elle accompagne dans des termes plutôt rassurants. "65 % sont dans une situation normale, 23 % dans une situation délicate contre 33 % en juin dernier, et 13 % sont dans une situation difficile contre 14 % en juin", a ainsi cadré Laurent-Pierre Gilliard, directeur innovation chez Unitec.

Dix licenciements chez Blue Valet

"Au moment de la création, les entreprises sont plus fragiles mais plus mobiles et plus souples, avec des charges très faibles. Pour celles qui en sont au stade de développement, tout dépend de leur chiffre d'affaires. Il y a celles qui ont explosé dans le bon sens et celles pour qui l'activité s'est brutalement arrêtée notamment dans les secteurs du tourisme ou de l'événementiel", reconnait Laurent-Pierre Gilliard, à quelques nuances près.

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Avec un chiffre d'affaires en baisse de 100 % en quelques jours et un chômage partiel à 95 %, Blue Valet, qui propose un service de voiturier dans les gares et les aéroports, n'a ainsi pas eu d'autre choix que de licencier dix des 40 salariés du siège de Mérignac sur les 150 salariés que compte l'entreprise. Malgré tout, après quatre prêts dont un prêt garanti par l'Etat, elle assure pouvoir tenir 18 mois en attendant une levée de fonds décalée au plus tôt à fin 2021. Pour l'heure, elle travaille à la diversification au maximum de ses activités BtoB et BtoC : services additionnels (lavage, entretien, contrôle technique, location entre particuliers, etc.) pour améliorer le panier moyen.

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Rebondir vers l'e-commerce

La diversification, c'est justement ce qui a "sauvé" la startup Loisirs Enchères qui a créé en 2014 un site de loisirs et voyages aux enchères. "Avant la crise, le voyage représentait 70 % de notre chiffre d'affaires, aujourd'hui, on est à 30 %. Nous avons du opérer un pivot en urgence en nous lançant dans la vente de produits loisirs et de cours en ligne. C'est quelque chose que nous voulions développer, la crise nous a obligé à accélérer le plan", reconnait Nicolas Lauret, directeur marketing digital de Loisirs Enchères, société qui compte désormais une cinquantaine de salariés. Pour autant, les embauches ont été gelées.

"La notion de pivot n'est pas nouvelle. La plupart des startups que nous accompagnons en opèrent au moins un au cours de leur passage chez nous. Mais ces temps-ci tout s'accélère", témoigne Laurent-Pierre Gilliard.

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Sans parler de pivot, Trésoria, fintech bordelaise qui aide, depuis 2018, les TPE et PME à assainir leur trésorerie et à trouver des solutions de financement, a pour sa part lancé une nouvelle offre, Tréso Diag, pendant la crise, l'idée étant de proposer aux chefs d'entreprises une heure d'expertise pour préparer la reprise. "Depuis cet été, on devient aussi un logiciel en mode SaaS pour s'adresser aux banques traditionnelles qui basculé massivement dans le travail à distance avec le confinement. Nous leur proposons nos outils et services afin d'améliorer l'expérience du financement professionnel", explique Aurélie Sergent, cofondatrice et directrice générale de Trésoria.

Startupper 2020

Nicolas Lauret, Aurélie Sergent et Laurent-Pierre Gilliard (crédits : Agence APPA).

Redémarrer par paliers

Trésoria est l'exemple même de la startup qui n'a donc pas stoppé son activité et connaît même une accélération de ses perspectives. "Nous avons surtout fait travailler les développeurs informatiques en revanche les treize salariés étaient en télétravail. Six mois plus tard, nous faisons tourner les équipes avec une semaine de télétravail sur deux", détaille Aurélie Sergent. Chez Loisirs Enchères, 50 % des salariés ont émis le souhait de revenir au bureau. En revanche l'activité partielle est maintenue.

"Nous reprenons en fonction du chiffre d'affaires. On y va par palier, on est encore très prudent tout en anticipant ce qui peut l'être", explique Nicolas Lauret.

L'activité a également repris chez Blue Valet. "Nos résultats sont extrêmement corrélés à la reprise du trafic : Air France était, cet été, à 35 % de son activité habituelle et vise 50 % en fin d'année. Nous sommes exactement sur cette tendance et espérons même mieux terminer 2020", explique Véronique Combaud, la directrice marketing.

Pour Bordeaux Unitec, un nouvel état des lieux sera nécessaire début 2021. "Un grand nombre de trésoreries devraient tenir jusqu'en décembre. Mais pour aller chercher du chiffre d'affaires, il y a la problématique des salons qui ne reprennent pas. Une solution peut être ? Travailler avec des grands groupes qui se montrent de nouveau intéressés par les propositions des startups", relaie Laurent-Pierre Gilliard de Bordeaux Unitec. Loisirs Enchères a justement été approché par un grand groupe hôtelier, sans plus d'information à ce stade. Cependant, tous les nuages ne se sont pas dissipés, loin de là : "Si de belles levées de fonds se sont conclues pendant et à la sortie le confinement, nous sentons plus de réserve aujourd'hui", conclut Laurent-Pierre Gilliard, alors que le manque de visibilité à court terme caractérise désormais la plupart des marchés.

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