Une histoire qui se termine de manière aussi foudroyante qu'inattendue. "Notre marché c'est l'évènementiel et, à partir de la mi-février, tous nos clients ont annulé leurs commandes en l'espace de seulement quelques jours. A tel point que le 1er mars, c'était déjà terminé puisqu'on était à la fois short en trésorerie et sans aucune perspective commerciale", témoigne auprès de La Tribune, François-Xavier Bodin, co-fondateur de la startup Linguali. L'entreprise, créée en 2014 à Bordeaux avec James Anderson, puis accompagné par le Village by CA, a été formellement mise en liquidation judiciaire le 1er avril dernier.
La startup restait pourtant sur un chiffre d'affaires de 350.000 € en 2019 et une croissance de 100 % par rapport à 2018. Parmi la centaine de références en portefeuille, principalement en France, plusieurs clients devenus fidèles dont l'Oréal et Microsoft. Le cœur de sa proposition de valeur : une application mobile, non brevetée, pour les congrès, meetings et événements permettant d'écouter l'interprète de conférence sans les casques traditionnels. Un développement de l'offre en Saas (logiciel en tant que service) était initié mais restera lettre morte. La liquidation de Linguali laisse quatre salariés et deux associés le bec dans l'eau.
Le couperet est tombé si rapidement que les deux dirigeants n'ont rien pu faire ou presque. D'autant qu'à cette date, au 1er mars, les prêts garantis par l'Etat et autres dispositifs spécifiques au confinement, lancés le 27 mars, n'existaient pas encore. "L'arrêt de l'activité a été vraiment brutal... Honnêtement, on n'a pas eu vraiment le loisir de réfléchir, ni d'agir. On a tendu des perches ici ou là, notamment à l'étranger pour un adossement ou un rachat mais ça n'a rien donné. Ce n'est pas un marché de tendres...", explique François-Xavier Bodin. Et s'il reconnaît une trésorerie peut-être trop vulnérable, l'entrepreneur insiste sur le caractère totalement imprévisible de la situation :
"Avec le Covid-19, on est en dehors de tous les cadres habituels de réflexion stratégiques et de prise en compte des risques. On avait regardé les risques pays, les risques de change, les risques économiques mais là... Là c'est autre chose qu'on ne pouvait pas anticiper et qui est impossible à gérer sauf à avoir un à deux ans de trésorerie pour fonctionner en tournant à vide, ce qui n'était pas envisageable pour notre modèle."
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