Au Front : "Comment sauver les walking dead de la tech ? "

LE MONDE D'APRES. Pendant toute la durée du confinement, La Tribune ouvre ses colonnes à l’entrepreneur bordelais Guillaume-Olivier Doré pour "Au Front", une chronique quotidienne sur les initiatives locales face à la crise sanitaire et économique, pour préparer la riposte et bâtir le monde d'après.
Au Front : une chronique quotidienne le temps du confinement pour présenter des initiatives locales et régionales qui préparent le monde d'après la pandémie.
"Au Front" : une chronique quotidienne le temps du confinement pour présenter des initiatives locales et régionales qui préparent le monde d'après la pandémie. (Crédits : Raising the Flag on Iwo Jima, by Joe Rosenthal. 1945)

Cela devait être le thème de ma chronique d'hier mais j'ai attendu d'avoir des informations plus précises pour l'étayer. La voici.

Plus de 20 %, c'est la croissance de nombre de création d'entreprises créées dans la Métropole en 2019, essentiellement dans le secteur du digital, qui est devenu la principale source d'attractivité de la région. C'est plus que Paris. Oui. Ou c'était plutôt...

Ce foisonnement crée des emplois (en moyenne, les entreprises du secteur technologique embauchent 20 % d'effectifs chaque année en plus) et, dans un écosystème qui compte au total environ 50.000 salariés, cela représente plus de 10.000 créations d''emplois par an. C'est un chiffre brut, mais qui montre l'importance de ce secteur dans la dynamique de l'emploi.

Dans cet écosystème, il y a évidemment des grands groupes, des ETI, des PME et des startups. Face à la crise actuelle, les grands groupes et ETI sont relativement bien outillés et les PME bénéficient naturellement du soutien des banques à travers le fameux Prêt garanti par l'Etat, le PGE. Pour autant, ça n'est pas ces trois catégories qui sont les plus créatrices de nouveaux emplois, loin s'en faut.

Lire aussi : [REPLAY VIDEO] Crise économique : les banques peuvent-elles sauver les entreprises et redémarrer l'économie ?

Les jeunes pousses technologiques, ce sont elles les plus grandes pourvoyeuses de nouveaux emplois. Pour celles de ces startups qui sont en phase de création, il reviendra à leurs fondatrices et fondateurs de repenser le délai de mise en œuvre du projet qui n'est souvent pas dans une phase de recrutement fort. A l'autre extrême, les quelques licornes françaises dont certaines sont implantées en Nouvelle Aquitaine ne sont pas elles dans une zone de risque fort : financées par des "Venture Capitalists" à coup de dizaines ou centaines de millions d'euros, elles vont subir une retard sur leurs objectifs, mais leurs dirigeants affirment qu'ils n'envisagent pas de changer le cap.

A ce titre, le sondage du Galion Booster est édifiant puisqu'il montre que seulement 20 % des entrepreneurs interrogés imaginent mettre en œuvre un plan de licenciement dans les mois à venir. Un prisme qui masque toutes les startups en phase de décollage et qui voient leur trajectoire impactée par l'arrêt brutal de l'économie. Sachant que, comme dans chaque crise, l'économie effectue un retour aux fondamentaux et plaide pour limiter les innovations, optant pour des "must have" plutôt que des "should have". Mais, comme on dit, "c'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens..."

Mais vous allez me dire "elles ont aussi accès au PGE" ces startups en croissance. Hé bien c'est un peu plus compliqué que cela : quand Gérald Darmarin précise aux banques qu'elles doivent aussi "faire leur boulot" et ne pas soutenir avec le PGE des entreprises dont la survie était déjà fragile, ces mêmes banques jettent le bébé avec l'eau du bain et englobent aussi toutes ces entreprises technologiques dont le chiffre d'affaire est modeste mais en forte croissance, le bilan en pertes, mais avec des fonds propres solides.

Pas une journée sans qui ne soit remonté ce type de réaction. Ne jetons pas la pierre au banques : on leur demande de faire le "sale boulot" et il est complexe, dans cet environnement, de distinguer clairement ceux qui ont un avenir économique et les autres, tout particulièrement dans la tech... Et cette fois l'effort de pédagogie doit venir aussi de ces startups elles-mêmes.

Fort heureusement, ce "trou dans la raquette" est identifié et Bpifrance et la Région y remédient, mais on s'attend néanmoins à une véritable hécatombe. En particulier, celles qui, en phase de forte croissance, ne disposent pas de suffisamment de ressources pour financer un plan de réduction des coûts et en même temps financer leurs pertes d'ici la fin de l'année (je peux vous en citer au moins cinq...). Ce sont eux les "walking deads". Et visiblement, ça n'est pas du côté de la mission French Tech à Paris, actuellement aux abonnés absents, qu'il faut s'attendre à du soutien...

Pourtant il ne faut pas l'oublier : ce sont ces mêmes entreprises technologiques qui font à la fois l'emploi, l'attractivité du territoire, et le tissus urbain de demain. Il est urgent de les identifier et de leur apporter un soutien spécifique, sans quoi les efforts menés conjointement par tout l'écosystème depuis cinq ans sera perdu...

C'est donc à nous de traiter ce sujet. Maintenant ! Lançons une cellule d'urgence locale ?

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