L'Office de tourisme et des congrès de Bordeaux métropole, et l'opérateur Congrès et expositions de Bordeaux (CEB) s'accordent pour le dire. L'année 2020 devait être une très belle année avec de gros événements, notamment les championnats du monde vétérans de tennis de table reportés au printemps 2021, la Robocup également repoussée à l'année prochaine ou encore le sommet France-Afrique.

"A ce stade, 90 événements ont été annulés de mars à début juillet", annonce Stéphane Kintzig, directeur général de CEB qui accueille, à l'année, plus de 300 événements qui représentent entre 900.000 et 1 million de visiteurs sur cinq sites : le Parc des expositions, le Palais 2 l'Atlantique, le Palais des congrès, le Hangar 14 et la Cité mondiale.

"Nous produisons nous-mêmes une dizaine d'événements, notamment la foire internationale de Bordeaux reportée au mois de novembre, le salon du jardin annulé, Electric Road, annulé également", énumère Stéphane Kintzig."Nous n'avions jamais connu un choc aussi instantané et aussi fort", complète-t-il.

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17 M€ de manque à gagner pour CEB

Pour tous les organisateurs, le constat est identique. Il y a eu des dépenses, en ressources humaines et communication notamment, mais il n'y aura pas de recettes. Le challenger de Bordeaux Primrose, tournoi de tennis dont l'édition a été annulée cette année, avait ainsi engagé 140.000 € sur un budget global de 800.000 € en moyenne.  "Nous avons annulé relativement tôt donc l'impact financier a été limité", reconnait Bernard Dupouy, président de la Villa Primrose. CEB parle, pour sa part, d'un manque à gagner de 17 M€, soit près de la moitié du chiffre d'affaires annuel de CEB (35 M€).

Pas de recours possible toutefois aux assureurs. "Nous n'avons pas d'assurance annulation ou report. Nous portons le risque financier", assure Stéphane Kintzig. "De toute façon, nous ne sommes pas assurés contre les pandémies", expliquent plusieurs organisateurs.

Aides et nouveaux partenaires

"Tout le monde subit. Nous n'avons en ce qui nous concerne aucun problème avec notre assureur. Nous utilisons notre énergie au montage de dossiers dans le but de bénéficier d'aides, car une chose est sûre nous ne laisserons pas d'ardoise", insiste Sébastien Lussagnet, directeur du festival de musiques ODP de Talence, à Bordeaux Métropole, dont l'édition 2020 a été annulée.

Report ou annulation ? Chaque organisateur a pesé le pour et le contre. "Derrière chaque événement, il y a une filière qui a été consultée. Typiquement cela n'avait pas de sens de reporter le salon du Jardin à l'automne", explique Stéphane Kintzig.  "Le choix est aussi lié à la validation ou non du plan de financement", assure, pour sa part, Nicolas Pereira, organisateur du World Impact Summit (WIS), initialement prévu fin mai et reporté du 29 au 31 octobre. "Pour nous, en l'occurrence, il était bouclé même si en moyenne, 30 % des partenaires ne repartiront pas. Notre travail consiste donc aujourd'hui à mobiliser de nouveaux partenaires mais aussi à définir le format de la nouvelle édition."

Le digital incontournable

Car c'est de cela aussi dont il est question. Cette crise aura un impact sur le modèle des événements, au moins à cours terme. "Il va falloir revoir notre métier qui consiste à faire en sorte que des gens se rencontrent. Demain, ce sera différent et pendant un certain temps", reconnait Stéphane Kintzig. "D'ailleurs, nous ne sommes pas épidémiologistes. Nous ne savons pas si les visiteurs vont vouloir revenir."

Le digital fait ainsi d'ores et déjà son apparition. Le salon de l'agriculture de Nouvelle-Aquitaine co-organisé par la chambre d'agriculture et CEB sera 100 % digital. Il n'était pas question d'annuler l'événement qui ne se tiendra toutefois pas dans sa forme traditionnelle. Transformé en une "Semaine de l'agriculture" qui se tiendra du 18 au 20 mai, l'événement proposera une plateforme d'échanges entre tous les acteurs habitués du salon.

Pour le WIS, Nicolas Pereira envisage la mise en place d'un événement mixte avec une partie digitale et une partie physique en fonction des contraintes sanitaires du moment. "Tout le volet international sera plus difficilement mobilisable. Une plateforme permettra d'organiser des événements en BtoB", annonce Nicolas Pereira.

Un message redéfini

Le message du festival a également été redéfini.

"C'était déjà un festival tourné vers les solutions pour la planète mais nous avons décidé de le repositionner sur le monde d'après. Les partenaires seront invités à s'exprimer sur la manière dont ils revisitent leur modèle en intégrant la transition. Les territoires seront également mis à l'honneur et les régions notamment invitées à s'exprimer. Cette crise est d'abord un vrai coup dur, mais pour le coup, sans parler d'opportunité, en ce qui me concerne, la question était surtout de savoir comment je rebondis pour repositionner l'événement en lien avec cette crise. Nous y travaillons", conclut Nicolas Pereira.