Vers une usine de carburant de synthèse pour l'aviation près de Limoges

Un site de production de carburants de synthèse pour l'aviation (eSAF) est à l'étude à Saillat-sur-Vienne, en Haute-Vienne. La société Verso Energy porte ce projet chiffré à un milliard d'euros qui pourrait se concrétiser sur le site du papetier Sylvamo à l'horizon 2029.
L'usine papetière de Sylvamo, à Saillat-sur-Vienne, non loin de Limoges, devrait co-produire du carburant de synthèse moins carboné pour le transport aérien.
L'usine papetière de Sylvamo, à Saillat-sur-Vienne, non loin de Limoges, devrait co-produire du carburant de synthèse moins carboné pour le transport aérien. (Crédits : CC Wikimedia by Lucas Destrem)

La première étape a été franchie, le 7 juin dernier, par la jeune société française Verso Energy qui a signé un protocole d'accord avec le fabricant de pâte à papier Sylvamo implanté à Saillat-sur-Vienne, à 40km à l'ouest de Limoges. L'objectif est d'y réaliser une étude de faisabilité d'une gigafactory qui produira du carburant de synthèse pour l'aviation appelé eSAF (pour electro sustainable aviation fuel), à partir du dioxyde de carbone rejeté par l'unité papetière. L'investissement est estimé autour d'un milliard d'euros.

Lire aussiDe la plante jusqu'au réservoir : Bordeaux ouvre le délicat chantier des carburants aériens durables

Pour produire ce carburant de synthèse, il faudra capter le CO2 émis par Sylvamo et le combiner avec de l'hydrogène produit à partir d'électricité bas carbone. Par une réaction chimique, les deux molécules formeront du méthanol utilisable comme carburant synthétique. « Il n'y a pas besoin d'attendre une hypothétique avion à hydrogène, on peut le mettre dans les avions actuels précise Antoine Huard, cofondateur et directeur général de Verso Energy, entreprise créée en 2021. L'avion va bien sûr réémettre du CO2 mais le CO2 émis par la papeterie est issu des arbres et a déjà été capté dans l'atmosphère. Il s'agit donc de CO2 biogénique. Ce projet va décarboner l'aviation et permettre de bâtir une nouvelle souveraineté énergétique. »

« On produira 150 000 tonnes d'eSAF par an »

Cette ressource est renouvelable et disponible en grande quantité. « On va capter ce qu'émet Sylvamo, soit 630.000 tonnes de CO2 par an, indique-t-il. Une fois combiné à 95.000 tonnes d'hydrogène qu'on produira sur place, on produira 150.000 tonnes d'eSAF par an. C'est déjà beaucoup mais il faudra d'autres projets comme celui-ci pour répondre aux besoins des compagnies aériennes et nous avons d'autres projets en France », assure-t-il. Un autre projet similaire est d'ailleurs en cours d'élaboration par Verso Energy avec l'entreprise Ryam à Tartas, dans les Landes.

À partir de 2030, les compagnies aériennes qui volent en Europe seront contraintes d'utiliser 1,2 % de carburants de synthèse pour se conformer à la nouvelle réglementation ReFuelEU Aviation. « Cette obligation fait qu'on a un marché, avec un carburant qui sera plus cher, constate-il. Ce volume va augmenter progressivement pour atteindre près de 30 % en 2050.»

Lire aussiCarburants d'aviation durables: l'Iata juge « extrêmement ambitieux » l'objectif de 5% en 2030

« Un millier de personnes mobilisées sur 3 ans »

Ce projet de gigafactory vise à anticiper cette obligation avec une mise en service de l'usine programmée en 2029. « Nous avons reçu beaucoup de marques d'intérêt de fonds d'investissements et de banques qui sont prêts à nous accompagner pour financer ce projet dont le montant n'est pas extravagant », signale-t-il.

L'étude de faisabilité doit durer 12 à 18 mois et, si les études sont concluantes, Verso Energy déposera une demande d'autorisation pour la construction de cette unité industrielle d'ici fin 2025. La future usine sera installée de manière contigu à l'usine Sylvamo pour faciliter le processus industriel. « Nous avons déjà signé des accords fonciers sur des parcelles et d'autres seraient à avoir mais le projet est tout à fait réalisable en l'état, annonce-t-il. Il y a aussi des contraintes en matière d'urbanisme et d'environnement qu'il faudra prendre en compte. »

Lire aussiDans le Limousin, la forêt mise sous pression par la transition énergétique

La construction de l'électrolyseur et de l'unité de production de carburants devrait mobiliser un millier de personnes durant trois ans. « 120 emplois directs seront ensuite créés et l'usine générera 180 emplois indirects », promet-il.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.