Le premier contrat d'achat groupé d'électricité en direct se précise en Nouvelle-Aquitaine

Une lettre d'engagement de onze entreprises membres du Club des entreprises de taille intermédiaire de Nouvelle-Aquitaine vient d'être signée pour formaliser un contrat d'achat collectif d’électricité de gré à gré. Une première nationale menée sous la houlette du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
Les signataires de la lettre d'engagement vers le premier contrat d'achat groupé d'électricité en direct réunis le 14 mai au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
Les signataires de la lettre d'engagement vers le premier contrat d'achat groupé d'électricité en direct réunis le 14 mai au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. (Crédits : Région Nouvelle-Aquitaine)

C'est un pas décisif vers un achat groupé d'électricité de gré à gré qui vient d'être franchi avec la signature le 14 mai d'une lettre d'engagement de onze entreprises, ce mardi 14 mai à Bordeaux, lors des Rencontres nationales sur les contrats d'achat d'électricité de gré à gré. Il s'agit d'entreprises de taille intermédiaire de la région : Anett, Groupe Aqualande, Avi-Charente, Bernardaud, Ceva Santé Animale, Delmon Group, Epsilon Composite, Groupe Garandeau, Hydrogène de France, Groupe Ridoret, Valade Groupe.

Ce projet, une première en France, est mené sous les auspices de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui a travaillé depuis deux ans avec le Club des ETI sur ce dossier, en réalisant un suivi et un accompagnement technique et en cofinançant une étude technique pour s'assurer de sa faisabilité, ainsi qu'une aide juridique.

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Contrats de long terme

Ces contrats d'électricité de gré à gré, aussi appelés PPA (pour power purchase agreement) sont des contrats d'achat d'électricité de long terme (10 à 20 ans), signés entre un producteur d'énergie (généralement renouvelable, notamment ans l'éolien ou le solaire) et un industriel (parfois via un intermédiaire, agrégateur ou fournisseur).

S'ils existent depuis près d'une dizaine d'années, les PPA ont connu dans l'Union européenne un véritable regain d'intérêt à la faveur de la crise énergétique de ces dernières années. Ils apportent en effet de la visibilité et de la stabilité, tant aux producteurs d'énergie qu'aux entreprises consommatrices, ainsi que des prix compétitifs « Le volume de PPA signés est passé de trois à seize gigawatts entre 2016 et aujourd'hui, avec une forte augmentation dans nombre de pays », avance Pierre Schellekens, directeur politique énergétique : stratégie et coordination au sein de la direction générale de l'énergie à la Commission européenne.

« La réforme du marché européen de l'électricité, qui devrait aboutir à un accord final cette semaine, ambitionne de mieux protéger les consommateurs des fluctuations de prix. Elle vise notamment à améliorer les conditions de PPA », poursuit le haut fonctionnaire. Ces contrats de gré à gré, souvent orientés vers de l'énergie renouvelable, contribuent également à la stratégie de décarbonation des industriels. Mais ils restent complexes à mettre en œuvre pour les entreprises de taille intermédiaire, à la consommation d'électricité relativement modeste.

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François Luscan, co-ambassadeur de la stratégie « Nation ETI » et représentant du METI (Mouvement des ETI) auprès du ministre de l'Industrie en témoigne. L'ancien PDG d'Albéa Group, spécialisé dans les emballages pour cosmétiques, a ainsi été confronté à quatre échecs avant de pouvoir signer un PPA.

Consommer l'énergie en circuit-court

« Cette initiative, qui vise à acheter en commun de l'énergie verte en circuit court, pour une durée de 15 à 20 ans, contribue à donner accès pour les ETI, qui sont le poumon économique de la France, aux mêmes ressources et capacités que les grands groupes », se félicite Marc Prikazsky, président de Ceva Santé Animale ainsi que du Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine. À noter que les onze entreprises engagées pèsent 120 milliards de chiffres d'affaires et 100.000 emplois.

Avec ce projet, le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine ouvre la voie à des démarches similaires qui pourraient s'esquisser en Ile-de-France ou dans d'autres régions. Marc Prikazsky n'en a pas moins conscience que la mise en place de ce dispositif précurseur se révèle longue et complexe. « En étant regroupés, nous pensons être plus forts et en achetant plus, nous espérons acheter mieux. Mais nous ne savons pas encore quels seront les bénéfices. Il existe des incertitudes à travailler, notamment en cas de défaillance de l'une ou l'autre des entreprises partenaires et nous attendons notamment de savoir comment Bpifrance va accompagner la démarche », souligne-t-il.

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