HDF Energy décale ses objectifs sur un marché de l'hydrogène qui patine

Actant le ralentissement global du marché de l'hydrogène, HDF Energy a décalé de deux ans ses objectifs de croissance même si son usine de piles à combustible sera bien inaugurée près de Bordeaux avant l'été. L'entreprise cotée sur Euronext affiche des résultats contrastés mais maintient de grandes ambitions dans les énergies renouvelables malgré un court de bourse au plus bas.
L'usine de piles à combustible de forte puissance sera inaugurée fin mai par HDF Energy sur les anciennes friches industrielles de Ford à Blanquefort (Bordeaux Métropole).
L'usine de piles à combustible de forte puissance sera inaugurée fin mai par HDF Energy sur les anciennes friches industrielles de Ford à Blanquefort (Bordeaux Métropole). (Crédits : HDF Energy)

« Tout le monde est redevenu réaliste ! Nous étions surpris des niveaux de volumes d'hydrogène annoncés par le marché et on s'était aussi un peu emballé sur la rapidité de nos projets », explique à La Tribune Damien Havard, PDG et fondateur d'HDF Energy (ex Hydrogène de France). Une récente étude du CEA évalue ainsi la demande des industriels européens en hydrogène vert à 2,5 millions de tonnes à l'horizon 2030, soit huit fois moins que l'objectif de consommation visé par Bruxelles pour tenir l'impératif de la décarbonation de l'économie. « Tout ne sera pas hydrogène, confirme Damien Havard. Mais, même revus à la baisse, ces volumes restent suffisamment importants pour tirer le marché dans les années qui viennent. »

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Un marché sur lequel HDF Energy combine une activité de fabrication de piles à combustible, près de Bordeaux, et de développement de centrales « renewstable » qui associent la production d'électricité renouvelable et un stockage sous forme d'hydrogène vert. Et, en l'occurrence, ce ralentissement global du marché de l'hydrogène se traduit par un décalage à 2027 de l'objectif de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, soit un report de deux ans acté dès la fin d'année 2023.

Le cours de bourse pas au rendez-vous

« On a pris un peu de retard mais la marché aussi, donc ça nous convient plutôt bien. Un projet d'hydrogène c'est au moins six ans et l'engouement général pour cette technologie ne date que de quatre ans », relativise Damien Havard. Le dirigeant désormais à la tête de 140 salariés aux quatre coins du monde, contre une vingtaine il y a trois ans, tient à rassurer sur la stratégie de l'entreprise alors que le cours de bourse est très loin de son niveau de l'introduction réussie sur Euronext en 2021. L'action s'échangeait autour de 30 euros à l'époque mais son cours avait fondu de moitié deux ans plus tard et est même tombé à 7 euros ces derniers mois.

« C'est évidemment embêtant parce que cela ne correspond pas à la valeur réelle de nos projets. C'est tout le secteur de l'hydrogène qui est touché par les doutes des investisseurs. Mais nous avons les compétences humaines, les moyens financiers de nous autofinancer et nous considérons notre objectif de chiffre d'affaires est assuré dans la durée grâce à un portefeuille de projets de centrales renewstable qui ne cesse de grandir sur les cinq continents », assure Damien Havard.

HDF Energy a toujours précisé que la croissance de son chiffre d'affaires n'interviendrait que dans un second temps, c'est-à-dire à la livraison des piles à combustible et/ou lors de la cession à des investisseurs des sociétés de projet portant chaque centrale. Pour l'heure, l'entreprise a généré 3,9 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023, en hausse de 13,6 %, principalement grâce à des prestations d'assistance à maîtrise d'ouvrage. Le résultat net reste négatif à -7,8 millions d'euros, contre -3,4 millions un an plus tôt, tandis que la trésorerie demeure abondante à plus de 62 millions d'euros fin 2023, contre 87 millions d'euros fin 2022. « Cela est dû à la croissance de la masse salariale et au choix de financer l'usine de Blanquefort sur fonds propres à hauteur de douze millions d'euros. C'était prévu, il n'y a pas de glissement », précise le CEO.

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Des mises en service prévues en 2026

Et l'entreprise girondine maintient sa perspective d'une « trajectoire prometteuse » permettant d'envisager « des résultats concrets dès 2024 ». Le portefeuille de projets de centrales renewstable continue en effet à s'étoffer avec désormais 25 projets en développement pour une puissance totale de 909 MW.

Le projet le plus avancé est situé à La Barbade qui a reçu 41 millions d'euros de la Banque mondiale et du Green Climate Fund fin 2023. Le chantier pourrait démarrer dans les prochains mois pour une mise en service espérée courant 2026. Même calendrier pour le projet CEOG (centrale électrique de l'ouest Guyanais) dont le chantier a redémarré l'an dernier après 18 mois d'interruption en raison d'une contestation par des riverains pour des raisons environnementales et culturelles. Initié en 2016, ce projet de centrale photovoltaïque et de stockage d'électricité sous forme d'hydrogène doit alimenter de manière continue l'équivalent de 10.000 foyers.

S'y ajoutent des projets notamment au Mexique, en Namibie, en Indonésie, en Afrique-du-Sud et au Maroc. Des investissements qui se chiffrent au total à plus de cinq milliards de dollars dont HDF Energy prévoit de capter environ 15 % en chiffre d'affaires.

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L'usine de Blanquefort inaugurée fin mai

« Notre vraie valeur c'est d'être à la fois un acteur mondial de premier rang de l'hydrogène et un fabricant industriel de piles à combustible à forte puissance », résume le dirigeant. Et du côté de l'usine de Blanquefort les délais sont tenus. Le bâtiment de 7.000 m2 sera inauguré fin mai puis des tests seront menés sur la chaîne de production jusqu'à la mi-2025, date à laquelle les premières piles sortiront de l'usine.

Ces piles à hydrogène de forte puissance, jusqu'à 1,5 MW, visent le marché de la production d'électricité verte pour les réseaux, notamment au travers des centrales Renewstable, et également celui de la mobilité lourde décarbonée, tels que les trains et les navires.

Lire aussiTout comprendre sur les piles à hydrogène fabriquées par HDF Energy à Blanquefort

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Commentaires 3
à écrit le 05/04/2024 à 9:42
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L'eau qui se condense accumule énormément d'énergie et génère des pluies torrentielles, ou des ouragans. Ce qui provoque des catastrophes naturelles dangereuses pour notre sécurité alimentaire. Je peux reprendre le même raisonnement que toi avec le C...

à écrit le 04/04/2024 à 18:53
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L'hydrogène génère de la vapeur d'eau. Hors cette vapeur est aussi un puissant gaz à effet de serre, bien pire que le CO2 d'après ce que j'ai pu lire. L'hydrogène n'est donc pas une bonne solution contre le réchauffement climatique, malgré que ce soi...

le 04/04/2024 à 22:08
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C'est un faux problème. Dès que l'eau gazeux est en excès dans l'air, il se coagule et fait des nuages, qui vont eux-mêmes provoqué de la pluie dans les semaines et mois à venir. C'est autre chose que le méthane et le CO2 qui reste plusieurs années ...

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