Les ports sud-Atlantique ne cherchent plus le tonnage mais le chemin de la transition

INFOGRAPHIE. Le trafic de marchandises ralentit en 2023 dans les ports de La Rochelle et Bordeaux, quand il augmente sensiblement à Bayonne. Mais les chiffres compilés depuis 2017 montrent une stagnation des flux et les trois structures sont contraintes d'investir dans les énergies renouvelables.
Maxime Giraudeau
Le port de La Rochelle aménage une nouvelle plateforme dédiée aux colis lourds.
Le port de La Rochelle aménage une nouvelle plateforme dédiée aux colis lourds. (Crédits : Olivier Blanchet / PALR)

Être le premier port de la façade atlantique. Cela fait bien longtemps que Bordeaux et La Rochelle ont lâché la compétition. Loin derrière Nantes/Saint-Nazaire et ses 28,4 millions de tonnes de marchandises en 2023, les deux pavillons néo-aquitains accusent, comme leur voisin ligérien, une stagnation du trafic.

8,6 millions de tonnes de biens ont transité par La Rochelle en 2023 (-10 % vs 2022), 6,2 millions par Bordeaux (-5 %). Dans la région, seul Bayonne, à rebours des ports français, enregistre une croissance l'an passé avec 2,3 millions de tonnes (+12 %). Mais les chiffres du trafic depuis 2017 montrent une relative stagnation des transits, comme si les infrastructures peu dimensionnées du littoral sud-atlantique ne bénéficiaient pas de la croissance du trafic maritime mondial, comprise entre 3 et 4 % par an.

Les ports néo-aquitains ont subi la mauvaise récolte céréalière de 2022, en particulier sur le maïs, qui a entraîné une baisse importante des exportations. Les matières utilisées par le BTP ou la papeterie ont également moins circulé, en lien avec la baisse d'activité enregistrée dans ces deux secteurs. À ce titre, le port de La Rochelle a moins accueilli de pâte à papier en 2023 à cause de l'arrêt d'une des lignes de production de la papeterie de Condat en Dordogne. Les volumes de produits pétroliers ont quant à eux bondi en 2023.

Alliance à 4

Au-delà de la conjoncture, toujours incertaine, les ports préfèrent regarder à long terme. « On n'est pas forcément là pour faire du tonnage mais pour répondre aux nouveaux besoins », justifie Michel Puyrazat. Pour le président du directoire du Grand Port Maritime de La Rochelle, l'avenir se joue dans la transition énergétique. Et la direction parle même de « décroissance raisonnée » au sujet de la réduction des escales des navires de croisière.

En 2024, le complexe rochelais porte un montant inédit de 40 millions d'euros d'investissement pour aménager une plateforme « colis lourd », notamment dédiée à l'éolien offshore. « On se prépare pour répondre aux besoins de la filière. Il y a en ce moment une concertation publique sur les enjeux maritimes avec une planification qui vise à identifier les zones propices au développement de l'éolien offshore. C'est en phase avec la stratégie du port », déroule-t-il.

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La Rochelle a déjà accueilli les fondations du site offshore de Saint-Nazaire, mis en service fin 2022 alors que celles destinées à Noirmoutier y transiteront au printemps. Pour prendre l'appel d'air de l'éolien en mer à l'échelle française et européenne, le port rochelais s'est d'ailleurs associé avec ses homologues de Bordeaux, Bayonne et Tonnay-Charente/Rochefort. Les quatre structures ont été lauréates en 2023 d'un appel à manifestation d'intérêt national pour orienter le développement de l'éolien flottant.

Le pétrole domine encore

Le port de Bayonne porte aussi des investissements pour se diversifier avec un vaste programme pluriannuel de 30 millions d'euros, qui prévoit l'agrandissement des quais histoire de ne pas délaisser totalement le trafic. Quant à Bordeaux, le port estuarien et ses sept terminaux se saisissent du sujet des énergies renouvelables, avec l'arrivée de méthaniseurs, d'une centrale solaire au Verdon et de production d'hydrogène.

Pour autant, le transit d'hydrocarbures booste toujours les affaires des terminaux. En 2023, les produits pétroliers représentent 53 % des marchandises pour Bordeaux, 40 % pour La Rochelle et 14 % pour Bayonne. Ce trafic fossile doit progressivement décliner, en lien avec les orientations de la transition énergétique. Alors les ports sont contraints de se chercher un autre avenir. « Les investissements ne sont pas tournés vers les énergies fossiles mais pour accompagner l'essor des filières d'énergie de demain », assure Michel Puyrazat. Un destin dans lequel la façade maritime néo-aquitaine doit trouver sa place.

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Maxime Giraudeau

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Commentaire 1
à écrit le 16/02/2024 à 8:58
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Le lobby pétrolier encore là pour torpiller le transport à voiles on se doute bien.

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