Près d'un an après le vote d'un « avis très défavorable » à la hausse des tarifs des péages ferroviaires voulue par SNCF Réseau, le montant de la facture ne passe toujours pas pour le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. « SNCF Réseau veut faire la poche des Régions pour payer l'entretien des voies ferrées, quitte à nous faire payer deux fois via notre participation aux chantiers de régénération puis via la hausse des péages », s'est agacé Alain Rousset, le président de région, lors de ses vœux vendredi 12 janvier 2024.
« On en a assez d'être les cochons de payeurs »
Conjointement avec sept autres régions, la collectivité conteste cette hausse unilatérale devant le Conseil d'État, comme l'a révélé « L'Informé, » mercredi 10 janvier. Les huit régions contestent les augmentations exigées pour les années 2024, 2025 et 2026 par SNCF Réseau pour faire rouler les trains express régionaux (TER), qu'elles financent, en complément des tickets et abonnements payés par les usagers. La majoration des péages a atteint 8 % en moyenne pour l'année 2024 pour ce type de transport, avait indiqué SNCF Réseau, après des années d'augmentation inférieures à l'inflation. Les collectivités contestent une hausse unilatérale jugée « pas soutenable » pour leurs budgets respectifs. La décision du Conseil d'Etat est attendue pour le mois de février.
En Nouvelle-Aquitaine, la facture doit passer de 65 à 82 millions d'euros en deux ans, soit une flambée de 26 %.
« Les ministres veulent de la planification écologique et le train est le moyen le plus efficace, le plus concluant le plus rapide. Il faut donc plus de trains et plus de passagers mais cela suppose des coûts de fonctionnement considérables. Quelles ressources mettons-nous en face ? On en a assez d'être les cochons de payeurs des erreurs historiques de l'État ! », tempête Alain Rousset qui met aussi la pression sur SNCF Voyageurs au sujet de la qualité de service dégradée en Gironde.
« Sens, constance, reliance »
L'élu socialiste a également fixé le cap de l'action du conseil régional autour de la devise « Sens, constance, reliance ». « Le sens c'est notre feuille de route Néo Terra contre le dérèglement climatique, c'est la nécessité de tenir un récit positif, enchanteur, heureux face aux défis actuels », précise-t-il, citant notamment les enjeux de la quantité et de la qualité de l'eau, de la santé et de la transition énergétique comme à Ingrandes, dans la Vienne. « La constance, c'est la pugnacité qu'il faut avoir sur des sujets longs et complexes comme celui du ferroviaire et c'est aussi la prise de risque assumée sur des dossiers tels que l'implantation de Flying Whales dans le nord de la Gironde », poursuit Alain Rousset. La reliance enfin, concept emprunté au philosophe Edgar Morin, « c'est la capacité à prendre soin, c'est la relation à l'autre, la fraternité et ça passe par la mobilité, le désenclavement et l'aménagement des territoires », que ce soit par les tiers lieux ou par la ligne à grande vitesse vers Dax et Toulouse.
Quant au nouveau gouvernement de Gabriel Attal, présenté la veille, Alain Rousset jugera sur pièces :
« J'attends de voir... Le problème c'est les changements successifs de Premier ministre qui entraînent sans cesse de nouveaux interlocuteurs. Je ne peux que faire part de mon inquiétude quant au sens de l'action de ce gouvernement. Et j'attends de connaître les propositions de la ministre de la Culture... alors même que ce sont des financements très largement décentralisés. »
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