TER : la Nouvelle-Aquitaine et la SNCF visent un tiers de passagers en plus d'ici 2030

Passer de 90.000 à 120.000 passagers quotidiens d'ici 2030. C'est le principal objectif de la convention sur les trains express régionaux signée ce 17 juillet entre la Région Nouvelle-Aquitaine et SNCF Voyageurs alors que les TER sont déjà victimes de leur succès, entraînant des problèmes de suroccupation. Le document entérine également l'ouverture progressive à la concurrence du réseau régional.
Grâce à de nouvelles rames et de nouvelles infrastructures, ici la halte du Bouscat Sainte-Germaine, à Bordeaux Métropole, le réseau TER en Nouvelle-Aquitaine espère gagner 30.000 passagers quotidiens d'ici 2030.
Grâce à de nouvelles rames et de nouvelles infrastructures, ici la halte du Bouscat Sainte-Germaine, à Bordeaux Métropole, le réseau TER en Nouvelle-Aquitaine espère gagner 30.000 passagers quotidiens d'ici 2030. (Crédits : Agence APPA)

« On a non seulement retrouvé en 2022 la fréquentation d'avant Covid mais on a surtout des trains régulièrement en sur-occupation, il faut régler ces problèmes dès aujourd'hui, c'est pour cela qu'on a commandé 18 nouvelles rames », pointe Renaud Lagrave, le vice-président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge des mobilités, alors que le réseau des trains express régionaux traverse une crise de croissance. Avec une fréquentation à nouveau en hausse de +22 % au premier trimestre 2023. Les TER néo-aquitains transportent désormais plus de 90.000 voyageurs quotidiens, contre 75.000 en 2019.

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Près d'un tiers de trains en suroccupation

Un succès qui entraîne des désagréments récurrents pour les passagers :

« Sur les 340 TER qui circulent chaque jour, environ 120 sont en suroccupation régulière notamment dans le sud de la région et au départ de Bordeaux vers Saint-Mariens, Périgueux, Agen ou La Rochelle », reconnaît Renaud Lagrave, alors que le réseau totalise 314 gares et 3.410 km de voies ferrées.

L'augmentation de l'offre et l'amélioration de la qualité de service sont donc au centre de la convention 2024-20230 signée ce lundi 17 juillet par le conseil régional et SNCF Voyageurs. « Le fruit d'une négociation longue, parfois difficile avec l'opérateur historique qu'est la SNCF », souligne Alain Rousset, le président de la collectivité, qui rappelle que l'ambition phare du document est d'atteindre 120.000 passagers quotidiens en 2030, soit un bond de 33 %, grâce à « plus de trains et des trains plus réguliers ». « C'est un objectif très ambitieux fixé par une région exigeante qui veut toujours plus de trains tant pour des raisons écologiques qu'économiques », observe Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs.

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60 trains en plus chaque jour

La convention prévoit en effet de déployer 60 trains supplémentaires chaque jour (+8 % par rapport à 2022) et d'investir 513 millions d'euros dans le matériel roulant, les gares et les centres de maintenance. Et elle fixe à SNCF Voyageurs un objectif de régularité de plus de 95 % (retard de moins de cinq minutes), contre un réalisé de 93 % en 2021 et de 91 % en 2022, assorti d'un système de bonus/malus de plus ou moins quatre millions d'euros, en hausse de 25 % par rapport à la précédente convention. Une incitation significative puisque la marge nette annuelle de SNCF Voyageurs sur ce contrat ne dépasse pas les 3 %, soit une dizaine de millions d'euros. Au final, la convention fixe un coût d'exploitation du réseau de TER de 21 €/km contre entre 22 et 25 €/km dans les autres régions françaises.

Le conseil régional a aussi choisi de muscler son jeu en commandant 18 nouvelles rames TER, dont trois pour le RER métropolitain bordelais, pour près de 200 millions d'euros. Désormais propriétaire des rames, la Région Nouvelle-Aquitaine a d'ailleurs installé officiellement, le 10 juillet, la Société publique interrégionale pour les investissements dans les transports (Spiit). Cette société publique locale créée conjointement avec la Région Occitanie vise à faciliter et mutualiser la gestion et la maintenance des rames TER sur l'ensemble de leur cycle de vie.

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Ouverture progressive à la concurrence

Enfin, cette convention entérine également l'ouverture à la concurrence votée par le conseil régional le 12 juin dernier. Découpé en quatre lots, le réseau régional sera ouvert progressivement à la concurrence en commençant par le secteur Poitou-Charentes en 2027 ou 2028. Suivront ensuite la région bordelaise et le Limousin-Périgord d'ici 2030 puis le Sud Aquitaine. Un tempo qui convient plutôt bien à la SNCF :

« Ce calendrier nous permet de nous préparer à cette mise en concurrence. Nous serons candidat systématiquement à tous les lots avec la ferme volonté de tous les gagner en répondant aux ambitions de la Région Nouvelle-Aquitaine », a réaffirmé Christophe Fanichet.

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Et la LGV Bordeaux-Paris dans tout ça ?

Concernant la LGV Bordeaux-Paris, sur laquelle l'offre disponible en 2022 était encore inférieure de 13 % à celle de l'avant Covid, Christophe Fanichet se veut rassurant : « Il faut se réjouir de la très bonne fréquentation de la LGV et, depuis décembre 2022, nous avons déployé 22.000 places en plus chaque semaine par rapport à 2019, notamment le weekend. » Au total, SNCF Voyageurs, qui déploie de nouvelles rames Océane, communique désormais sur « 240.000 places disponibles chaque semaine entre Paris Montparnasse et Bordeaux Saint-Jean », c'est à dire sans compter les autres destinations dans le Sud-Ouest et en Île-de-France. « Face aux délais de livraisons de rames neuves, nous avons aussi décidé prolonger la durée de vie de certains TGV jusqu'à 50 ans au lieu de 40 », a-t-il ajouté. Pas de quoi susciter l'engouement du côté de la Région : « Il manque encore au moins deux aller-retour quotidiens ! », a cinglé Alain Rousset.

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Commentaire 1
à écrit le 18/07/2023 à 9:26
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Quand les politiques parlent de rotation (mais avec un chiffre hebdomadaire) on ne se comprendra pas... je fais des aller-retour dans la journée ! Des navettes toutes les heures, avec le même horaire par exemple départ à 22 de chaque heure. C'est fa...

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