Métiers, technologies, dessertes : le Ferrocampus explore les futurs du train

La régénération des petites lignes, les technologies embarquées dans les trains de demain et la formation aux 15.000 emplois qui permettront tout cela d'ici 2027 : ce sont les trois chantiers particulièrement ambitieux abordés par le Ferrocampus. Face à l'ampleur de la tâche, cette structure régionale fédère 50 partenaires qui se retrouvent ces 8 et 9 novembre à Saintes (Charente-Maritime).
Le Ferrocampus Nouvelle-Aquitaine est partie prenante du programme Train léger innovant, ici en image de synthèse en gare de Bordeaux Saint-Jean.
Le Ferrocampus Nouvelle-Aquitaine est partie prenante du programme "Train léger innovant", ici en image de synthèse en gare de Bordeaux Saint-Jean. (Crédits : SNCF)

Ce n'est pas vraiment un centre de R&D sur le ferroviaire ni un organisme de formation aux métiers du train. Ce n'est pas non plus une vitrine pour le grand public ni un laboratoire d'idées. Le Ferrocampus, initié en 2020 par le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, est plutôt un savant mélange de ces différentes composantes jugées complémentaires pour explorer les facettes et les évolutions de la filière ferroviaire. Le tout dans un contexte où le train a vocation à reconquérir des parts de marché à l'avion comme à la voiture dans un monde qui doit se décarboner. C'est notamment le souhait de quinze présidents de régions qui plaident, dans une tribune publiée dans Le Monde le 22 octobre dernier, pour moderniser l'offre ferroviaire en France grâce à un plan de 100 milliards d'euros entre 2023 et 2033, cofinancé par l'Etat, l'Europe, la SNCF et les collectivités.

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"Comprendre le contexte, les contraintes et les besoins"

Créée en 2020, l'association Ferrocampus fédère une cinquantaine de partenaires du ferroviaire et de la formation - petits et grands, régionaux et internationaux - avec l'ambition de devenir un centre d'excellence européen dans le ferroviaire. Pour lancer la démarche, les Ferrocampus Days se tiennent ces 8 et 9 novembre à Saintes, en Charente-Maritime, un département où est assemblé le futur TGV M à l'usine d'Alstom de La Rochelle. Ces deux jours de débats poursuivent plusieurs objectifs, selon Séverine Rengnet, la directrice générale arrivée en janvier 2022 :

"Nous voulons mieux comprendre le contexte, les contraintes et les besoins du ferroviaire dans les années qui viennent, notamment pour pérenniser le train du quotidien et la desserte fine des territoires. L'enjeu est de pouvoir définir une stratégie sur l'innovation permettant ensuite de structurer une offre de formation initiale et continue aux multiples compétences qui seront nécessaires à ces évolutions."

Plusieurs projets de R&D sur les rails

Et l'enjeu n'a rien d'anodin. En retenant un scénario où l'usage du train doublerait d'ici 2030 par rapport à aujourd'hui, la filière évalue à 15.000 emplois en cinq ans le besoin de nouvelles compétences, dans tous les métiers concernés et à tous les niveaux de qualification du CAP au Bac+5. "Concrètement, on parle de tous les maillons de la supply chain industrielle mais aussi de compétences nouvelles dans l'analyse du cycle de vie du matériel, dans le système de traction autour des batteries électriques et de l'hydrogène, et dans tout le volet numérique avec les enjeux de cybersécurité, de simulation, de maintenance prédictive, d'analyse des données", détaille Séverine Rengnet.

Autant de profils indispensables pour mener à bien les projets dont Ferrocampus est partie prenante dont le programme "Train léger innovant". Piloté par la SNCF, ce consortium de onze partenaires (1) est doté de 90 millions d'euros pour imaginer les contours d'un "train plus léger, plus autonome, plus décarboné et plus numérique" destiné à prendre le relais à l'horizon 2030 des TER sur les 9.000 lignes ferroviaire de desserte fine.

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Le Ferrocampus est aussi membre du projet NS2F piloté par Thales Innovation avec Geosat, Setec et Clearcy qui développe un "système de signalisation et d'exploitation simplifié, digital et innovant". Doté de 28 millions d'euros, il s'appuiera sur la géolocalisation des trains et les systèmes embarqués plutôt que sur les infrastructures pour permettre une augmentation des fréquences des dessertes. Enfin, l'association participe aussi au programme Starc (Sécurisation du transport, alerte, risque collision), qui vise à sécuriser les passages à niveau, et au projet Cockpit des mobilités, une plateforme numérique de partage des données ferroviaires actuelles et futures.

Un ensemblier de la formation initiale et continue

Autant de programmes de recherche appliquée qui permettront de nourrir l'offre de formation fédérée par Ferrocampus et vice versa. L'association n'est pas à ce stade un organisme de formation, elle joue plutôt un rôle d'ensemblier et de fléchage vers les offres de ses partenaires en y apportant "une coloration ferroviaire". Depuis la rentrée 2022, 14 formations en lien avec "la mobilité ferroviaire durable, décarbonée et connectée" sont ainsi proposées : douze par des lycées régionaux du CAP au BTS, une en licence à l'Université de La Rochelle, et une dédiée aux demandeurs d'emploi. S'y ajouteront à partir de 2023 trois bachelors et un master de l'Eigsi-Estaca.

Ferrocampus

Visuel du site du Ferrocampus à Saintes (crédits : Ferrocampus).

En 2030, Ferrocampus espère accueillir 900 apprenants par an. Il pourra s'appuyer sur des locaux dédiés implantés sur du foncier SNCF à Saintes et sur les deux trains X73500 laboratoires mis à disposition par la Région Nouvelle-Aquitaine. À l'horizon 2026, l'association y disposera de 14.000 m2 pour combiner des activités de R&D, de formation initiale et continue et d'accueil du public.

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(1) SNCF, Texelis, Caf, Wabtec, Railenium, le Ferrocampus, Thales, Alstom, CapGemini, Ektacom et le Cerema.

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