Joué Club, qui mêle magasins et e-commerce, continue d’investir

INTERVIEW. Avec la réouverture des commerces à un peu moins d’un mois de Noël, le réseau de distribution de jouets, Joué Club espère se rattraper sur le mois de décembre. Car si le e-commerce est devenu incontournable, il ne sera jamais suffisant, selon Jacques Baudoz PDG de la coopérative dont le siège est basé à Bordeaux. D’où une stratégie d’investissement multiple : dans les points de vente, la logistique avec une nouvelle implantation à Cestas près de Bordeaux, et le "commerce unifié". Nous l’avons interrogé.
Jacques Baudoz, PDG de Joué Club, dont le siège social est basé à Bordeaux.
Jacques Baudoz, PDG de Joué Club, dont le siège social est basé à Bordeaux. (Crédits : Joué Club)

LA TRIBUNE - Comment Joué Club a passé la crise ?

JACQUES BAUDOZ - Nous avons développé le site Internet en 1997 et le drive en 2012 et, en l'occurrence, les outils que nous avons mis en place nous ont permis de passer la crise. Cela n'a pas suffi  à compenser les pertes mais cela a permis de conserver une activité et de satisfaire les clients. Selon le suivi qui est fait sur le réseau, nous ne détectons pas, à ce stade, de problématiques majeures parmi les adhérents de la coopérative, à savoir dans les 348 magasins de la marque dont 300 sont situés en France, en revanche, nous comptons sur ce mois de décembre. En novembre, nous avons perdu entre 50 et 60 % du chiffre d'affaires. Le premier confinement a été redoutable mais, fin octobre, le chiffre d'affaires avait été rattrapé.

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Qu'est ce que cela dit sur le marché du jouet ?

Le marché du jouet est plutôt stable et s'il y a eu un rebond à la sortie du confinement en mai, c'est parce que les consommateurs ont du changer leur mode de fonctionnement. Tout le monde s'est retrouvé en famille, et globalement puisque les possibilités de loisirs étaient plus limitées, il y a eu un report sur le jouet.

Du fait de la fermeture des magasins, l'activité liée au e-commerce a augmenté. Comment envisagez-vous la suite ?

Le e-commerce prend indéniablement plus de place. En raison de la crise, la livraison à  domicile a augmenté de 5 % cette année tandis que le "click and collect" [commande en ligne, retrait en magasin] a augmenté de 10 %. Mais le e-commerce ne suffira jamais ! Il faut savoir que près de 80 % des achats sont faits en magasin. Le point de vente physique est donc plébiscité. Par ailleurs, cela n'a pas de sens de faire transférer les 70 millions de jouets que l'on vend par camions, alors que les jouets sont déjà disponibles en magasin.

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Le point de vente physique reste donc une priorité ?

Nous pensons effectivement qu'il faut continuer à investir. Nous testons actuellement un nouveau concept de magasin plus ouvert, plus aéré. Le déploiement national a été repoussé mais devrait se faire en 2021. Je précise toutefois que ce sont les gérants de magasins qui sont des chefs d'entreprises indépendants qui investissent avec leur propre budget. Les résultats du mois de décembre seront donc décisifs. Il faut compter en moyenne 150.000 euros d'investissement pour un magasin de 800 m2.

En matière de logistique, la coopérative que vous représentez a signé un bail de 12 ans pour un entrepôt de plus de 28.000 m2 à Cestas que vous occupez depuis le 15 septembre. Quelle est votre stratégie en la matière ?

Tout d'abord, Cestas est une zone en devenir au niveau logistique, ce qui permet d'avoir accès à des transporteurs plus facilement. Ensuite, dans les faits, nous avons regroupé deux sites composés de quatre entrepôts, à Blanquefort et Bordeaux Nord, et nous avons davantage d'espace ce qui était nécessaire. Cela permettra à toutes les équipes d'être regroupées et donc d'améliorer la productivité. Pour le moment, nous transférons les activités BtoC (vente aux clients finaux -NDLR) puis BtoB (vente inter-entreprises -NDLR). En 2021, la partie logicielle du management de l'entrepôt sera refaite.

Joué Club

Les nouveaux entrepôts de Cestas (crédit Joué Club).

La crise a-t-elle accéléré le calendrier  ?

La crise nous a en tout cas conduit à nous poser beaucoup de questions. La partie Internet nous incite à avoir un outil de travail beaucoup plus performant, précisément pour pouvoir répondre plus vite. Un projet d'automatisation des commandes est ainsi prévu dans les deux années à venir.

En résumé, vous êtes sur une stratégie multiple ?

Effectivement, c'est exactement ce qui se cache derrière ce concept de commerce unifié que nous avons lancé fin 2018, à savoir une plateforme qui unifie le magasin et la logistique. Cela permet au consommateur d'être au courant des stocks, de se faire livrer une partie de la commande, et de récupérer une autre partie en magasin s'il le souhaite. Nous avions déjà le drive et la livraison. Le regroupement dans une même solution était nécessaire pour éviter que le client ne se perde. En 2020, ce système a très bien fonctionné. La prochaine étape consistera à proposer de la livraison locale, c'est-à-dire que les magasins auront la possibilité de livrer à côté de chez eux. Cela a été mis en stand by en cette fin d'année parce qu'il y avait d'autres priorités, mais cela fait sens pour éviter les émissions de carbone.

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Le réseau Joué Club, en chiffres :

  • 348 magasins, dont 300 en France, installés sur plus de 199.000 m2 de surface totale de vente ;
  • 2.300 salariés employés dans le réseau ;
  • Une offre de produits qui représente entre 12.000 et 15.000 références, commercialisées à travers 15 marques déposées et fournisseurs référencés, pour un chiffre d'affaires consolidé de 100 millions d'euros, et réseau de 660 millions d'euros (60 % des marques Joué Club et 40 % des autres).
  • L'effectif total du groupe est de 220 collaborateurs, dont 122 salariés au siège à Bordeaux.

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