Magna Powertrain Bordeaux : faute de dialogue social, le sénateur Gay va saisir Bruno Lemaire

La métamophorse de Getrag Ford Transmissions (GFT) en Magna Powertrain Bordeaux, suite à la fin de la coentreprise de Ford et de son équipementier Magna (le nouveau propriétaire), n'a pour le moment rien de miraculeux. Aucun nouveau projet industriel n'ayant été annoncé, l'intersyndicale majoritaire est convaincue que Magna va fermer cette usine de fabrication de boites de vitesses manuelles, qui emploie près de 780 salariés mais qui n'est pas rentable. Une nouvelle société dont la direction a décidé de mettre une grosse pression sur les syndicats.
Le sénateur de Seine-Saint-Denis, Fabien Gay, ce mardi au milieu des manifestants (à gauche) de Magna Powertrain Bordeaux.
Le sénateur de Seine-Saint-Denis, Fabien Gay, ce mardi au milieu des manifestants (à gauche) de Magna Powertrain Bordeaux. (Crédits : Appa)

Quelques jours après le pique-nique de protestation syndicale du 1er mars dernier, lorsque leur usine de fabrication de boites de vitesses manuelles Getrag Ford Transmissions (GFT), à Blanquefort (Bordeaux Métropole), est devenue Magna Powertrain Bordeaux, deux élus de la CGT au CSE (comité social et économique), dont Vincent Teyssonneau, et un élu de FO ont été convoqués par leur hiérarchie en vue de sanctions disciplinaires.

Lire aussi : GFT Blanquefort : l'intersyndicale déclenche un droit d'alerte

C'est pourquoi une nouvelle manifestation a été organisée ce mardi 27 avril devant l'usine, qui emploie près de 780 salariés, à l'initiative de la CGT. Ceci afin de dénoncer les menaces qui pèsent désormais sur deux élus de la centrale syndicale et l'absence de dialogue avec la direction.

Le sénateur Gay doit contacter les ministres Borne et Lemaire

Les manifestants ont reçu le soutien inattendu du sénateur (PCF) de Seine-Saint-Denis Fabien Gay, d'origine bordelaise, qui a fait le voyage de Bobigny jusqu'à Blanquefort. C'était apparemment le seul élu visible parmi les manifestants.

"Le 1er mars, avec la création de Magna Powertrain Bordeaux, la nouvelle société 100 % filiale de Magna, nous devions être sauvés. Les dirigeants de l'entreprise devaient s'exprimer. Mais il ne s'est rien passé et nous sommes désormais convaincus qu'il ne va rien arriver de positif. Le nouveau projet industriel dont nous avons besoin pour remplacer la boite de vitesse MX65, qui fait tourner l'usine, il faudrait que nous le connaissions au plus tard avant cet été.

Car il faut deux ans pour lancer une nouvelle production et que la MX65 ne tiendra pas au-delà de 2023. Le sénateur Fabien Gay doit contacter cette semaine les ministres Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l'emploi et de l'insertion) et Bruno Lemaire (ministre de l'Economie, des finances et de la relance), pour les sensibiliser au dossier" déroule Vincent Teyssonneau.

Des salariés très inquiets

Traumatisés par la perte en 2019 de l'usine sœur Ford Aquitaine Industries (FAI), qui fabriquait à quelques centaines de mètres de là des boites de vitesses automatiques, avec 850 emplois directs détruits, les membres de l'intersyndicale CGT, FO, CFTC  essaient d'éviter le pire pour Magna Powertrain Bordeaux. C'est pourquoi ils ont lancé un droit d'alerte et restent dans l'attente de l'annonce d'un nouveau projet industriel pour l'usine.

Lire aussi : A Blanquefort, GFT a vécu : Ford se sépare de Magna et les salariés s'inquiètent

Quand la crise du Covid-19 a éclaté GFT Bordeaux, avec ses boite de vitesses manuelles MX65 modulables en cinq ou six vitesses, un contrat décroché fin 2014 et lancé en 2017, qui équipent de petites cylindrées en particulier les Ford Fiesta, n'était pas encore rentable. Ce que confirmait Vincent Teyssonneau dans nos colonnes le 1er février dernier.

GFT n'était pas rentable quand Magna Powertrain est née

"Notre usine n'est pas un établissement secondaire mais une succursale de GFT, qui a un chiffre d'affaires et un résultat net. Et notre entreprise n'est pas rentable. Elle a perdu 57 millions d'euros en 2017, puis 28 millions en 2018. On pourrait croire que nous avons été positifs en 2019 mais ce n'est pas le cas. Nous avons officiellement généré 13 millions d'euros de résultat, mais après que Ford nous a apporté 17 millions. Autrement-dit, sans cet apport nous aurions affiché une perte de 4 millions d'euros", expliquait ainsi le cégétiste.

Aujourd'hui la nouvelle filiale bordelaise de Magna est logée dans une filiale autrichienne du groupe, où l'on trouve également une autre société fille de Magna, située en Chine, qui fabrique des MX65 pour ce marché.

Une alerte pour danger grave et  imminent

La priorité pour les syndicalistes est désormais de mobiliser dans l'usine pour faire face à la direction et aux éventuelles sanctions.

"Entre les départs à la retraite ou encore les départs volontaires, pour ne prendre que ces exemples, nous avons perdu 93 salariés en 2020. Et il faut compter que cette année nous devrions enregistrer 100 départs. Gilles, notre collègue convoqué le 4 mai, est en arrêt maladie. Trois salariés de l'usine ont reconnu avoir eu des idées suicidaires, c'est pourquoi nous lançon une alerte pour danger grave et imminent" éclairait pour La Tribune ce lundi 26 avril Vincent Teyssonneau, sachant qu'au total, avec le délégué FO trois salariés sont convoqués.

Une nouvelle manifestation est prévue dans l'usine le 4 mai prochain.

Lire aussi : Getrag Ford Transmissions (GFT) : l'horizon de la coentreprise de Ford et Magna se voile

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