Des foncières logement et santé : la Banque des Territoires veut investir les villes de Nouvelle-Aquitaine

Dans un contexte de tension sur le crédit, la Banque des Territoires a augmenté son volume de prêt de 5 % en Nouvelle-Aquitaine l'an dernier. Un rôle contra-cyclique assuré par la structure d’État qui a lancé des foncières pour installer des commerces dans les bourgs peu dynamiques. Avec une nouvelle direction régionale, elle veut poursuivre le mouvement sur le logement, la santé ou l'agriculture.
Maxime Giraudeau
A Aubusson, de nombreux immeubles sont vacants et pourraient accueillir de nouveaux logements ou commerces.
A Aubusson, de nombreux immeubles sont vacants et pourraient accueillir de nouveaux logements ou commerces. (Crédits : MG / La Tribune)

Quand les prêteurs privés sont frileux, c'est aux banques publiques d'avoir les reins solides. Pour la Banque des Territoires, l'année 2023 aura été marquée par une légère hausse du volume des prêts avec un total de 967 millions d'euros accordés (+5 % par rapport à 2022). « On a joué pleinement notre rôle contra-cyclique, se satisfait Annabelle Viollet, la toute nouvelle directrice régionale, tout juste arrivée d'Occitanie. 2023 est une année assez remarquable du point de vue du volume de prêt. »

En particulier pour les collectivités qui ont augmenté leurs encours de 47 %. Quand les bailleurs sociaux, plombés par la crise de l'immobilier, ont tout juste maintenu leur niveau de 2022, grâce à des taux préférentiels et l'émission de titres participatifs. Ce fut le cas notamment avec Gironde Habitat et Aquitanis en octobre.

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En Nouvelle-Aquitaine, la Banque des Territoires aura ainsi accordé 967 millions d'euros de prêts en 2023, dont 851 millions aux bailleurs sociaux (stable par rapport à 2022) et 116 millions aux collectivités locales (+47 %).

Des foncières multifonctions

Des résultats présentés depuis l'UCPA Sport Station, vaste complexe sportif du quartier Brazza inauguré en mai 2023 et soutenu à hauteur de 5,9 millions d'euros par la Banque des Territoires. Au-delà des programmes particuliers, l'organisme d'État poursuit des missions structurantes avec par exemple l'intervention sur la redynamisation des centres-bourgs des villes moyennes. « On a créé des foncières dans les départements pour les commerces. Elles ont pour vocation à réimplanter des activités en cœur de bourg sur les pieds d'immeubles », relaie Annabelle Viollet, citant les structures créées dans les Landes et le Lot-et-Garonne via des sociétés d'économie mixte locales.

La directrice veut s'appuyer dessus pour d'autres usages. « Quid du logement en cœur de bourg où les bailleurs sociaux ont beaucoup de mal à intervenir car les opérations sont petites ? Quid des professionnels de santé et des services au sens plus large ?, interroge la directrice. Quand vous avez un vieil immeuble délabré, le local en rez-de-chaussée n'est pas adapté aux attentes des commerçants, l'accès aux logements se fait via le commerce et ils ne permettent souvent pas d'accueillir de manière satisfaisante des familles ou des jeunes travailleurs. On a un vrai sujet autour de l'accompagnement des collectivités locales sur les cœurs de ville. »

Grandes opérations sous contrainte

Des structures locales et des opérateurs qui ont besoin de programmes d'échelle mixant les usages pour arriver à bâtir un modèle économique rentable. La mission est aussi portée par l'Établissement public foncier de Nouvelle-Aquitaine, par les EPF locaux au Pays Basque et en Lot-et-Garonne, et parfois par des structures coopératives comme le fait l'Arban sur le plateau de Millevaches. La Banque des Territoires espère aussi pouvoir intervenir sur le foncier agricole en appuyant la Safer sur sa politique d'installation de jeunes publics.

Pour cette année, la Banque des Territoires espère un début de sortie de crise pour l'immobilier, ce qui lui permettrait de tempérer les sollicitations reçues. Plus la crise durera, plus les grandes opérations d'aménagement devront réduire la voilure ou réinventer leurs programmes de financement. Ce fut le cas récemment pour Bordeaux Euratlantique. C'est aussi ce qui attend l'énorme opération de La Jallère au nord de la ville, qui doit présenter ses projections financières d'ici l'été.

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Maxime Giraudeau

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