Du solaire et peut-être deux EPR dans les cartons d'EDF en Nouvelle-Aquitaine

La centrale nucléaire de Blaye a reçu le soutien franc des organisations patronales girondines pour accueillir une paire de réacteurs EPR 2. Un critère qui aura son importance dans le processus de sélection de ce projet à l'horizon 2045 au plus tôt. Mais à plus court terme, c'est sur le solaire qu'EDF mise pour répondre à l'électrification des usages en Nouvelle-Aquitaine où la consommation est paradoxalement en nette baisse.
La centrale nucléaire du Blayais, dans le nord de la Gironde, est sur la liste des sites susceptibles d'accueillir deux réacteurs EPR de nouvelle génération à l'horizon 2040.
La centrale nucléaire du Blayais, dans le nord de la Gironde, est sur la liste des sites susceptibles d'accueillir deux réacteurs EPR de nouvelle génération à l'horizon 2040. (Crédits : ASN/Appa/G. Arroyo)

« L'ensemble des décideurs économiques engagés de Gironde et de Nouvelle-Aquitaine se positionnent clairement et unanimement en faveur de l'implantation de deux nouveaux réacteurs EPR2 sur le site de la centrale nucléaire du Blayais », écrivaient début décembre les dirigeants de douze organisations consulaires, patronales et professionnelles girondines emmenés par Patrick Seguin, le président de la Chambre de commerce et d'industrie Bordeaux Gironde (*). « Les atouts économiques, environnementaux et sociaux de l'EPR 2 sont indéniables [...] Il doit surtout permettre une souveraineté énergétique tout en réduisant l'empreinte carbone », poursuivent les signataires.

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Le Blayais « dispose de tous les prérequis »

Une mobilisation au soutien d'un projet à très long terme puisqu'il ne s'agit pas des six premières paires de réacteurs EPR 2 prévus à Penly (Seine-Maritime), Bugey (Ain) et Gravelines (Nord), comme le rappelle Charlotte Maes, la directrice de la centrale nucléaire du blayais :

« On parle ici d'une seconde vague de huit réacteurs à l'horizon 2045. Il n'y a pas de candidature en tant que telle mais la centrale du blayais figure bien sur la liste des sites potentiels qui sont étudiés pour accueillir des nouveaux EPR. Elle dispose de tous les prérequis sur le plan technique, logistique, des compétences, de l'accès à l'eau et de disponibilité du foncier. L'idée est que les EPR prennent le relais des réacteurs actuels. »

Dès le mois de septembre 2022, un comité de suivi a été mis sur pied pour l'accueil de ces deux futurs réacteurs capables de produire 3.200 MW d'électricité au total contre 3.600 MW pour les quatre réacteurs actuels. Et le soutien du monde économique fait écho à la forte mobilisation politique territoriale, à l'exception des élus écologistes, motivée par les importantes retombées économiques de la centrale. Alain Rousset, le président (PS) du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, soutient lui aussi le dossier.« Nous avons reçu 50 motions de soutien politique et 500 signatures d'élus locaux. C'est important parce que le soutien du territoire sera un critère pris en compte par l'État », assure la directrice. Le choix des sites retenus devrait intervenir d'ici 2026.

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Le grand carénage se poursuit

La centrale du Blayais qui a produit 18,4 TWh d'électricité en 2023, soit les deux tiers de la consommation régionale, fait l'objet d'un grand carénage depuis 2021 pour prolonger son fonctionnement au-delà de 40 ans. Ce chantier d'un milliard d'euros a déjà validé le réacteur n°1 tandis que le n°2 est en cours et le n°3 débutera en juin prochain. 350 embauches ont déjà été réalisées depuis 2023 et une soixantaine sont prévues cette année.

Le déploiement accéléré du solaire

Mais cette possible implantation reste un projet de long terme qui sera soumis à des aléas économiques et politiques. Dans l'immédiat, c'est EDF Renouvelables qui est à la manœuvre pour augmenter les capacités régionales de production d'électricité quand bien même la consommation est en net repli en 2023. La Nouvelle-Aquitaine affiche ainsi une baisse de -9 % l'an dernier contre -8 % en France entière. Un effet des mesures de sobriété mises en place face à la flambée des prix de l'énergie mais qui ne remet pas en cause les prévisions d'électrification massive du mix énergétique tricolore lié à la décarbonation de l'économie.

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À la tête de l'agence régionale d'EDF Renouvelables, Pierre Couturier s'attèle donc à étendre le parc de 22 centrales solaires, dont une dans l'enceinte de la centrale nucléaire de Civaux, et sept parcs éoliens déjà en service pour un total de 306 MW. « Nous avons 80 projets éoliens et solaires en développement ou en prospection pour environ 1,1 GW dont 0,1 d'éolien. Seulement 26 % de l'énergie consommée dans la région est d'origine renouvelable aujourd'hui mais l'ambition du conseil régional est d'atteindre 50 % de renouvelable dès 2030 ! », précise-t-il. Une centrale photovoltaïque de 20 MW sera branchée en 2024 à Migné-Auxances (Vienne), une autre de 14 MW le sera au Fouilloux (Charente-Maritime) et un parc éolien de 25 MW sera mis en service à Baignes (Charente).

La filiale d'EDF est notamment positionnée sur la future centrale solaire du Verdon, en Gironde sur un ancien site pétrolier du Grand port maritime de Bordeaux, pour y produire de l'électricité photovoltaïque qui sera vendue de gré-à-gré aux industriels qui s'installeront sur place. Il s'agit notamment de la ferme de saumons portée par l'industriel Pure Salmon mais contestée localement.

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Mais EDF Renouvelables s'active aussi sur le marché émergent de l'agrivoltaïsme qui consiste à combiner production agricole et production d'électricité sur une même parcelle. « C'est un énorme sujet de développement pour nous compte-tenu des problématiques de raréfaction du foncier disponible. Nous regardons notamment deux projets dans l'Entre-deux-Mers sur 3.000 hectares en lien avec le plan d'arrachage des vignes », indique Pierre Couturier. Mais ce marché reste pour l'instant au ralenti dans l'attente depuis des mois du décret agrivoltaïque prévu par la loi d'accélération des énergies renouvelables. Initialement promis par le gouvernement pour septembre 2023, il n'est désormais pas attendu avant le printemps 2024. En attendant, EDF Renouvelables et de nombreux partenaires ont inauguré l'an dernier le démonstrateur Vitisolar en Gironde pour évaluer la pertinence de poser des ombrières solaires au-dessus des rangs de vignes.

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(*) Patrick Seguin (CCI Bordeaux Gironde), Marc Prikazsky (CCI et Club des ETI), Marie-Laure Donitian (CCI), Nathalie Laporte (CMA Nouvelle-Aquitaine), François Perrin (Medef Nouvelle-Aquitaine), Mathias Saura (Medef Gironde), Cécile Despons (CPME Gironde), Lionel Matias (UIMM Gironde-Landes), Thierry Leblanc (FFB Gironde), Nourredine Ziane (FNTR Aquitaine), Christophe Marsan (France Chimie Nouvelle-Aquitaine), Franck Raymond (Club Industrie Haute-Gironde) et Nicolas Villet (GIE Atlantique - CNPE du Blayais).

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Commentaires 2
à écrit le 14/02/2024 à 18:29
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Le solaire et l'éolien sont un mal nécessaire mais seulement à titre transitoire, en attendant les futurs EPR en cours de préparation. Car il faudra accompagner la décarbonation de notre économie grâce à l'électricité (voiture électrique, passage des...

à écrit le 14/02/2024 à 11:53
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D'ici 4 ou 5 ans je pense que nosu aurons des policiers environnementaux qui rentreront chez nous à l'improviste afin de savoir combien il fait: "Monsieur vous chauffz à 19.5° ce qui est un demi degrés au dessus de la loi, (quoi que peut être ce sera...

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