C'est une baisse tout à fait inédite de la production. Avec 35,2 TWh d'électricité produite en Nouvelle-Aquitaine, RTE enregistre pour l'année 2022 une chute record de -30 % par rapport à l'année précédente. C'est deux fois plus qu'au plan national ! « La baisse est essentiellement due à la baisse de production nucléaire, avec la maintenance de corrosion sous contrainte de la centrale de Civaux », décrypte Erik Pharabod, délégué RTE pour le Sud-Ouest, lors de la présentation du bilan électrique 2022 de la Nouvelle-Aquitaine. Il faut également y ajouter la maintenance décennale entamée à la centrale du Blayais.
Ces deux sites ont produit les deux tiers de l'électricité de la région. Ainsi, et c'est là aussi un record, les énergies renouvelables ont produit pour la première fois le tiers restant. La production éolienne a grimpé de 6,6 % avec 2,9 TWh et le solaire a littéralement bondi de 24,7 % avec 4,7 TWh. De quoi asseoir un peu plus la Nouvelle-Aquitaine comme première région productrice d'énergie solaire en France, avec un quart de la puissance installée du pays. En raison d'une année à faibles précipitations, la production d'énergie hydraulique a quant à elle chuté de 34 %.
La consommation quant à elle s'est portée légèrement à la baisse avec 39,1 MWh en 2022, en repli de 0,5 %. « La consommation avait repris assez significativement en début d'année, en raison de la sortie de la crise Covid. Mais elle a marqué un coup d'arrêt avec le début de la guerre en Ukraine et l'envolée des prix de l'électricité », rejoue Erik Pharabod. Dans un contexte aux multiples incertitudes, avec une soudaine inflation, un ralentissement du parc nucléaire et des potentielles coupures de réseau, la baisse de la consommation s'est élevée à 9 % en France en 2022. Ce coup de frein n'est pas vraiment observable en Nouvelle-Aquitaine mais, tout de même, pour la première fois, la région a davantage consommé d'électricité qu'elle n'en a produit. Habituellement, « elle produit presque un tiers de plus que ce qu'elle consomme », indique-t-il.
Production ConsommationLe bilan électrique 2022 en Nouvelle-Aquitaine
Changements structurels et investissements massifs
L'import d'électricité, provenant notamment d'Espagne via le réseau néo-aquitain, et la montée en tension des énergies renouvelables ont permis de compenser la conjoncture défavorable du nucléaire. Un équilibre alternatif très à l'image des perspectives de développement portées par RTE dans la région. Selon le schéma régional des énergies renouvelables adopté par la préfecture en 2021, la puissance du parc renouvelable, qui s'élève aujourd'hui à 8 GWh, doit être étendu de 13,6 GWh d'ici 2030. RTE indique même avoir identifié un potentiel de gisement de plus de 30 GWh supplémentaires à travers la Nouvelle-Aquitaine.
Selon certains scénarios explorés par le transporteur, la part de renouvelable pourrait être portée à 50 % dans le mix électrique en 2050. Pour y parvenir, le réseau va être transformé grâce à un haut niveau d'investissement : en Nouvelle-Aquitaine, RTE veut investir 1,5 milliard d'ici 2030. L'essor des énergies renouvelables impose des mutations spécifiques. « Ça nécessite de multiplier les points de raccordement, les nouveaux sites que l'on développe sont des postes de 400 kilovolts qui visent à mailler le réseau des énergies renouvelables », illustre Dominique Millan, directeur développement et ingénierie RTE Sud-Ouest. Il ajoute : « Notre structure doit être optimisée en permanence, en la numérisant par exemple. »
Les principaux investissements visent donc à soutenir les besoins de consommation et accompagner l'essor des renouvelables. RTE Sud-Ouest investit par exemple 97 millions d'euros sur trois ans pour renforcer une des infrastructures d'interconnexion avec l'Espagne ou encore 50 millions d'euros pour un projet de raccordement sous-marin de 400 kilomètres entre la Gironde et le Pays basque espagnol. Le projet global est chiffré à 3,1 milliards d'euros entre les deux pays. Au cours de la décennie, RTE se prépare aussi à investir dans le réseau pour raccorder le futur parc éolien offshore au large d'Oléron, autour du bassin de Lacq et du Grand port maritime de Bordeaux ou encore dans la création de trois nouveaux postes à haute tension sur l'agglomération bordelaise qui développe des sites photovoltaïques. Un nouveau mix renouvelable qui implique un « changement de la structure fondamentale du réseau » projettent les responsables de RTE. Et constitue donc un défi, au-delà des ambitions de nouveau mix électrique, pour développer une infrastructure fiable et renouvelée.
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