Comment la centrale nucléaire de Blaye irrigue l'économie du Nord Gironde

Avec 1.500 emplois directs et des retombées économiques en cascade, les quatre réacteurs de la centrale du Blayais contribuent, selon l'Insee, à faire vivre 6.000 personnes dans un bassin d'emploi fragile à cheval entre la Gironde et la Charente-Maritime. La centrale nucléaire, dont 25 % des sous-traitants sont installés en Gironde, fait l'objet d'un grand carénage jusqu'en 2029.
(Crédits : ASN/Appa/G. Arroyo)

Après la centrale de Civaux, en Haute-Vienne, en juin dernier, l'Insee s'intéresse aux retombées économiques de la centrale nucléaire de Blaye, en Gironde, dans un contexte de renouveau politique et industriel de la filière nucléaire française. Située à 66 km au nord de Bordeaux, cette centrale compte quatre réacteurs qui représentent les deux tiers de la consommation d'électricité de Nouvelle-Aquitaine. Une région où 81 % de la production électrique est d'origine nucléaire.

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Une zone d'influence de 74 communes

Dotée de quatre réacteurs mis en service au début des années 1980, la centrale du Blayais irrigue un territoire de 74 communes du nord de la Gironde et de l'ouest de la Charente-Maritime totalisant 103.000 habitants. "Les personnes liées à la centrale y constituent 5 % des habitants, soit plus de 6.000 personnes", précise l'Insee dans une note dédiée publiée le 15 septembre 2022. Dans ce territoire traditionnellement agricole et viticole (10,5 % de l'emploi contre 4,1 % en Gironde), la centrale nucléaire est le premier employeur puisque près de 9 % des emplois en dépendent directement ou indirectement. De quoi doter cette zone de 74 communes d'une forte coloration industrielle : avec la centrale et ses sous-traitants, l'industrie réunit 14,4 % des emplois contre 9,2 % en moyenne en Gironde.

Un grand carénage en cours


  • Mis en service entre 1981 et 1985, les quatre réacteurs blayais, d'une puissance de 900 MW chacun, entourés de quatre hectares de panneaux photovoltaïques, produisent en moyenne 26 TWh d'électricité par an. Contrairement à Civaux, la centrale girondine n'est pas concernée à ce stade par la problématique de corrosion d'origine inconnue qui impose à EDF la mise à l'arrêt préventif de dix-sept réacteurs. Elle fait actuellement l'objet d'un programme de grand carénage d'un milliard d'euros de travaux de 2020 à 2029 qui doit lui permettre de produire de l'électricité pour au moins dix ans de plus.

Techniciens, chargés d'affaires et de projets, ingénieurs, techniciens de production et de distribution d'énergie, techniciens d'exploitation et de maintenance : la centrale emploie ainsi directement 1.470 emplois, dont 1.260 dans ce périmètre de 74 communes. Ils sont quasiment tous en CDI et tendanciellement plus qualifiés, plus jeunes et mieux payés que la moyenne locale. L'Insee évalue les effets en cascade de ces 1.470 emplois par la création de 1.040 emplois indirects et 1.030 emplois induits (*), soit un impact global de 3.540 emplois, dont 2.210 sont localisés dans ce bassin resserré de 74 communes.

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Une centaine de sous-traitants girondins

En agrégeant à ce total les familles des salariés, l'Insee chiffre à 9.400 le nombre de personnes dont les revenus sont liés directement ou indirectement aux réacteurs du Blayais, dont 6.000 personnes au sein de ces 74 communes et jusqu'à 6.700 en Gironde. Néanmoins, malgré le poids de la centrale, qui dope aussi les recettes fiscales des collectivités locales voisines, ce territoire reste fragile économiquement avec un taux de pauvreté supérieur à la moyenne girondine (14,2 % contre 12,6 %), un taux de chômage supérieur de trois points et plus de 31 % des 18-24 ans qui ne sont ni en emploi ni en études, contre moins de 20 % dans le reste du département. Mais de nouvelles entreprises industrielles ambitieuses s'y installent telles que Symbiose (plastronique), à Pugnac, ou encore Flying Whales (aéronautique), à Laruscade.

Enfin, si une centaine de sous-traitants sont installés en Gironde, les trois-quarts des prestations et commandes passées par la centrale du Blayais le sont à des entreprises situées à l'extérieur du département, notamment en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes. Parmi les 460 établissements prestataires, un gros tiers ont un chiffre d'affaires qui dépend à plus de 10 % de la centrale. La moitié de ces derniers est située en Gironde.

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(*) Selon l'Insee, les emplois indirects correspondent aux emplois générés par les commandes passées par la centrale auprès de fournisseurs et des sous-traitants. Les emplois induits correspondent aux emplois générés par la consommation de produits et de services des salariés et de leur famille.

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