Flying Whales lève 122 millions d'euros pour faire voler son dirigeable en 2025

Le projet de dirigeable géant LCA60T est aussi ambitieux que risqué tant il marque une rupture par rapport aux aéronefs existants, un saut dans l'inconnu. Pour l'heure, Flying Whales consolide ses moyens financiers avec un tour de table de 122 millions d'euros auprès, notamment, de la France et de Monaco. De quoi financer l'assemblage en Gironde du prototype de ce transport de fret d'un nouveau genre qui doit s'envoler à l'horizon 2025.
Le premier exemplaire de baleine volante doit être assemblé à Laruscade, au nord de Bordeaux.
Le premier exemplaire de baleine volante doit être assemblé à Laruscade, au nord de Bordeaux. (Crédits : Flying Whales)

Il faut un peu d'imagination pour visualiser l'impression que fera le dirigeable LCA60T (large capacity airship 60 tons) lorsqu'il s'envolera pour la première fois dans le ciel du nord de la Gironde, possiblement fin 2024 ou début 2025. Ce dirigeable affiche en effet des mensurations de véritable géant des airs : 200 mètres de long sur 50 mètres de diamètre doté d'une soute longue de 96 mètres ! Cette "baleine volante" aura vocation à effectuer des missions de transport dans des zones difficiles d'accès grâce à sa capacité de chargement et déchargement de 60 tonnes en vol stationnaire et sa propulsion électrique.

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Investisseurs publics et privés

Un pari industriel osé porté par l'entreprise Flying Whales qui emploie 130 salariés. Depuis sa création en 2012, elle a su convaincre une série de partenaires privés comme publics, dont le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, l'Etat du Québec et un actionnaire chinois qui a finalement quitté le navire. Ce 30 juin 2022, Sébastien Bougon, le PDG de la société, annonce avoir bouclé une troisième levée de fonds de 122 millions d'euros auprès d'un nouveau consortium d'acteurs privés et publics. L'augmentation de capital prévoit ainsi l'entrée de l'Etat français, via le fonds French Tech Souveraineté, opéré par
Bpifrance, et la Principauté de Monaco, via la Société nationale de financement. Ils rejoignent le gouvernement du Québec, déjà actionnaire à hauteur de 25 % via Investissement Québec, qui réinvesti d'autant.

"C'est un projet de rupture technologique, unique en Europe, qui mêle réindustrialisation en territoire rural et transition écologique. Nous y avons cru d'entrée quand il nous a été présenté en 2017. Ce dirigeable géant [...] nous fait entrer dans l'ère du transport durable de marchandises", réagit Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine qui est également actionnaire.

L'actionnariat de Flying Whales reste néanmoins majoritairement privé : deux autres actionnaires déjà présents apportent ainsi de nouveaux fonds propres - Aliad Venture Capital (groupe Air Liquide) et le groupe ADP (Aéroports de Paris) - et sont rejoints notamment par Société Générale Assurances.

Entrer en phase de pré-production

Cette troisième levée de fonds doit permettre à la startup industrielle de passer progressivement d'une phase de recherche et développement à une phase de pré-production et de construction du premier prototype de dirigeable. C'est toujours sur la commune de Laruscade, à 45 km au nord de Bordeaux, que l'assemblage des premiers exemplaires est prévu dans deux hangars immenses de 250 mètres de long et de 60 mètres de haut. A ce stade, les études d'impact environnemental ont été finalisées mais le permis de construire n'est pas encore déposé. Si les processus règlementaires se déroulent comme prévu, Sébastien Bougon espère voir voler un premier dirigeable fin 2024 ou début 2025 avant une mise en service douze à dix-huit mois plus tard.

Et c'est aussi à Bordeaux que la filiale commerciale de l'entreprise, Flying Whales Services, est installée avec une vingtaine de salariés sur place. C'est cette future "compagnie aérienne" qui sera chargée d'acheter les dirigeables et les exploiter pour le compte des clients. Les aéronefs resteront en effet la propriété de Flying Whales. À terme, entre Bordeaux et Laruscade, les effectifs devraient grimper à près de 300 emplois.

Plusieurs marchés et au moins un concurrent

ADP apportera aussi son savoir-faire aéroportuaire puisque Flying Whales ambitionne de déployer un réseau de bases depuis lesquelles opérer ses engins partout dans le monde entier. L'objectif étant de livrer des charges lourdes et volumineuses dans des zones difficilement accessibles (montagne, forêt dense, archipels, etc.). Avec une flotte de 150 dirigeables livrés au cours des dix premières années de production sur trois sites en Gironde, au Québec et en Asie, l'entreprise vise différents marchés : "Le transport du bois qui était notre marché initial n'est plus le débouché le plus important parmi ceux que nous identifions aujourd'hui. Nous nous positionnons désormais sur l'énergie, pour le transport de pale d'éoliennes notamment, sur le désenclavement des territoires isolés et sur des applications humanitaires, soit pour répondre à des crises ponctuelles, soit pour des missions plus régulières avec des hôpitaux mobiles", détaille à La Tribune Michèle Renaud, la directrice marketing et ventes de l'entreprise.

Sur ce segment de marché du dirigeable zéro carbone, il faudra aller vite puisque Sergey Brin, le fondateur de Google, s'est lui-aussi mis en tête de développer un dirigeable géant électrique. De son côté, Flying Whales pourra notamment compter sur l'expertise de deux industriels tricolores : les commandes de vol seront développées ad hoc par le groupe Thales tandis que les systèmes électriques seront apportés par Safran Electrical & Power.

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Commentaire 1
à écrit le 02/07/2022 à 16:43
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" l'Etat du Québec ": Le Québec n'est pas un état, c'est une province.

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