Nimbl'Bot se prépare à inspecter les centrales nucléaires avec son bras robotisé

"Apporter de l'agilité et de la mobilité pour sécuriser les infrastructures industrielles." C'est l'ambitieuse mission que poursuit Nimbl'Bot avec son bras robot articulé. La startup bordelaise, qui se positionne sur la robotique de services industriels, vise prioritairement des applications dans le secteur très exigeant du nucléaire. Explications.
L'équipe de Nimbl'Bot autour de Ludovic Dufau (en blanc, au centr), d'Alice Lassalle (2e en partant de la droite) et de leur bas robotisé articulé.
L'équipe de Nimbl'Bot autour de Ludovic Dufau (en blanc, au centr), d'Alice Lassalle (2e en partant de la droite) et de leur bas robotisé articulé. (Crédits : Nimbl'Bot)

Membre du pôle de compétitivité Nuclear Valley et du Gifen (Groupement des industriels français de l'énergie nucléaire), la startup bordelaise Nimbl'Bot concentre ses efforts sur le marché de la maintenance des centrales nucléaires. Une filière où il est indispensable de voir loin et de raisonner à court, moyen et, surtout, long terme. Depuis les 250.000 euros réunis en amorçage en 2018, Alice Lassalle et Ludovic Dufau, les cofondateurs, ont bien avancé au point de décrocher une série de distinctions ces derniers mois : lauréat du concours d'innovation robotique de la direction des projets déconstruction et déchets d'EDF, du programme européen Rima (recrutement de robots pour les opérations d'inspection et d'entretien) et du programme France Relance Nucléaire.

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Nimbl'Bot dispose désormais de deux prototypes fonctionnels de son bras robotisé, articulé et breveté, l'un en acier, l'autre en nylon chargé en carbone. Sur le plan opérationnel, des premiers essais devraient être réalisés en conditions réelles dans une centrale nucléaire d'EDF au premier semestre 2023.Il s'agira de décontaminer des murs en béton par aspiration. Plus largement, dans le secteur nucléaire lors d'opérations de maintenance ou de démantèlement, le robot permet d'utiliser des canalisations ou des forages existants pour inspecter des zones sensibles inaccessibles autrement.

"Robotiser des environnements inconnus"

"Le cœur de notre proposition de valeur c'est cette architecture mécanique polyvalente et modulaire qui pivote à 360 degrés et peut accueillir de multiples applications. Le robot peut aussi évoluer dans des environnements contraints en étant capable d'éviter les obstacles. L'objectif c'est donc d'aller robotiser des environnements inconnus, c'est-à-dire qui n'ont pas été conçus pour être robotisés !", résume Alice Lassalle qui se positionne clairement comme "une entreprise de robotique de services pour les industriels".

Vidéo de démonstration réalisée par Nimbl'Bot.

Le robot, à la fois agile et rigide, peut accueillir de multiples applications : caméra, fibre optique, jet d'eau, pince, fer à souder, détecteur, dosimètre, etc. Il existe pour l'heure dans deux formats : l'un de 6 cm de diamètre sur 80 cm de long, l'autre de 12 cm de diamètre sur deux mètres de long. Mais malgré ses qualités intrinsèques, Nimbl'Bot doit encore s'aguerrir sur le terrain. "En 2023, on va continuer à pousser nos preuves de faisabilités en accumulant de la donnée et des retours d'expériences pour à la fois améliorer l'interface homme-machine et explorer de nouveaux cas d'usages en 2024", précise la co-fondatrice.

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Le nucléaire, porte d'entrée de la maintenance industrielle

"Le nucléaire représente actuellement 100 % de notre activité. C'est le marché qu l'on vise prioritairement puisqu'il présente des contraintes tellement fortes que si on réussit dans ce secteur on pourra ensuite s'ouvrir progressivement à d'autres filières. Ce qu'on propose c'est le bras robotisé, la brique logicielle qui permet de l'activer et de l'animer mais aussi les passerelles qui lui permettent d'interagir avec les autres systèmes", ajoute Ludovic Dufau.

La feuille de route de Nimbl'Bot prévoit, pour les deux ans qui viennent, d'entrer en phase pré-industrielle, "c'est-à-dire passer d'un prototype à un produit fini, certifié CE et fabricable en série".

Nimbl'Bot

Alice Lassalle et Ludovic Dufau, les deux cofondateurs de Nimbl'Bot (crédits : Agence APPA).

Aujourd'hui constituée de dix CDI, dont deux docteurs en robotique, l'équipe a réalisé 200.000 euros de chiffre d'affaires depuis 2020. Elle vise une première commercialisation de son robot fin 2024 ou début 2025 tandis que la rentabilité économique n'est pas attendue avant 2026.

"Nimbl'Bot c'est la définition même de ce que Bpifrance appelle une deeptech industrielle : une activité hautement capitalistique sans rentrée d'argent pendant longtemps avant une forte envolée commerciale", martèle Alice Lassalle.

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Car finalement l'impératif pour la jeune entreprise c'est bien d'être en 2025 au rendez-vous du marché de la maintenance industrielle robotisée qui propose d'ores-et-déjà des perspectives florissantes. Selon une étude du cabinet BCG (Boston consulting group) de juin 2021, le marché mondial de la robotique de services professionnels aux entreprises, tous secteurs confondus, pourrait atteindre entre 90 et 170 milliards de dollars à l'horizon 2030.

"Le secteur de l'inspection et de la maintenance sur lequel nous nous positionnons pèse 8 à 10 % de ce total. En 2021, il y avait un millier de fabricants de robots de services recensés par la Fédération internationale de robotique. 82 % de ces entreprises sont des PME ou des startups de moins de 200 salariés et la moitié sont en Europe. Donc on ne doit pas traîner parce qu'en 2030 on veut être en mesure de commercialiser entre 700 et un millier de robots pour diverses applications", se projette Alice Lassalle.

La production débutera à Canéjan, en combinant sous-traitance et fabrication en interne des robots. Cela passera d'abord, dans les prochains mois, par une levée de fonds permettant de doubler les effectifs pour aborder la phase de pré-industrialisation.

Une coloc de startups industrielles


  • Nimbl'Bot est installée à Canéjan dans des locaux partagés avec deux autres startups industrielles bordelaises : 3Ditex, qui fabrique des cadres de vélo, et Lynxdrone, qui conçoit des drones civils à usage professionnel. Les trois entreprises, qui étaient déjà colocataires à Saint-Médard-en-Jalles, comptent au total 25 salariés. Elles mutualisent leurs locaux, bureaux et ateliers sur 1.200 m2, échangent constamment et partagent des fonctions supports dont, déjà, le poste de chargée de communication. Un modèle très original qui tient dans la durée.

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