Freudenberg produira des joints pour les électrolyseurs d'hydrogène près de Limoges

Témoin des évolutions du secteur automobile, l'usine de l'équipementier allemand Freudenberg, à Chamboret (Haute-Vienne) est en train de prendre un nouveau virage. Le fabricant de joints pour l'automobile va investir jusqu'à sept millions d'euros pour concevoir et produire des joints qui équiperont les électrolyseurs d'hydrogène, ces pièces indispensables dans le puzzle de la décarbonation.
Le site produit quatre millions de joints plats par mois destinés à des moteurs de voitures thermiques et électriques.
Le site produit quatre millions de joints plats par mois destinés à des moteurs de voitures thermiques et électriques. (Crédits : Freudenberg)

Ces appareils permettent de produire de l'hydrogène à partir de l'électrolyse de l'eau pour, au final, générer de l'électricité verte. Le marché prometteur des électrolyseurs s'inscrit dans la transition énergétique avec, en ligne de mire, la décarbonation de l'industrie mais à condition d'être en mesure d'en produire suffisamment. Ce projet prévu pour les années à venir a été validé par Bpifrance et subventionné à 20 % jusqu'en 2026 dans le cadre du Plan France 2030. « Nous allons nous équiper de presses et de moules pour fabriquer les prototypes et valider nos concepts, indique Christian Favetto, directeur du site de Freudenberg à Chamboret, au nord de Limoges. Nous investirons également dans des outils de laboratoire pour développer de nouveaux élastomères et process. »

Depuis 1972, cette usine de 9.500 m2 produit, chaque mois, quatre millions de joints plats pour le secteur automobile. Une aventure qui avait commencé à la fin des années 1950. La production de ces nouveaux joints s'inscrit dans l'évolution de l'usine qui a toujours su s'adapter aux besoins spécifiques de ses clients que ce soit Renault, Stellantis, Volkwagen, BMW... La fin des moteurs thermiques, annoncée dans l'Union européenne en 2035, a incité le fabricant à se diversifier.

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« Des clients que nous ne connaissions pas il y a deux ans »

Avec son projet Ovide H2, l'usine de Chamboret s'ouvre donc à de nouvelles perspectives. « Aujourd'hui, moins de 10 % de nos projets concernent les joints moteurs pour voitures thermiques et 20 à 30 % pour les moteurs électriques, précise-t-il. Le reste porte sur la production d'hydrogène avec des joints pour des électrolyseurs et des piles à combustible. » En plus de l'usine de Langres (Haute-Marne) et d'un site en Pologne, le site de Chamboret en produira une partie courant 2024 après la phase de R&D réalisée dans son laboratoire et la mise en service d'une nouvelle presse pour ce projet. « Il y a déjà des marchés pour cette métamorphose. Aujourd'hui, 60 % de nos projets se concentrent sur des clients potentiels que nous ne connaissions pas il y a encore deux ans, remarque le directeur. La technologie est très similaire, on injecte dans un moule des élastomères mais la différence, c'est qu'ils sont encore en phase de développement. On travaille dans l'inconnu, c'est un challenge très motivant, encore plus pour moi qui suis en fin de carrière. » Son programme Ovide H2 doit répondre aux enjeux de décarbonation en produisant massivement de l'hydrogène vert.

L'Union européenne souhaite que dix millions de tonnes soient produites dans les Etats membres d'ici 2030, pour une capacité de production atteignant jusqu'à 100 gigawatts. Un ordre de grandeur nouveau au regard de la capacité mondiale d'hydrogène vert d'un gigawatt actuellement. Pour cela, il faudra industrialiser la production d'électrolyseurs, et donc de joints pouvant mesurer jusqu'à un mètre de diamètre.

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« 15 millions de prévisionnel en 2029 sur ces joints »

À Chamboret, l'équipe R&D travaille sur quatre autres prototypes de joints après une première commande en 2022. « Cela pourrait générer plusieurs millions d'euros par an, estime le directeur. Malgré tout le marché est très incertain, en phase de consolidation. Les entreprises qui se créent sont largement subventionnées par l'Europe, un tri va se faire et deux ou trois auront réussi dans cinq ou dix ans sans que l'on puisse savoir aujourd'hui lesquelles. » L'expertise technique de Freudenberg est un atout de poids sur ce marché émergent. L'entreprise joue pleinement son rôle de conseiller auprès de clients indécis quant au modèle de joint dont il aurait besoin.

Les premiers prototypes seront finalisés en 2024 pour entrer en présérie voire en série. « Nous travaillons également pour avoir cinq ou six clients en Europe voire plus loin dès l'année prochaine, poursuit-il. La finalité est principalement industrielle dans tous les domaines consommateurs d'électricité comme la papeterie et la sidérurgie. » Dès fin 2024, l'entreprise compte réaliser un à deux millions d'euros de son chiffre d'affaires sur ce nouveau marché sur un prévisionnel d'environ 25 millions d'euros (versus 20 millions en 2022). À l'horizon 2029, il pourrait atteindre 15 millions sur ces joints et 30 millions d'ici 2035 « une fourchette optimiste mais réaliste » selon le directeur. Cette diversification va s'accompagner de 50 créations d'emplois jusqu'en 2026, certaines embauches dont des ingénieurs ayant commencées.

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