Hydrogène vert : comment Cerinnov Group se positionne dans la chaîne de production

Après avoir souffert durant la crise Covid, Cerinnov Group sort la tête de l'eau grâce à un carnet de commandes de plus de dix millions d'euros. Un premier équipement thermique va être déployé pour la production d’hydrogène décarboné alors que l'entreprise basée à Limoges nourrit de grandes ambitions sur ce marché en pleine croissance.
L'entreprise conçoit et fabrique des fours de traitement thermique pour les industriels de la céramique et du verre, son coeur de métier.
L'entreprise conçoit et fabrique des fours de traitement thermique pour les industriels de la céramique et du verre, son coeur de métier. (Crédits : Cerrinov Group)

Avec un chiffre d'affaires de 14,6 millions en 2022, Cerinnov Group retrouve son chiffre d'affaires de 2019 qui s'élevait à 14,2 millions (+3 %). Entre temps, l'équipementier spécialiste de l'ingénierie robotique et des équipements industriels pour l'industrie de la céramique et du verre a subi de plein fouet la crise sanitaire.

« Nous avions beaucoup de contrats en Asie depuis notre entrée en bourse en 2016 mais fin 2019 , ça s'est arrêté du jour au lendemain », se souvient Arnaud Hory, le président. « Nous avons dû faire quatre millions d'économies de charges courantes pour tenir sur les bâtiments avec treize licenciements économiques en deux ans. »

Le groupe, côté à l'Euronext Growth Paris, a même renoué en 2022 avec un résultat d'exploitation positif de 600.000 euros après six ans de pertes et les recrutements ont repris.

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Redéploiement géographique

L'entreprise sort donc la tête de l'eau avec un carnet de commandes de 10,5 millions d'euros sécurisé uniquement sur l'activité équipements contre 9,1 millions en 2022. Près de 8,2 millions seront livrés et facturés cette année et le solde en 2024. Mais Cerinnov, qui réalisait la majorité de son activité à l'export en 2019, avec 5,3 millions en Europe et 5,2 millions dans les autres régions du monde, a été contraint de s'adapter.

Sa part en Europe a progressé avec 6,8 millions en 2022. En France, son chiffre d'affaires est ainsi de 6,1 millions en 2022 contre 3,7 en 2019 (+65 %). À l'international, l'activité n'est pas repartie avec 1,7 million de chiffre d'affaires. « L'effet Covid joue encore pour le grand export, constate-t-il, mais en France, on profite de la réindustrialisation. En 2022, avec un Ebitda [Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement, NDLR] à 11,5 %, le groupe a retrouvé sa rentabilité et pour 2023, on tient nos objectifs avec un peu de croissance. » L'Ebitda avait plongé à moins 28,5 % en 2020 avec un chiffre d'affaires quasiment divisé par deux en un an à 7,3 millions.

Cerrinov

Ce robot qui sert à polir a été livré à l'entreprise Perfecta à Limoges qui fabrique des embauchoirs. (Crédit : Cerinnov Group)

Hydrogène : « Nous voulons être un des leaders »

Créé en 1998, le groupe, fort de cinq sociétés et 90 collaborateurs, s'est orienté vers un nouveau marché avec la première commande d'un équipement thermique dédié à la production d'hydrogène décarboné. « Nous adaptons nos technologies à l'évolution de l'industrie. Il y a de la demande dans ce secteur qui sera porteur à l'avenir et nous pouvons répondre par nos acquisitions précédentes. Et si nos équipements conviennent, on risque d'être un des leaders dans le futur », espère le dirigeant.

Une quinzaine d'acteurs européens sont positionnés sur ce marché dopé par la volonté de réindustrialisation afin de retrouver la souveraineté nationale. « Il y a plusieurs projets de gigafactories en Europe notamment dans la céramique, notre cœur de métier, et nous sommes sollicités sur nos machines de production et fours », indique Grégory Etchegoyen, directeur de l'innovation. « Cela concerne aussi les batteries autos, les piles à combustible et cellules électrolytiques à hautes températures pour produire l'hydrogène. » Les équipes de Cerinnov vont faire évoluer leurs fours pour dépasser 1.500 degrés sur des céramiques techniques. Elles conçoivent aussi des lignes de fabrication robotisées avec traçabilité grâce au marquage laser. Ces gigafactories auront besoin d'outils de production ce qui laisse présager de belles perspectives commerciales. Suite à cette première commande, d'autres marchés sont « en cours de finalisation » et doivent aboutir fin 2023 ou début 2024 révèle Arnaud Hory sachant « qu'un projet peut se chiffrer à plusieurs millions d'euros. »

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« Des marchés qui n'existaient pas il y a 10 ans »

Une dynamique nouvelle semble donc s'amorcer pour satisfaire de nouveaux besoins. « Ces marchés européens très technologiques en lien avec l'aéronautique et la défense n'existaient pas il y a dix ans », assure le directeur de l'innovation. « On voit cette volonté de réindustrialiser dans ce secteur où il faut de la souveraineté nationale comme dans les secteurs plus traditionnels qui cherchent à augmenter leur capacité de production comme les produits de luxe français. » En R&D, l'entreprise travaille d'une part sur des technologies de rupture et d'autre part sur la montée en gamme des machines pour incorporer robotique, cobotique et de l'intelligence artificielle pour apporter de nouvelles fonctions.

Enfin, le groupe compte un nouvel actionnaire important Philippe Spruch qui détient 28,1% du capital sans l'intention d'être majoritaire. « C'est un passionné de robotique et cobotique. Sa forte expérience à l'international et son expertise dans le développement d'entreprises industrielles et technologiques seront un véritable atout pour accompagner notre développement », salue le président.

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