Hydrogène : le projet de GH2 à 250 millions d’euros pour produire de « l'ammoniac vert » à Ambès

Le projet d'usine électro-chimique porté par GH2 sur les terrains du Grand port maritime de Bordeaux, à Ambès, vient de recevoir l'appui d'Alain Rousset, le président du conseil régional. Mais le plus gros reste encore à faire pour concrétiser cette production d'hydrogène décarboné valorisé sous forme d’ammoniac. Un investissement chiffré au total à 250 millions d'euros.
C'est sur un terrain du Grand port maritime de Bordeaux à Ambès que le projet porté par GH2 doit voir le jour.
C'est sur un terrain du Grand port maritime de Bordeaux à Ambès que le projet porté par GH2 doit voir le jour. (Crédits : PAT-GPMB)

« Ce projet est pertinent, car il contribue à renforcer la souveraineté agricole et industrielle de notre territoire et à accélérer la transition énergétique », écrit Alain Rousset, dans un courrier adressé fin mars à l'entreprise parisienne GH2. Le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine y apporte formellement son soutien au projet GH2 Ambès de production d'hydrogène vert. C'est sur un terrain de 50 hectares du Grand port maritime de Bordeaux, sur la presqu'île d'Ambès, que ce projet pourrait voir le jour... à l'horizon 2028.

« Réduire de 60 % les importations d'ammoniac »

Car si le protocole foncier signé pour 35 ans avec le Port dès 2021 et le soutien formel de la Région, obtenu ces dernières semaines, marquent des avancées, le plus dur reste encore à faire pour Franck Chessé et Thierry Robustelly, les deux associés derrière GH2. Ce projet de réindustrialisation consiste à produire de l'hydrogène décarboné, c'est-à-dire en utilisant de l'électricité d'origine renouvelable, via des panneaux solaires implantés sur le site et ailleurs, et de l'électricité issue du réseau classique français, considéré comme bas carbone puisqu'à 67 % d'origine nucléaire et 25 % d'origine renouvelable. « Le terrain d'Ambès permet un accès direct au fleuve via un ponton existant, ce qui est indispensable pour l'exportation, et dispose d'un bon raccordement électrique pour l'alimentation de l'électrolyseur », explique à La Tribune Thierry Robustelly.

Cet hydrogène sera ensuite utilisé sur site pour fabriquer de « l'ammoniac vert » :

« La France importe aujourd'hui 500.000 tonnes par an d'ammoniac carboné. Avec la production de GH2 Ambès, nous ambitionnons de réduire de 60 % ces importations et diminuerons d'autant les émissions de CO2 liées à la production et au transport de cet ammoniac », fait valoir Thierry Robustelly qui vise deux débouchés commerciaux principaux : « Le premier et le plus immédiat ce sont les engrais agricoles, qui est un marché identifié et transparent. Le second, à plus long terme, concerne les pistes autour du carburant maritime. »

La France, qui ne dispose que de quatre usines de production, a importé en 2022 530.000 tonnes d'ammoniac principalement d'Algérie, de Trinidad-et-Tobago et de pays européens. Les engrais agricoles pèsent 82 % de la consommation mondiale d'ammoniac.

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250 millions d'euros pour la première tranche

Pour mener à bien ce projet d'usine électro-chimique, les deux associés s'attèlent désormais à réunir les conséquents fonds nécessaires à sa réalisation. Une enveloppe totale de 250 millions d'euros est évoquée pour la première tranche capable de produire 100 MW d'électrolyse. « Ce soutien de la Région est important parce qu'il confirme que le projet est en ligne avec les orientations du territoire. C'est un point important pour aller solliciter par la suite des subventions nationales et européennes », juge Franck Chessé, le cofondateur de GH2.

Car le financement s'appuiera, assez classiquement, sur trois piliers : des fonds propres et des investissements privés ; des subventions publiques françaises et européennes (qu'il faudra obtenir auprès d'acteurs tels que Bpifrance, la Banque des territoires, l'Ademe, la BEI, la Commission européenne, etc), et de la dette bancaire. « Nous sommes en cours de levée de fonds et nous finalisons en parallèle les études environnementales et d'ingénierie en vue d'une décision finale d'investissement qui sera prise en 2025 », indiquent les cofondateurs, qui assurent que le projet de GH2, s'il n'est pas le seul de ce type en Europe, est bien « le plus avancé » avec des « investisseurs déjà intéressés ».

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