Voiture, transports en commun, vélo : les enseignements de la vaste enquête mobilité en Gironde

INFOGRAPHIES. Les collectivités girondines ont dévoilé début juillet une vaste enquête sur les dynamiques de mobilité à travers le département. Un document instructif où l'on constate le recul de la voiture dans les habitudes, la stagnation des transports en commun et la percée relative du vélo. L'ordre des modes de déplacement ne change pas alors que les infrastructures d'envergure départementale se font attendre.
Maxime Giraudeau
La voiture est toujours - et de loin - le mode de transport le plus utilisé en Gironde selon une enquête.
La voiture est toujours - et de loin - le mode de transport le plus utilisé en Gironde selon une enquête. (Crédits : Agence Appa)

Plus de dix ans sans rien. La dernière enquête qui s'était attachée à mesurer les habitudes de mobilité des habitants de la Gironde remontait à 2009. A l'époque, Dominique Bussereau était ministre des Transports, le vélo n'était pas plébiscité au-delà des trois semaines du Tour de France et la métropole bordelaise n'en était pas une. Autant dire que la version actualisée de l'étude était particulièrement attendue. Elle a livré ses conclusions début juillet, selon les données collectées en 2021 auprès de 11.500 ménages de Gironde.

Nombre de déplacements par personne en baisse, parts modales qui stagnent, dynamiques territoriales différentes : l'enquête* illustre les difficultés persistantes des mobilités girondines, dans un département où le développement des transports ne suit pas la forte hausse démographique. Voici, en trois graphiques, ce qu'il faut retenir des cinq millions de déplacements girondins quotidiens.

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Moins de déplacements

Premier enseignement, la population girondine effectue moins de déplacements : elle est passée de 3,9 à 3,4 déplacements par jour et par personne entre 2009 et 2021. Ainsi, la hausse du nombre total de mobilités quotidiennes sur le département est cantonnée à 2 %, alors que dans le même temps la hausse démographique s'est portée à 15 %. Respectivement, un quart et un cinquième des Métropolitains et non-Métropolitains disent télétravailler au moins une fois par semaine.

En toute logique, les trajets effectués sur Bordeaux Métropole sont plus courts en distance que sur le reste du département : 26 kilomètres en moyenne contre 39. En revanche, les Métropolitains passent plus de temps dans les transports, plus d'1h15 par jour en moyenne. Des données stables par rapport à 2009.

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Sur l'ensemble des déplacements girondins, la moitié concerne des trajets effectués sur la Métropole. Rien de surprenant puisque qu'elle abrite la moitié de la population girondine. Mais ces trajets, plus courts, ne représentent qu'un quart des émissions de gaz à effet de serre totales du département. Les déplacements entrant et sortant de la Métropole, qui ne constitue que 9 % des trajets, sont responsables de 35 % des émissions de gaz à effet de serre.

La première motivation des déplacements concerne les achats (23 % des trajets), devant le travail (20 %) et les loisirs (17 %). 70 % des trajets accomplis en 2021 faisaient moins de 5 kilomètres.

La voiture cale mais reste devant

C'est un grand paradoxe que met en avant l'étude. Alors que le nombre de voitures a largement augmenté (+13,7 % en 12 ans, et même +19 % en dehors de la Métropole), le nombre de déplacements effectués avec ces véhicules a largement diminué : -20 % pour les Métropolitains, -4 % pour le reste du département.

infographie voiture gironde enquête mobilité

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Mais tout de même, le carrosse à quatre roues reste, de très loin, le moyen de transport plébiscité en Gironde puisque 59 % des déplacements girondins sont effectués en voiture. Un chiffre en recul de 9 points par rapport à 2009. 92 % des Girondins hors Métropole sont véhiculés.

Une domination qui va se heurter à l'arrivée de la Zone à faibles émissions à Bordeaux Métropole prévue pour 2025, mais dont l'application pourrait être repoussée. 86.000 véhicules de Gironde seraient concernés par une interdiction de circulation des catégories Crit'Air 4, 5 et hors-catégories.

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Vélo et transports en commun : rien ne bouge

Si l'usage de la voiture recule, il n'y a pas un mode de transport qui en bénéficie plus qu'un autre. En Gironde, la part modale des transports en commun n'augmente que de 2 %, tout comme celle du vélo. Une hausse très limitée qui permet à la marche à pied de conserver la deuxième place des moyens de mobilité les plus plébiscités.

Le vélo est ainsi cantonné à 8 % de part modale. Alors que Bordeaux Métropole veut la porter à 18 % d'ici 2030 grâce à la construction des pistes cyclables du Réseau Vélo Express. Côté nouvelles infrastructures de transports en commun, seule la quatrième ligne de tramway a été livrée durant la dernière décennie. Le bus à haut niveau de service sur la Métropole et surtout les lignes du RER Métropolitain, à l'échelle départementale, doivent arriver d'ici quelques années afin d'appuyer encore le report modal de la voiture.

En 2021, seuls 27 % de la population métropolitaine était abonnée à un réseau de transports collectifs. Et en Gironde, seulement 3 % des déplacements reposaient sur une combinaison des moyens de transport. Un niveau dérisoire alors que les collectivités comptent notamment sur l'articulation avec le vélo pour doper la fréquentation du futur RER Métropolitain.

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Autant de données qui montrent la transformation limitée de la mobilité girondine, pendant que plusieurs projets, comme l'étude en cours sur le métro ou les prochains débats sur la télécabine, sont dans les cartons. Certains élus, parmi lesquels le maire de Saint-Aubin-de-Médoc Christophe Duprat ou le nouveau ministre des Comptes publics Thomas Cazenave, réclament la création d'un syndicat départemental pour organiser la gestion des mobilités et réguler les flux.

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* Enquête menée entre septembre et décembre 2021 sur 11.545 ménages de Gironde et de sept communes du nord des Landes représentant 17.000 personnes. Démarche financée Bordeaux Métropole, le département de la Gironde, la région Nouvelle-Aquitaine, l'État, la Cobas et la Coban.

Maxime Giraudeau

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Commentaires 2
à écrit le 22/08/2023 à 7:24
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Bonjour, Divers constat... Pour aller au boulot, ils faut se déplacé, voiture transport publique ( si présent), mobilité électrique.(distances)... Reste la vie de tous les jours, déplacement obligatoire pour les achat hebdomadaire, journalie...

à écrit le 13/08/2023 à 11:19
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Parce que la voiture est toujours indispensable pour aller bosser en ville, sachant que ces villes sont déjà trop grosses avalant le marché de l'emploi régional et de ce fait ben il faut bien aller bosser. Si la voiture à reculé c'est parce que les t...

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