Posséder deux vélos, ce choc culturel pour articuler RER Métropolitain et mobilité douce

Alors que le squelette du RER Métropolitain se dessine en Gironde, les attentes des usagers sont nombreuses autour de la complémentarité avec d'autres modes de transport. À travers le département, l'arrivée de ce train du quotidien à haute fréquence devrait être combiné à de nouvelles infrastructures pour le vélo, demandent les promoteurs des mobilités douces.
Maxime Giraudeau
Doté de quatre lignes transversales, le réseau du RER Métropolitain doit être maillé d'ici 2030 en Gironde.
Doté de quatre lignes transversales, le réseau du RER Métropolitain doit être maillé d'ici 2030 en Gironde. (Crédits : Région Nouvelle-Aquitaine)

Dans les transports, comme partout, il y a les modes. En ce moment, c'est la télécabine - mais ça coince. Avant, il y avait le Bus à haut niveau de service, qui circulera bientôt à Bordeaux Métropole. La prochaine mode qui s'annonce sera celle des RER Métropolitain dans les grandes villes françaises, et notamment à travers la Gironde. Pour inciter aux maximum les travailleurs du quotidien à délaisser leur voiture et monter à bord, il va falloir se préparer à un choc culturel dans la façon de concevoir les mobilités préviennent les observateurs des transports.

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C'est le cas de l'association bordelaise Vélo Cité qui, à la manière des modes, tente depuis plusieurs années d'initier une réflexion autour d'un « Réseau cyclable à haut niveau de service » en articulation avec le RER Métropolitain. « Pour que le parcours du dernier kilomètre soit confortable pour l'usager, il faut de véritables vélos stations. C'est vraiment l'équivalent d'un parking de voitures, avec des milliers de places », esquisse Ludovic Fouché. Le président de l'association imagine une telle infrastructure dans la gare Saint-Jean, dotée de seulement 700 places pour l'instant, et d'autres de plusieurs centaines de places dans les 18 gares de la métropole. Un investissement chiffré à 20 millions d'euros pour un total de 6.500 places.

Qui paye ?

Mais pour accomplir intégralement le report modal de la voiture vers le tandem train-vélo, l'association veut aller encore plus loin. Elle ne défend pas l'idée de faire monter les deux roues à bord des trains, déjà chargés, mais veut plutôt inciter les usagers à disposer de deux vélos : l'un pour relier le domicile à la gare de départ ; l'autre pour relier la gare d'arrivée au lieu de travail. Une hérésie culturelle ? Au moins un choc, alors que seuls 8 % des Français se revendiquent « vélotaffeurs », c'est-à-dire cyclistes quotidiens sur le trajet domicile-travail. Alors de là à posséder deux bicyclettes, il y a un monde ! « Les gens y viendront mais cela doit être très bien organisé », maintient Ludovic Fouché.

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Une vision idéaliste pourtant partagée par le vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine chargé des transports. « On croit beaucoup au vélo au départ et à l'arrivée, mais pas à bord du train », signe Renaud Lagrave, faisant allusion à la cohabitation délicate des cyclistes et des passagers à bord des TER. La Région expérimente d'ailleurs des vélos en libre-service dans les gares de la ligne Angoulême-Royan. « Ce n'est pas notre compétence mais on a voté un règlement dans lequel on trouve des abris-vélos dans les collectivités », indique-t-il. Un défaut de compétence qui pose la question cruciale : qui doit payer les parkings vélos voulus par les défenseurs des cycles ? La Métropole, l'État, les villes ou le département ? La SNCF de son côté dispose d'importantes ressources foncières qui permettraient d'accueillir ces infrastructures.

Déploiement contrasté

À Langon, point de départ de la future ligne Nord/Sud du RER girondin, la communauté de communes prépare cette arrivée avec de nouveaux aménagements. Un pôle multimodal doit être mis en service en 2028. « Demain à cet endroit là, on doit travailler l'accès pour les voitures et pour les mobilités douces », affirme Jérôme Guillem, maire de Langon et président de la CDC Sud Gironde. Quelques dizaines de places couvertes sont prévues pour les vélos. « Mais notre collectivité n'aura pas les moyens de financer un parking vélo. On va réussir à impulser le projet, mais on doit déjà trouver des solutions autour du train du quotidien. Nous avons beaucoup moins de moyens que la Métropole ! », rappelle-t-il.

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Le déploiement des infrastructures vélo en lien avec le RER Métropolitain ne sera en tout cas pas uniforme entre la métropole et les villes desservies telles qu'Arcachon, Lesparre-Médoc, Langon ou Libourne. Comme ces agglomérations ne participent d'ailleurs pas au financement du projet, leur implication pourrait se révéler moindre pour favoriser le report modal de leurs usagers, alors que de son côté Bordeaux Métropole vient d'inaugurer le premier tronçon de ses 270 kilomètres de Réseau express vélo. La communauté d'agglomération du Bassin d'Arcachon Sud a refusé de répondre à nos questions et celle du Libournais n'a pas donné suite à nos sollicitations. Du côté de Langon, l'agglomération veut faire preuve de volontarisme à condition que la Métropole joue le jeu. « Je me battrai pour faire en sorte qu'il y ait une tarification incluant le train et les transports en commun de la Métropole », affirme Jérôme Guillem.

Maxime Giraudeau

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Commentaire 1
à écrit le 24/07/2023 à 8:11
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C'est la fuite en avant: au lieu de répartir la production dans les campagnes, augmentant la distance domicile travail, on la concentre. On va à la catastrophe énergétique...même avec le vélo

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