Un million de trajets en six mois : les chiffres contrastés du free-floating à Bordeaux

Avec un million de trajets effectués en six mois, le free-floating rencontre le succès depuis l'arrivée de la réglementation métropolitaine. Même si le déploiement n'est pas encore optimal, les opérateurs roulent sur un business contrôlé. Alors que Pony vient de lever six millions d'euros, voici un aperçu de leurs données d'exploitation.
Maxime Giraudeau
Les trottinettes sont les véhicules en libre-service les plus utilisés à Bordeaux.
Les trottinettes sont les véhicules en libre-service les plus utilisés à Bordeaux. (Crédits : DR)

Grâce a la réglementation, le nombre d'opérateurs de free-floating a été divisé par deux à Bordeaux. Le territoire métropolitain est désormais la chasse gardée de trois duos : Dott et Tier pour 750 trottinettes chacun, Bird et Pony pour autant de vélos ainsi que Yego et eDog avec 500 scooters chacun. A l'exception de ce dernier, tous officient dans d'autres villes en France et/ou dans le monde. Mais Bordeaux constitue bien un marché d'envergure, tant au regard de son potentiel que du volume d'activité déjà réalisé. Selon les chiffres compilés par La Tribune après six mois de réglementation, la barre symbolique du million de trajets effectués a été dépassée.

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La trottinette carbure en tête

Avec 250.000 trajets revendiqués pour Tier et 365.000 pour Dott, la trottinette est de loin le moyen de déplacement privilégié des usagers de la micro-mobilité. « C'est très encourageant pour la haute saison », s'enthousiasme modestement Hugo Miramon, directeur régional de Tier, alors que l'entreprise n'avait même pas atteint ce nombre de trajets en trois ans d'activité à Bordeaux.

Côté distances, les deux opérateurs avancent respectivement des trajets moyens de 2,2 et 2,8 kilomètres. Des parcours qui peuvent monter à 4 kilomètres et plus sur des communes de première couronne comme Floirac et Lormont. « Il y a encore très peu de véhicules sur ces communes, le potentiel est énorme », convoite Manon Pagniez, directeur de Dott France.

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Les trottinettes sont encore majoritairement stationnées sur la ville de Bordeaux, comme ici place Gambetta et place des Quinconces. (crédits : PC et MG / La Tribune)

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Le vélo pas encore en roue libre

Ce sont deux opérateurs habitués aussi bien à s'affronter qu'à se partager les marchés métropolitains. Bird et Pony, tous deux d'envergure nationale, présentent des résultats étonnamment opposés, à l'avantage du second. Sans donner d'estimation, Pony déclare que ses vélos, simples et doubles, sont utilisés 3 à 4 fois par jour. Soit un potentiel de plus de 60.000 trajets mensuels à Bordeaux. « 70 % de nos utilisateurs ont déjà fait un trajet à deux [selon une étude interne menée en janvier, ndlr]. Dans un contexte concurrentiel, avoir un vélo deux places nous donne un avantage », illustre Guillem Leroux, responsable des relations publiques de Pony.

Le champion français de la micro-mobilité ?

L'opérateur français Pony a annoncé fin avril une levée de fonds de six millions d'euros, bouclée notamment avec le fonds d'investissement Aquiti Gestion et d'autres acteurs régionaux. Cette nouvelle étape doit permettre à la société qui a déjà décuplé son chiffre d'affaires en trois ans de chasser les marchés dans les villes françaises et belges de plus de 50.000 habitants. L'opérateur est déjà le numéro un français de la micro-mobilité avec des implantations dans quinze villes à travers le pays. Pony dispose notamment d'un entrepôt à Bordeaux, où officient ses équipes marketing et conception, soit une trentaine de personnes. Le siège social est à Angers mais les principales activités sont partagées avec l'antenne bordelaise.

En face, Bird, avec seulement 50.000 trajets en six mois, semble avoir quelques problèmes de dérailleur. L'opérateur n'a déployé que 600 des 750 vélos autorisés. Le reste se fera de façon progressive. « Nous ne voulons pas être dans la précipitation », tempère Anissa Fersi, directrice des affaires publiques de Bird. En moyenne, les cyclistes du free-floating parcourent 2,5 kilomètres selon les chiffres communiqués.

La grosse cylindrée devant le jeune chien fou

Les deux opérateurs de scooters sont diamétralement différents. Le premier, Yego, existe depuis 2016 et déploie ses engins dans 8 villes en France et en Espagne. Malgré une mise en service partielle de son parc autorisé (500 véhicules) sur seulement 10 communes, la société revendique 40.000 allées et venues par mois, soit 240.000 trajets depuis novembre. L'autre opérateur, eDog, en est bien loin. Cette toute jeune entreprises bordelaise, lauréate surprise de la régulation métropolitaine, ne communique pas son nombre total de trajets mais dit être bien en-dessous de son concurrent. Pour combler son manque de visibilité, eDog multiplie les partenariats avec des lieux iconiques de Bordeaux (Théâtre Fémina, Cité du Vin...). Côté rentabilité, « on est dans les clous », promet Jean-David Mora, président d'eDog.

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En revanche, le jeune opérateur, qui a choisi le dogue de Bordeaux comme emblème, remporte l'avantage sur les distances des trajets, en disant atteindre les 6,7 kilomètres de moyenne. Un chiffre qui s'explique par la stratégie très périurbaine appliquée par eDog, qui n'officie qu'à Bordeaux. Son concurrent Yego, encore concentré sur la ville centre, annonce lui un trajet moyen de 3,9 kilomètres. « Nous préférons prendre le temps d'échanger avec les communes avant de nous y déployer », explique Clément Lauze, responsable des affaires publiques de Yego. Mais ce retard à l'allumage pourrait être à la faveur d'eDog à terme dans les villes de première et deuxième couronne.

Maxime Giraudeau

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