RER métropolitain : après les annonces de Macron, Bordeaux attend les financements

« Heureusement qu'on ne l'a pas attendu pour se mettre au travail », ironise Renaud Lagrave. Le vice-président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge des transports n'est visiblement pas convaincu par les annonces surprises d'Emmanuel Macron sur la création de RER dans dix métropoles. Il faut dire que dans l'agglomération bordelaise la concertation sur ce projet déjà sur les rails s'est achevée le 25 novembre dernier ! « Nous l'accueillons à bord avec plaisir », ajoute Alain Anziani, le président de Bordeaux Métropole, espérant un soutien financier supplémentaire pour ce projet à près d'un milliard d'euros.
Les voies ferrées au sud de la gare Saint-Jean, à Bordeaux.
Les voies ferrées au sud de la gare Saint-Jean, à Bordeaux. (Crédits : PC / La Tribune)

En Gironde, le projet de RER métropolitain s'articule autour de trois dessertes en TER transversales, fiables et sans changement de train à Bordeaux Saint-Jean. Pas de nouvelles voies ferrées donc, mais deux nouvelles gares au Bouscat et à Talence, des lignes de car express et des horaires revus et cadencés. Prolongée de sept jours, la concertation publique sur ce projet qui s'étale jusqu'à l'horizon 2030 s'est achevée vendredi 25 novembre. Au total, ce projet de remise à niveau des TER concerne 300 km de lignes et 54 gares pour un potentiel de 38.000 voyageurs par jour.

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Autant dire que les annonces sorties du chapeau du chef de l'Etat, seulement deux jours plus tard, ne manquent pas de surprendre voire d'agacer les parties prenantes locales. « Je veux qu'on se dote d'une grande ambition nationale : dans dix grandes agglomérations, dans dix métropoles françaises, de développer un réseau de RER un réseau de trains urbains », a déclaré Emmanuel Macron, ce 27 novembre sur Youtube, se contentant de donner cet objectif sans fixer de calendrier ni chiffrer les investissements nécessaires. Et visiblement sans avoir pris le temps de regarder ce qu'il se fait déjà sur le terrain.

A Bordeaux, le projet de RER, évalué à au moins 700 millions d'euros, et probablement autour du milliard, associe en effet depuis plusieurs années l'Etat, la Nouvelle-Aquitaine, la Gironde, Bordeaux Métropole, la SNCF et Nouvelle-Aquitaine Mobilités. Et pour Renaud Lagrave, le vice-président (PS) de la Région en charge des transports, c'est bel et bien l'agacement qui prend le dessus :

« Heureusement qu'on ne l'a pas attendu pour se mettre au travail à Bordeaux ou Pays basque, sinon on en serait toujours au point zéro sur ces RER métropolitains ! Cela montre une méconnaissance de la réalité de ce qu'il se passe sur le terrain et c'est assez inquiétant parce qu'à Bordeaux le RER, il a démarré, il fonctionne même si bien sûr beaucoup reste à faire. »

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Rien sur le financement

Et l'élu landais de poser la question des financements de l'Etat sur ces projets coûteux d'infrastructure. En 2019, Elizabeth Borne, alors ministre des Transports, avait bien promis un schéma directeur national des RER métropolitains et SNCF Réseau l'avait remis au gouvernement un an plus tard. « Mais rien n'a changé depuis, notamment parce qu'il n'y a pas eu de financement ! A la place de ses annonces stratosphériques, j'aurais préféré que le chef de l'Etat annonce une TVA à 5,5 % sur le train ou l'attribution aux régions d'une part du versement transport, cela aurait été plus efficace et plus concret ! », juge Renaud Lagrave.

Du côté de Bordeaux Métropole, particulièrement concernée par le projet, le son de cloche est proche mais si l'approche est plus diplomatique. « L'annonce du Président de la République est naturellement bienvenue. Bordeaux Métropole n'a pas attendu pour donner une réalité au RER métropolitain. Nous l'accueillons à bord avec plaisir », écrit ainsi Alain Anziani, le président (PS). Pour le patron de l'agglomération, c'est surtout du côté du financement que le chef de l'Etat sera, de fait, le bienvenu pour apporter une pierre espérée conséquente à l'édifice :

« Le nombre de trains a déjà été augmenté mais des progrès restent à faire et nécessitent de lourds investissements, notamment pour l'aménagement des gares. L'Etat et la Région Nouvelle-Aquitaine sont impliqués financièrement. L'enveloppe globale pèse près d'un milliard d'euros avec des surcoûts déjà identifiés. Nous pouvons espérer que l'annonce d'Emmanuel Macron [...] permettra un soutien financier supplémentaire », ajoute ainsi Alain Anziani, qui plaide également pour des procédures simplifiées pour mener les études et les travaux de ces projets de mobilité décarbonée.

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L'association Régions de France est sur la même ligne, demandant à l'Elysée « des engagements rapides à la hauteur des annonces ». Plus concrètement, les Régions souhaitent que ces projets de RER métropolitains figurent noir sur blanc dans les contrats de plan Etat-Régions et fassent l'objet de mandats de négociation, donnés aux préfets.

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