Valeco met en chantier une vaste centrale solaire flottante en Lot-et-Garonne

46.000 panneaux solaires flottants entreront en service en 2026. Valeco a lancé le chantier de la centrale flotovoltaïque de Durance, à l'ouest d'Agen, sur le plan d'eau d'un ancien site industriel. Ce développeur montpelliérain vient aussi de mettre en service une centrale solaire classique sur 33 hectares en Charente et porte deux autres projets en Gironde et au Pays basque.
Vue indicative du projet de centrale solaire flottante développé par Valeco à Durance (Lot-et-Garonne).
Vue indicative du projet de centrale solaire flottante développé par Valeco à Durance (Lot-et-Garonne). (Crédits : Valeco)

Il n'y a pas de promeneurs ni de base nautique sur ce lac artificiel de 28 hectares, situé à Durance dans la forêt des Landes de Gascogne, à 50 km à l'ouest d'Agen (Lot-et-Garonne). Ce plan d'eau privé, héritage d'une activité d'extraction de sable, est la propriété de l'entreprise Sibelco et interdit au public. Un espace parfait ou presque pour accueillir des panneaux solaires alors que le foncier disponible se fait rare sur la terre ferme. Le développeur d'énergies renouvelables Valeco a saisi l'occasion et vient d'y donner le coup d'envoi d'une centrale solaire flottante de 46.000 panneaux photovoltaïques. De quoi revendiquer le titre de plus grande centrale flotovoltaïque de Nouvelle-Aquitaine dotée d'un permis de construire. Avec une puissance de 19,8 MW, elle devancera en effet nettement les 2,9 MW de la centrale opérée par Sergies dans la Vienne depuis septembre 2020 alors même que les projets solaires flottants se comptent encore sur les doigts d'une main mais devraient se multiplier dans le Sud-Ouest.

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La centrale de Durance, capable d'alimenter à l'horizon 2025/2026 l'équivalent de 12.700 habitants, sera la première de ce genre développée par Valeco, un producteur montpelliérain devenu une filiale de l'Allemand EnBW en 2019.

"Nous travaillons depuis 25 ans dans les énergies renouvelables et nous aimons ouvrir la voie. Ce serait évidemment plus simple de construire sur le sol mais l'Etat nous incite à raison à mobiliser les anciens sites industriels, c'est le cas de ce projet", explique à La Tribune François Daumard, le président de Valeco.

De quoi alimenter près de 13.000 habitants

Malgré un "surcoût bien réel à la fois lors de l'investissement et tout au long de la maintenance", ce type de centrale développée sur d'anciens sites industriels, trouve une rentabilité. "Les technologies évoluent et la réverbération flottante permet d'imaginer des panneaux solaires double-face qui génèrent plus d'énergie tandis que l'eau permet de refroidir naturellement les panneaux et donc d'améliorer leur efficacité", pointe le dirigeant de Valeco.

Compte-tenu des délais de raccordement, la centrale ne devrait pas être opérationnelle avant 2025/2026 ce qui laisse du temps à l'opérateur pour sélectionner ses fournisseurs. "Pour les flotteurs nous devrions retenir une entreprise européenne voire française mais pour les modules photovoltaïques on n'a pas encore réellement de filière en Europe. Sauf à ce que cela change dans les deux ans, ce n'est pas être pessimiste de dire que nous devrions nous fournir en Chine ou en Asie", précise François Daumard. Situés à plus de 10 mètres des berges, les panneaux recouvriront 55 % de la surface du lac. Une étude environnementale préalable et un suivi dans le temps de l'impact de la centrale sur l'écosystème local sont prévus, conformément à la règlementation.

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Quoi qu'il en soit, avec cette nouvelle centrale flottante, les collectivités riveraines - Durance et la communauté de communes des Coteaux et Landes de Gascogne - pourront compter sur 170.000 euros de nouvelles recettes fiscales annuelles pendant une trentaine d'années. Ce projet "permet à la fois d'optimiser un site dégradé et de contribuer, à notre échelle, à rehausser la part d'énergie décarbonée dans notre mix énergétique. Comme l'électricité va toujours au chemin le plus court, l'énergie produite sur place [...] bénéficiera directement aux habitations environnantes", salue Raymond Girardi, le président de l'intercommunalité.

Une présence croissante en Nouvelle-Aquitaine

Pour Valeco, qui emploie près de 250 salariés dont une quinzaine à Bordeaux, cette première centrale flottante en appelle d'autres dont un projet dans les Pyrénées-Atlantiques. Plus au Nord, l'entreprise vient aussi de mettre en service une centrale photovoltaïque classique à Bors-de-Montmoreau, à 40 km d'Angoulême (Charente). Un projet de grande ampleur - une surface de 33 hectares pour une puissance de 30 MW - qui a mis dix ans à se concrétiser. Situé sur un terrain agricole et non éligible aux tarifs réglementés de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), il a finalement trouvé son salut dans un PPA (power purchase agreement), c'est-à-dire un contrat d'achat direct signé pour dix ans avec un gros industriel français.

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Enfin, une autre centrale d'une puissance de 20 MW est également dans les tuyaux dans le sud de la Gironde, à Saint-Léger-de-Balson, tout proche de Landiras, le théâtre d'importants incendies en juillet puis à nouveau en septembre. Mais, là encore, malgré un permis de construire obtenu, les différentes autorisations administratives prennent énormément de temps mêlant parfois des injonctions et délais contradictoires, selon François Paumard :

"Développer des énergies renouvelables c'est un métier qui apprend la patience et l'incohérence ! L'Etat nous demande de mettre des cols roulés parce qu'on risque de manquer d'électricité cet hiver et, en même temps, des projets rapidement opérationnels de production d'électricité renouvelables sont bloqués pour des détails purement administratifs", soupire-t-il.

Valeco qui affiche un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros disposera au 31 décembre 2022 de 700 MW de puissance installée en France dont environ 75 % d'éolien terrestre et un quart de photovoltaïque.

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