Horizeo : les incendies remettent-ils en cause le projet de centrale solaire géante ?

Les incendies qui ont marqué l'été girondin vont-ils contraindre le projet Horizeo à revoir sa copie ? A l’heure où s’ouvre la concertation sur ce parc photovoltaïque de 1.000 hectares, les feux vont assurément alimenter les débats. S'il n’est pas question de déplacer le projet situé non loin de Landiras, les maîtres d'ouvrage affirment vouloir tirer toutes les leçons des incendies.
Le projet de centrale solaire Horizeo est situé à 20 km de Landiras et d'Hostens (en photo), ou les incendies de l'été ont brûlé des milliers d'hectares de végétation.
Le projet de centrale solaire Horizeo est situé à 20 km de Landiras et d'Hostens (en photo), ou les incendies de l'été ont brûlé des milliers d'hectares de végétation. (Crédits : Agence APPA)

Le projet de production d'électricité photovoltaïque Horizeo, qui prévoit de s'étendre sur 1.000 hectares à Saucats, en Gironde, suit son cours. Après les modifications apportées par Engie et Neoen à l'issue du débat public, la Commission nationale du débat public a pris acte, le 6 juillet, de leur réponse. Elle reconnaît leur rigueur dans les précisions apportées point par point aux questions et propositions mises en avant pendant le débat public tout en listant de nouvelles recommandations. A cette même date, deux garants ont été nommés avec pour mission de vérifier les engagements des maîtres d'ouvrage, notamment en matière de risque ou de gouvernance élargie.

Lire aussiHorizeo : le projet de centrale solaire géante face aux seize recommandations du débat public

Pas de remise en cause du projet

Mais depuis, la Gironde a été touchée par les incendies d'une ampleur inédite, avec au total 32.000 hectares partis en fumée dont 22.000 hectares dans le secteur de Landiras, à une vingtaine de kilomètres de Saucats. Cette catastrophe est-elle de nature à changer la donne du projet ? Sa taille va-elle être repensée, sa répartition revue ?

"Ces événements ne remettent pas en cause le projet mais ils vont assurément alimenter la réflexion. Le risque incendie en milieu forestier a toujours été présent et ces incendies mettent en lumière des enjeux soulevés pendant le débat public, à ceci près qu'il était question d'incendies pouvant venir des parcs solaires alors que les feux de Landiras et de La Teste sont partis de la forêt", réagit Mathieu Le Grelle, porte-parole du projet Horizeo, interrogé par La Tribune.

Lire aussi« Ces grands incendies témoignent du dérèglement climatique et produisent de la casse sociale »

Pour autant, une réglementation existe. "Le Sdis [service départemental d'incendie et de secours] et la DFCI [défense des forêts contre les incendies] ont établi des prescriptions en matière de défense incendie et de protection des parcs solaires. Les obligations légales de débroussaillement prévoient un périmètre de sécurité de 50 mètres autour de toute installation. Cela a été renforcé pour les parcs solaires", rappelle Mathieu Le Grelle qui précise qu'Engie développe des projets en milieu forestier depuis douze ans dans le Sud Ouest de la France.

Les porteurs de projet sont en revanche en attente d'un retour d'expérience des services de l'Etat et de la DFCI notamment. Il s'agit en particulier d'approfondir la question de l'utilisation possible des panneaux comme points d'appui des hommes du feu. Pour rappel, le parc solaire de Saint-Magne a été touché par les incendies de ce été. "Nous n'avons pas encore eu cette phase d'échange avec la DFCI. Il s'agira de sortir des conclusions", reconnait Mathieu Le Grelle.

Pas de délocalisation envisagée

Concernant la question d'une possible délocalisation du site vers une zone moins exposée aux feux de forêt, Mathieu Le Grelle annonce qu'il n'y a pas de réflexion en ce sens. Et de rappeler que pour imaginer un projet de parc photovoltaïque, "plusieurs étapes sont indispensables et incompressibles". Il y a d'abord l'analyse foncière pour identifier les parcelles qui se prêtent à un tel développement, en fonction de la topographie et des possibilités de raccordement notamment. Il y a ensuite la phase de contact avec les propriétaires puis les études environnementales et techniques.

"Il pourrait être judicieux de réfléchir à des projets sur des parcelles incendiées, mais ce serait un projet très différent, avec d'autres enjeux et un autre calendrier", considère Mathieu Le Grelle.

En matière de calendrier, la concertation doit justement débuter cet automne à Saucats avec plusieurs temps d'échanges : des ateliers, des rencontres publiques, des permanences. Le dépôt des demandes d'autorisation est ensuite envisagé au printemps 2023. Il sera suivi par une période d'instruction puis une enquête publique. Les porteurs du projet Horizeo envisagent toujours une mise en service de cette centrale solaire géante en 2026 pour un montant de l'ordre du milliard d'euros et une capacité permettant de couvrir la consommation annuelle en électricité de 740.000 personnes, selon Engie. "D'ici là, l'objectif consiste à proposer un projet Horizeo acceptable pour le territoire, le plus concerté et le plus accepté possible", insiste Mathieu Le Grelle. Dans tous les cas, c'est l'Etat qui tranchera.

Lire aussiIncendies et sinistres : « Il y a tout un pan juridique à imaginer »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.