Experte de la lutte contre les erreurs médicamenteuses, Eurekam est rentrée dans 100 établissements de santé et détient, en France, 25 % de part de marché dans la sécurisation des poches de chimiothérapie. Mais la société rochelaise est décidée à aller plus loin. Elle vient ainsi de lever 6,4 millions d'euros auprès d'Impact Partners. Son ambition : se diversifier et attaquer le marché nord-américain.

Se diversifier en France dès 2023

"La chimiothérapie a été le premier secteur d'activité dans lequel nous nous sommes développés. Nous sommes précisément nés dans cet univers", rappelle Loïc Tamarelle, co-fondateur de la société en 2012 aux côtés de Benoît Le Franc, pharmacien à l'hôpital de La Rochelle. Eurekam a depuis travaillé sur la vaccination contre le Covid-19 à un moment où plusieurs vaccins étaient sur le marché avec chacun leurs spécificités de préparation, mais vise désormais les secteurs de la pédiatrie, de l'anti-douleur, de l'anesthésie et de la réanimation.

Lire aussiComment Certis Therapeutics veut améliorer significativement le traitement du cancer

"Pour soigner un enfant, la plupart du temps, les médicaments utilisés ont une autorisation de mise sur le marché en forme adulte, donc le préparateur doit faire des dilutions. Or, une erreur peut arriver. La pédiatrie est donc pour nous une priorité mais notre ambition est d'aller à tous les étages de l'hôpital", assure Loïc Tamarelle.

La solution développée par Eurekam, baptisée Drugcam, associe un logiciel composé de briques d'intelligence artificielle, un ordinateur et un système de caméras pour assister en temps réel le préparateur en pharmacie tout en amenant une traçabilité. "Nous fournissons un système complet qu'il s'agit de paramétrer. C'est un peu comme de l'horlogerie", confie Loïc Tamarelle.

Lire aussiAvec son application Goodmed, Synapse se pose en « Yuka du médicament »

Deux pistes pour aborder le marché nord-américain

"Pour diversifier notre activité, les bases sont les mêmes, mais les scénarios de fabrication doivent être adaptés, de même que les logiciels et le matériel", poursuit le dirigeant.

Cette diversification débutera sur le marché français dès 2023. C'est en revanche avec sa première solution dédiée à la sécurisation des poches de chimiothérapie qu'Eurekam prévoit de se lancer sur le marché américain. "Nous explorons deux pistes : la création d'une filiale ou une opération de croissance externe pour profiter d'une structure existante", explique Loïc Tamarelle qui avait déjà en tête cette expansion en 2018. Mais la crise covid a constitué un frein. "Le marché nord-américain est en revanche très réceptif à ce genre de technologie et très sensibilisé à l'erreur médicamenteuse", reconnait-il.

Eurekam déja présent en Belgique et en Allemagne entend également accélérer en Europe où elle vise l'Allemagne et l'Italie selon un modèle encore à définir. "Nous travaillons en direct avec la Belgique et avec un distributeur en Espagne où cela se passe très bien", explique Loïc Tamarelle.

Lire aussiPfizer produira en Nouvelle-Aquitaine le principe actif du Paxlovid, sa pilule anti-Covid

Des recrutements en cours

Pour atteindre ces objectifs, Eurekam qui emploie vingt personnes, entend se structurer et recruter, notamment pour renforcer l'équipe tech. "Il s'agit aussi de dimensionner l'équipe commerciale. Le développement, le déploiement et le support client sont nos trois priorités", insiste Loïc Tamarelle. Cinq recrutements sont actuellement en cours.

En 2021, Eurekam a passé la barre des deux millions d'euros de chiffre d'affaires. "À date sur les neuf premiers mois de 2022, nous sommes à +50 % de croissance !" Son modèle repose sur la vente de son système, l'installation du matériel et la formation du personnel. Le prix : 38.000 euros. L'entreprise prévoit également un abonnement annuel de maintenance.