Le marché des maisons à la campagne flambe en Nouvelle-Aquitaine

Tirés par l'explosion de l'intérêt pour les maisons à la campagne, qui suscite de nouvelles tensions, et la bonne tenue du foncier viticole, les marchés fonciers agricoles affichent de fortes hausses en surface comme en valeur, selon le bilan 2021 de la Safer Nouvelle-Aquitaine. Le nombre d'acheteurs franciliens de maisons rurales a doublé depuis 2019.
(Crédits : PC / La Tribune)

"Tous les marchés fonciers agricoles sont orientés à la hausse dans la région avec une augmentation de 20 % des surfaces en moyenne en 2021 par rapport à 2020 et même de 36 % en valeur", indique la Safer Nouvelle-Aquitaine ce jeudi 23 juin 2022 à l'occasion de son rapport annuel. Dans le détail, le marché régional atteint en effet des niveaux records avec près de 68.000 transactions (+27 %) totalisant près de 146.000 hectares (+21 %) pour 7,3 milliards d'euros (+36 %). Des résultats un peu supérieurs aux tendances enregistrées en France métropolitaine où les surfaces ont progressé de 16 % et la valeur de +33,5 %.

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"Le marché des maisons à la campagne a explosé"

Pour autant, Patrice Coutin, le président de la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural Nouvelle-Aquitaine, assure que le marché n'est pas spéculatif :

"Le prix du terrain agricole libre est stable, autour de -1 % en 2021. la forte inflation des fonciers agricoles s'explique par le fait qu'il se vend de plus en plus de biens avec du bâti, ce qui fait monter le prix de la transaction. C'est lié à la fois au renouvellement générationnel des agriculteurs et au marché des maisons à la campagne qui a explosé l'an dernier !"

Foncier agricole Safer

Cliquez sur l'image pour l'agrandir. Le niveau du marché foncier agricole en 2021 est très supérieur aux années précédents (crédits : Safer NA).

Flambée des maisons à la campagne

Signe d'une évolution des attentes des acquéreurs après les confinements sanitaires, les maisons situées en zone rurale sont en effet particulièrement prisées dans la région. Tous les indicateurs sont au vert. Le nombre de transactions a bondi de +36 % entre 2019 et 2021 pour dépasser les 24.000 unités. Les surfaces, en hausse de +40 % sur la période, suivent le mouvement, tandis que le montant total flambe de +60 % en deux ans pour atteindre 4,7 milliards d'euros. Mécaniquement, le prix moyen de l'hectare passe de 260.00 euros en 2019 à 300.000 euros en 2021 (+15 %).

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Les départements les plus prisés sont le littoral girondin et charentais mais aussi le Périgord, la Charente et la Vienne. En raison du Brexit et du Covid, le nombre d'acheteurs étrangers a diminué de -4 % entre 2019 et 2021. Mais ce léger repli est très largement compensé par le quasi-doublement du nombre d'acquéreurs franciliens (+94 % depuis 2019) et la forte hausse de ceux extérieurs à la Nouvelle-Aquitaine (+72 %). Dans le même temps, les acheteurs néo-aquitains ont aussi augmenté de +30 %.

Foncier agricole Safer

Cliquez sur l'image pour l'agrandir. L'évolution du marché des maisons à la campagne en Nouvelle-Aquitaine (crédits : Safer NA).

Des profils de cadres et de ménages plutôt aisés, d'Île-de-France ou d'ailleurs, plébiscitent ainsi des biens situés en Dordogne ou dans l'ex Poitou-Charentes, à proximité de la LGV Paris-Bordeaux, pour des résidences secondaires ou du télétravail.

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Une attractivité renouvelée qui pose d'évidents problèmes de solvabilité pour une part croissante des populations locales. "On constate une vraie problématique pour les ménages locaux ou les personnes qui souhaitent s'installer pour développer une activité économique ou agricole et qui sont contraintes de partir ou de s'éloigner. Ce segment de marché n'est plus sous-contrôle et c'est aussi un problème pour loger la main d'œuvre agricole qui vient donc à manquer", alerte Patrice Coutin, de la Safer.

Soutien aux jeunes agriculteurs

Pour lutter contre ce phénomène, la Safer a des missions de préservation du foncier agricole et de soutien à l'installation de jeunes agriculteurs alors que le tissu agricole régional fait face à un défi démographique sans précédent. L'an dernier, 7.400 hectares ont ainsi été attribués à 550 jeunes agriculteurs en cours d'installation. La société a reçu près de 3.400 nouvelles demandes de porteurs de projets, ce qui constitue plus du double de demandes déposées en 2019, avant la crise sanitaire.

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Enfin, une bonne nouvelle dans ce contexte inflationniste, les surfaces de terres agricoles artificialisées par des acteurs privés ou des collectivités locales est tendanciellement en baisse significative. Ainsi, quand autour de 7.000 hectares étaient artificialisés chaque année à la fin des années 2000, la moyenne annuelle se situe depuis trois ans autour de 4.000 hectares.

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