Nouvelle-Aquitaine : huit startups pour imaginer le tourisme de demain au sein de Tipi 535

Plus durable, plus numérique, plus coopératif, plus local ? Quels seront les visages du tourisme d'après les restrictions sanitaires ? Créé il y a 18 mois au sein d'ADI Nouvelle-Aquitaine, le Tourisme Lab tente d'y voir plus clair en tissant des liens entre les acteurs. Pour anticiper et préparer les futurs usages, huit startups viennent d'être retenues dans son nouvel incubateur Tipi 535, dédié aux innovations touristiques.
Saint-Emilion et son vignoble restent une valeur sûre du tourisme en Nouvelle-Aquitaine ce qui n'empêche pas les acteurs touristiques régionaux d'interroger leurs pratiques.
Saint-Emilion et son vignoble restent une valeur sûre du tourisme en Nouvelle-Aquitaine ce qui n'empêche pas les acteurs touristiques régionaux d'interroger leurs pratiques. (Crédits : PC / La Tribune)

Selon le secrétaire d'État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, "l'année 2020 a été un choc, c'est plus de 60 milliards d'euros de recettes qui manquent à l'appel pour le tourisme français", soit un tiers du chiffre d'affaires réalisé en 2019. Avec la pandémie de Covid-19 et les confinements successifs, les recettes domestiques ont chuté de 29 milliards d'euros et celles générées par les voyageurs internationaux de 32 milliards. Le bilan dressé lors des 17e Rencontres nationales du e-tourisme, qui se sont tenues en octobre dernier à Pau, est rude et plaide sans détour pour "une modernisation du secteur et une adaptation à l'évolution des pratiques et des besoins des touristes."

"Le fil rouge, c'est l'innovation"

Deux pistes explorées depuis bientôt 18 mois par le Tourisme Lab, créé au sein d'ADI Nouvelle-Aquitaine. "Cette structure dédiée s'adresse à toutes les entreprises et acteurs touristiques : les startups, les PME comme les grands comptes. Le fil rouge c'est vraiment l'innovation", promet Marion Oudenot-Piton, la chargée de mission industrie des loisirs au sein d'ADI, qui pilote le Tourisme Lab avec Manon Cosson. Mais de quoi parle-t-on concrètement dans un marché constitué à 90 % de PME ? "L'objectif est de partir des problématiques métiers exprimées par les professionnels du tourisme pour imaginer et proposer des solutions. Nous accompagnons les entreprises et nous mettons en relation les différents acteurs dans un secteur très fragmenté, très spécialisé et avec beaucoup d'intermédiaires", précise à La Tribune Marion Oudenot-Piton. La structure vient d'ailleurs de décrocher une subvention européenne pour le projet Digitour porté avec des partenaires de huit autres pays européens pour distribuer des chèques-innovation visant à financer des formations et autres projets collaboratifs.

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Huit startups accompagnées

Et en ce mois de janvier 2022, la démarche du Tourisme Lab se matérialise un peu plus avec l'annonce de la première promotion de huit startups retenues pour intégrer Tipi 535 (pour Tourisme innovant, projets inspirants). Ce nouvel incubateur dédié au tourisme est lancé en partenariat avec Unitec, La Rochelle Technopole et la Technopole Hélioparc avec le soutien de La Cité du Vin, de Siblu, de l'UCPA et de SNCF TER Nouvelle-Aquitaine.

Les huit lauréats, tous néo-aquitains, ont été retenus parmi 35 candidatures par le jury composé d'ADI et de ses partenaires. "La dimension innovante mais aussi la question de la problématique métier, du marché potentiel de la solution et de l'intérêt suscité auprès des membres du jury ont primé dans le choix des lauréats", précise Marion Oudenot-Piton.

  •  CibleR : créée en 2015, cette plateforme fintech bordelaise, pilotée par Erwan Simon, un ancien de Cdiscount, propose à ses clients des solutions pour mieux toucher leurs clients et futurs clients, notamment par le biais d'offres promotionnelles. En l'occurrence, CibleR proposera aux collectivités, commerçants et opérateurs touristiques la mise en place d'actions commerciales solidaires via une "carte cadeau du tourisme gratuite et sans commission".
  • Food index for good (FIG) : cette association a élaboré un outil permettant aux restaurateurs d'établir un diagnostic d'éco-responsabilité de leur activité et d'identifier des pistes pour l'améliorer. C'est Elise Baron qui porte le projet.
  • SweetRoute : Cette plateforme portée par Guillaume Lorette entend proposer "des itinéraires uniques et dépaysants vers des hébergements insolites et des sites touristiques" en favorisant différents critères : mobilités douces, tourisme lent, nature, etc.
  • Les Sentiers de la Mer : mettre en relation des randonneurs du littoral français avec des plaisanciers propriétaires de voiliers pouvant servir d'hébergement en demi-pension et de bons conseils : c'est l'objectif de cette développée par Joseph Durand, David Fily, Ian Fournier, Sophie Fournier et François Watine.
  • Room in Touch : cette solution propose aux hôteliers un livret d'accueil numérique permettant au client d'accéder, via un QR code, à toutes les informations sur son séjour, sa chambre, le room service, la conciergerie, la possibilité de donner son avis, etc. Un projet porté par Sylvain Galtier.
  • SKEP cible les utilisateurs de vans, toujours plus nombreux sur les routes françaises et européennes, en proposant "un porte-matériel qui offre accessibilité, modularité, grande capacité d'emport et sécurité". Théo Leali et Pascal Bernard sont derrière ce produit.
  • Toog met en relation les professionnels des loisirs et du tourisme souhaitant proposer des créneaux en heures creuses à prix réduit, et les particuliers qui recherchent une activité au dernier moment. "Des bons plans à prix réduit près de chez soi et plus de visibilité pour les professionnels", fait valoir Benjamin Gueroui, le porteur de projet.
  • Trippez est une plateforme collaborative, développée par Alexandre Plougonven et Benoit Tauty, autour de la location de matériel de sport et de loisir pour mettre en relation des particuliers avec d'autres particuliers et des particuliers avec des professionnels.

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A compter du mois de février, les huit lauréats bénéficieront d'un accompagnement d'un an pour travailler à la structuration de la solution, la qualification du marché, la construction du business plan, la recherche de partenaires. S'y ajoute un module spécifique apporté par le Tourisme Lab et ses partenaires constitué de trois sessions de trois jours pour aborder des enjeux sectoriels tels que le droit du tourisme, les grandes tendances de la filière ou encore la mise en relation avec les acteurs du tourisme en Nouvelle Aquitaine.

Des projets déjà testés sur le terrain

Le Tourisme Lab accompagne par ailleurs deux expérimentations de solutions innovantes déployées sur le terrain par des entreprises pendant l'été 2020 et 2021 :

  • A l'issue d'un appel à idées mené avec le GIP Littoral, la solution Maplage.info, développée par l'entreprise Iris Interactive, entend par exemple centraliser et numériser les informations liées aux destinations "plage". La plateforme collecte et croise des données variées (température et qualité de l'eau, météo, affluence, couleur du drapeau, sécurité, règlementations, services pratiques, stationnement, etc.) pour les mettre à disposition des usagers sur une application mobile ou en API sur différents supports gérés par les collectivités et autres offices de tourisme. Le service a été testé sur les 17 plages de l'île d'Oléron avec la communauté de communes et l'expérimentation sera renouvelée en 2022.
  • De son côté, l'Agence d'attractivité et de développement touristiques Béarn Pays Basque (ADT 64) a retenu, avec le Tourisme Lab, la solution de l'entreprise Hupi pour mieux gérer et répartir les flux touristiques en zone de montagne en haute-saison. Le regain d'intérêt pour la montagne constaté en 2020 et 2021 a en effet entraîné des impacts importants sur la préservation de certains sites dans les Pyrénées pas calibrés pour accueillir autant de monde. Là encore, les tests seront renouvelés cet été.

"Dans les deux cas, il faut encore affiner les problématiques de remontée de l'info au bon moment et vers les bonnes personnes", précise Marion Oudenot-Piton. Une troisième expérimentation sera lancée prochainement avec la Cress, ATIS et l'Unat pour favoriser les circuits de réemploi de textile et de mobilier dans les hébergements de tourisme social.

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